vendredi 4 septembre 2009

Tarmac


J'avais beaucoup aimé Nikolski, premier roman de Nicolas Dickner et l'avais même offert en cadeau à un ami français, curieux de connaître la littérature québécoise. Je fréquente aussi de façon régulière (si non assidue) son blogue sur Voir et apprécie le ton des chroniques, entre réflexion profonde et capture d'instants du quotidien.

Bien sûr, on peut établir certains parallèles entre Nikolski et Tarmac: les protagonistes sont jeunes et hors norme, une certaine présence du large imprègne le propos, la narration se veut fragmentée. Là encore, on fait face à une histoire atypique, qui s'amorce à la même époque (1989). Il serait pourtant inutilement réducteur de considérer l'un comme le prolongement de l'autre.

Avec un doigté remarquable, Dickner nous plonge en quelques pages à peine dans une histoire rocambolesque, dans laquelle Hope, en digne héritière des Randall, attend « la » révélation, celle de la fin du monde. Calculs, approximations, appel au hasard: tous les coups sont permis. Cerner la date la ronge, mais en même temps se révèle un moteur puissant de son affranchissement vers l'âge adulte, qui la mènera de la Nouvelle-Écosse à Rivière-du-loup à New York et Tokyo. Le ton reste caustique, légèrement décalé mais toujours profondément savoureux. On se surprend à plusieurs reprises à sourire en coin et parfois même à rire presque jaune, au souvenir de cette fièvre cataclysmique qui a habité la fin du précédent millénaire.

Depuis Nikolski, l'auteur a fait ses devoirs. Les fils qui paraissaient alors lâches ont été resserrés et on se sent porté, presque malgré soi, vers la conclusion du livre. On regrettera peut-être quelques vagues longueurs dans la partie japonaise du périple mais il serait tout à fait inutile de bouder son plaisir. Certes, les esprits trop rationnels devront laisser certains de leurs préjugés au vestiaire. Les autres apprécieront l'humour bien particulier, la maîtrise du récit et l'effervescence de cet univers unique.

3 commentaires:

Karine:) a dit…

Tentant tout ça... sauf que bon, je lis "fin du monde" et même avec humour, je ne suis pas du tout certaine!!

Lucie a dit…

Ce n'est jamais transmis de façon tragique et, en même temps, on est loin de Raël et des autres illuminés du genre. Je le vois plus comme la métaphore de la quête d'une vie, de se trouver un but. Si tu as aimé Nikolski, tu devrais aimer celui-ci aussi je pense.

Venise a dit…

Difficile de ne pas aimer Tarmac. En fait, je cherche encore la mauvaise critique non nuancée à propos de cette histoire où on embarque, presque malgré soi.