À quelques
jours de l’ouverture de la 37e édition du Salon du livre de Montréal
(qui se tiendra du 19 au 24 novembre), difficile de se réjouir. Oui, bien sûr,
des centaines d’auteurs sont attendus, désireux d’établir un contact direct
avec leurs lecteurs. Les gros noms y côtoieront nombre de primoromanciers, dont
notre Recrue ce mois-ci, François Racine, auteur de Truculence, qui sera en séance de signatures jeudi le 19 en soirée
et samedi le 22 en fin d’après-midi. Mais il y aura un grand absent, La courte
échelle, le populaire éditeur jeunesse (qui ne néglige pas pour autant la
littérature pour adultes), qui a dû récemment se mettre sous la loi de la
protection de la faillite.
Au moment
d’écrire ces lignes, on ne sait toujours pas si un acheteur sérieux pourra
sauver la mise. Malgré les remous suscités, les prises de position tranchées, nombre
de livres restent prisonniers sous scellés et, bien sûr, les auteurs ne sont
pas payés, la Loi fédérale sur la faillite et l’insolvabilité ayant
préséance sur la loi provinciale sur le statut professionnel des artistes. Les
auteurs risquent donc non seulement de ne pas recevoir leurs cachets, mais – plus
grave encore – de perdre le contrôle de leurs œuvres, les droits pouvant passer
aux mains des racheteurs potentiels. « Le développement culturel du
Québec n’a pas à subir de telles dérives juridiques, notre indépendance
politique et culturelle est la seule façon d’en assurer durablement la
pérennité », soulignait par voie de communiqué Mario
Beaulieu, chef du Bloc québécois.
Malgré la grogne, il
faut continuer de croire en la vitalité de la littérature québécoise et en son indiscutable
nécessité. C’est avec plaisir que nous retrouvons deux anciennes Recrues,
Stéphanie Pelletier qui, après un recueil de nouvelles primé nous propose son
premier roman Dagaz, ainsi que Anna
Raymonde Gazaille qui nous revient avec Déni,
une nouvelle aventure du sympathique inspecteur Paul Morel. Tout comme dans Truculence, la route joue un rôle
essentiel dans Go West Gloria de
Sarah Rocheville. Le nain de Francine
Brunet vous fera plutôt plonger dans un univers baroque avec sa galerie de
personnages plus colorés les uns que les autres. Notre duplex d’Éléonore Létourneau établit quant à lui des
parallèles avec le monde du cinéma, Barcarolle
de Fabrice Amchin (catégorie Hors-Québec) avec la musique.
« La langue française, c’est une
question de vie ou de mort, ici, c’est qui nous sommes en tant que peuple. Il
faut la défendre toujours, il faut savoir que chaque fois que l’anglais gagne
du terrain, c’est un peu de nous qui se perd, savoir que chaque raccourci
angléfié, chaque paresse et chaque statut facebookien dans la grosse langue
dominante de l’Autre omniprésent (pour vouloir faire universel, bien de son
temps, pour rejoindre le plus grand nombre, etcétéra), chaque Oh my God! lancé
(plus capable de l’entendre, cel’-là), chaque incapacité à dire notre réel dans
notre langue à nous, c’est une abdication, c’est une défaite. […] Bref, il faut
résister. Pas le choix », nous rappelle
François Racine dans ses réponses à notre questionnaire. À bon entendeur,
salut!
Vous pouvez lire le numéro courant de La Recrue du mois ici...
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