Photo: Frédérique Ménard-Aubin |
À plusieurs moments, je les ai senti décrocher - sans s'agiter ou chahuter cependant -, entendu marmonner quelques mots vaguement excédés à leur voisin. À l'entracte, certains mentionnaient s'être endormis. La question de la préparation au spectacle reste entière. Si La leçon a une portée presque intemporelle de par sa nature même - difficile de faire plus classique que la relation professeur-élève - et peut être présentée sans références à la démarche du dramaturge, difficile d'en dire auant de La cantatrice chauve. N'aurait-on pas avantage comme première incursion dans cet univers à jumeler La leçon à Délire à deux ou même aux Chaises? (La mise en scène de La leçon fait d'ailleurs un beau clin d’œil à cette pièce.)
L'amateur de théâtre sera néanmoins comblé par le doublé. Plutôt que d'opter pour un appartement des « environs de Londres » démodé et terne, Frédéric Dubois choisit un habillage vitaminé, le plancher bleu rappelant les parquets de certains espaces publics, maximisant l'impression de décalage entre les mots et le rendu. L'idée d'avoir transformé la bonne en infirmière coquine (Catherine Larochelle, parfaite dans le rôle) et la chorégraphie explosive intégrée à sa déclamation du poème « Le feu » se révèle juste assez décalée pour être convaincante. Le capitaine des pompiers devient un clown presque vulgaire, portant pyjama et robe de chambre soufflant des ballons de baudruche, bien défendu par Éliot Laprise (qui fera une bonne juste assez bougonne dans La leçon, après un tirage au sort à l'entracte qui ajoute du piquant à la donne).
Photo: Frédérique Ménard-Aubin |
La mise en scène de La leçon se veut plus classique, les costumes rappelant nombre de productions de pièces de Molière, mais la soutane noire renvoyant fatalement à l'habit des religieux (et rappelant certains « excès » associés aux ordres). Simon Dépôt et Monelle Guertin (M. et Mme Martin dans la première pièce) ont offert une belle complémentarité, une complicité même qui fait que l'on croit sur le champ à la proposition. L'habillage musical (qui comprend quelques clins d’œil à la première pièce), plus discret peut-être, se révèle néanmoins très efficace, tout comme l'utilisation du tableau lumineux qui sert de soutien pour la - difficile - leçon d'arithmétique.
Il nous reste à souhaiter que le Théâtre des fonds de tiroirs revisite dans un avenir prévisible Ionesco.
Jusqu'au 28 février au Théâtre Denise-Pelletier.
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