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Photo: Marc-André Goulet |
Déjà, dans
What Bloody
Man is That,
punk operetta autour
de
Macbeth présentée dans le cadre de
l’OFFTA en 2013, Angela Konrad multipliait mises en abyme et manichéismes,
voilait la limite entre arrière et avant-scène. Elle poursuit cette fois son
travail de déconstruction autant que de réinterprétation ici en s’attaquant au monumental
Richard III, dernier tome de la
première tétralogie historique de Shakespeare, nous proposant ce faisant une
réflexion sur le théâtre du pouvoir (et de la cruauté) et le pouvoir (ou la
cruauté) du théâtre.
Dans la salle de répétition du Quat’Sous, Ricki, une metteure
en scène plus grande que nature, fait passer des auditions pour sa relecture de
Richard III. Même si elle n’a pas
encore décidé de l’angle concret de sa démarche, elle manipule, humilie, susurre,
hurle, cajole, pousse à l’effondrement les candidats. Elle sait déjà qu’elle « va
garder les plus fragiles parce que leur inconscient est riche ». Nous
rencontrerons ainsi Miki, « acteur de catégorie A » que l’on n’a
pourtant pas vu depuis des lustres sur les planches, plus préoccupé par son
portefeuille d’actions et sa libido que par le texte, Niki, jeune comédienne à
la fragilité évidente qui peine à oublier sa vie personnelle, Vicki l’assistante
ayant décortiqué les moindres rouages du texte et Kiki, mère de Ricki, actrice
sur le retour qui connaît les tirades de tous les personnages féminins de la
pièce par cœur (ou presque).
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Photo: Marc-André Goulet |
Impossible de s’ennuyer une seule seconde pendant une heure
et quarante-cinq, entre les extraits de
Richard
III (qui sera présenté dans son intégralité au TNM en mars), traités de
façon plus ou moins décalée selon le moment, les dialogues vitrioliques, les
multiples clins d’œil aux codes et dessous théâtraux (on reste toujours
conscient d’être devant des comédiens jouant des acteurs) et surtout les
interprétations remarquables de la distribution. Celle-ci est portée à bout de
bras par le souffle et la puissance de Dominique Quesnel, encore plus
renversante ici que dans son rôle de Lady Macbeth, interprète de prédilection
avec raison de Konrad, qui passe en un clin d’œil de la fureur du despote à la vulnérabilité
de l’artiste en processus de création, du sarcasme à l’intériorité. On pensait
l’avoir vu aborder tous les registres, mais Angela Konrad lui offre à la fin de
la représentation un véritable morceau de bravoure, alors qu’elle soliloque les
dernières répliques de la pièce. Elle est entourée de Philippe Cousineau (qui
avait incarné Macbeth, encore une fois d’une belle polyvalence), Marie-Laurence
Moreau (souvent bouleversante en Niki), Stéphanie Cardi (qui explose
littéralement quand elle dresse l’arbre généalogique des Plantagenet) et Lise
Roy (impeccable en mère qui ne demande qu’à jouer pour sa fille).
Avec quelques accessoires tout au plus (Stéphanie Cardi sert
de régisseuse) et une utilisation habile des lieux, Angela Konrad nous en met
plein la vue. À travers son filtre puissant, Shakespeare n’a pas fini de se
révéler – et de nous rappeler combien l’homme peut se montrer bas et vil.
Deux représentations supplémentaires ont été annoncées.
Faites vite! Toutes les autres se donnent à guichet fermé.
2 commentaires:
Tu m'as convaincue ! J'ai très hâte d'y assister :)
J'ai hâte que tu m'en parles!
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