Il y a quelque chose d'assurément unique dans la proposition d'Étienne Saglio qui nous convie à découvrir ses monstres. Seul en scène, n'usant que de quelques onomatopées tout au long de l'heure qu'il passe avec nous, dans une esthétique que n'aurait pas renié Tim Burton, il happe notre attention presque subrepticement. Au début, on hésite, on peine à saisir ce portrait intimiste, en noir et gris, la semi-obscurité dans laquelle la scène est plongée se révélant essentielle pour semer le trouble, les questionnements, l'émerveillement. Ici: pas de lapins qui sortent du chapeau du magicien, mais des bouts de tuyaux d'aération qui prennent vie, autant d'animaux mythiques qui, malgré leur teneur, semblent pourtant dotés d'une réelle personnalité. Il faut voir l’illusionniste convaincre l'anodine pièce de métal de sauter d'une demi-cage à une autre pour s'en convaincre.
Alors que Krin Haglund use sans vergogne de son charme et de son sens de l'humour décalé dans The Rendez-vous, ici, l'approche se fait plus doucement, comme si Saglio nous ouvrait non seulement la porte de son atelier jonché d'objets (tous récupérés), mais de son univers onirique, fortement poétique, volontairement hivernal (l'idée du spectacle est d'ailleurs née par une froide nuit à Stockholm et on le ressent assurément), qui n'est pas tant effrayant qu'intrigant.
Même si l'interprète a dédié le spectacle aux monstres sous nos lits avant de quitter la scène, je doute que les cauchemars aient pollué la nuit de ceux présents hier soir au Théâtre Outremont. Ils auront sans doute préféré se joindre au vol de ces oiseaux conçus à partir des balles de métal que le praticien de la nouvelle magie fabrique devant nos yeux. Inutile de chercher à comprendre comment sont créées les illusions. Il suffit de les laisser nous habiter.
Ce soir et demain au Théâtre Outremont...
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