mardi 19 mai 2009

3, 2, 1, musique!

Le 28 décembre 1895, date symbolique dans l’aventure artistique humaine, un public subjugué découvre les images projetées par le cinématographe des frères Lumière. Cette première expérience cinématographique ne se tient pas dans un silence total. En effet, un pianiste improvise sur les images présentées à l’écran, d’abord pour couvrir le bruit envahissant du projecteur alors sans paroi isolante, mais également pour plonger le spectateur dans un univers qui lui permettrait de s’évader de son quotidien.

Avec l’avènement du parlant, les improvisateurs seront mis au rencart et la bande son deviendra part intrinsèque et immuable de la narration de l’histoire. Il est donc essentiel pour un compositeur d’établir un dialogue serré avec le réalisateur avant même de sommer l’inspiration et surtout de comprendre la place que la musique occupera dans telle ou telle séquence. La trame pourra ainsi tour à tour souligner l’action, marquer le mouvement, anticiper un geste subséquent, représenter le lieu (en plongeant l’auditoire dans des environnements culturels, sociaux ou historiques particuliers), commenter l’action en contrepoint (résumé musical aussi bien que contradiction de la connotation d’un plan), exprimer les émotions des acteurs ou encore jouer le rôle de guide émotif ou de symbole (selon le principe du leitmotiv cher à Wagner, alors qu’un motif musical devient associé à un héros ou une émotion).

Le monde de la musique de film reste en pleine évolution. Quand les musiciens classiques « sérieux » l’évoquaient il y a 30 ou 40 ans, ils ne cachaient pas un certain mépris, considérant celle-ci comme de troisième ordre. Aujourd’hui, sa qualité n’a plus besoin d’être démontrée et on peut maintenant parler d’une forme d’art à part entière. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs compositeurs de renom y trouvent un défi à la hauteur de leurs attentes.

La musique parlant avant tout à l’inconscient, les meilleures trames sont souvent les moins envahissantes et ajoutent une profondeur à l’image sans l’écraser. Pourtant, il reste toujours ces grands airs que le public continue d’entendre, mais surtout de ressentir des années durant, bien après que les souvenirs précis du film aient disparu.

Quelques incontournables d'Ennio Morricone...


Ennio Morricone

3 commentaires:

Papageno a dit…

A propos, savez-vous qui a écrit la toute première musique de film ? Je vous aide un peu, c'était en 1908 pour « L'Assassinat du duc de Guise »

Lucie a dit…

Non, incroyable! Vraiment?
Pour ceux qui ne connaîtraient pas la réponse: Camille Saint-Saëns a écrit cette trame sonore.

Il y a aussi d'autres compositeurs français célèbres qui ont écrit pour le fameux Don Quichotte de Pabst (Poulenc et Ravel), sans oublier les opus, dans un tout autre registre, de Prokofiev.

Karine:) a dit…

La musique de Cinema Paradiso! Quel beau souvenir! Bizarrement, la trame est souvent ce que je retiens d'un film...