mercredi 8 septembre 2010

La trajectoire

Il est Français, rêve de farniente en Espagne mais, par amour, il se retrouve au Québec avec femme et enfant. La trajectoire raconte de l'intérieur - l'auteur, Stéphane Libertad, a adopté les hivers de neige il y a quatre ans - l'histoire d'une immigration, certes, avec les ajustements que le geste exige, mais surtout, l'acceptation de l'approche de la quarantaine et les défis de la paternité quand on voudrait pouvoir s'extraire du quotidien pour écrire.

Il pose un regard sans concession aussi bien sur sa mère-patrie que sur celle d'adoption, intégrant ici et là sacres québécois et patois français. Il se lamente bien sûr sur nos hivers mais il essaie aussi de mieux saisir les rouages d'une structure familiale tricotée serrée, qui multiplie festivités du calendrier (ses descriptions des réveillons de Noël gargantuesques et autres libations excessives causent presque des brûlements d'estomac tellement elles sont caustiques) et rendez-vous improvisés. Il réfléchit surtout à une certaine masculinité, à la fois heureuse d'assumer ses droits et privilèges de père (le récit des semaines passées à soutenir son poupon aux soins intensifs respirent la tendresse) mais bien évidemment tiraillée par les contraintes que celle-ci exerce sur un processus créateur qui requiert une certaine liberté de mouvement, sinon d'esprit.

L'auteur n'hésite pas à égratigner au passage convenances sociales, tics de société ou à partager l'agacement envers une vie de couple pourtant choisie. Même si directe, l'écriture n'est pas dépouillée d'une grande souplesse, ce qui à la fois nous questionne et nous convainc sans peine de poursuivre notre lecture. L'auteur saura-t-il être aussi efficace en abordant un sujet qui le touche d'un peu moins près? Je serai très tentée de le découvrir.

J'en profite pour souligner au passage le virage pris par la collection Hamac de Septentrion qui mise maintenant sur des photos soignées plutôt qu'une couverture plus dépouillée pour attirer l'œil du lecteur. L'objet devient tout à coup plus incarné dans une certaine contemporanéité ma fois fort attrayante.

4 commentaires:

Venise a dit…

Je t'avoue qu'heureusement qu'il y a l'indice des étoiles, trois en l'occurrence, sinon j'arrivais difficilement à détecter jusqu'à quel point tu avais apprécié.

Je suis d'accord avec toi pour les couvertures, ça a attire l'oeil. Bon changement.

Lucie a dit…

Ce n'est peut-être pas un coup de cœur mais, vraiment, j'ai beaucoup aimé le propos et le style de l'auteur.

Caroline a dit…

J'avais repéré ce titre dans la rentrée de la collection Hamac, attirée par le sujet. Ton billet me confirme qu'il faut que je me le procure !

Comme Venise et toi, j'apprécie les nouvelles couvertures de cette collection. Très chouettes !!

Lucie a dit…

Surtout pour une Québécophile comme toi, je pense que tu aimeras ;-)