J'admettrai ici que je suis assez peu portée sur les biographies, romancées ou non, sauf en de rares occasions (La vie de Liszt est un roman reste une exception remarquable). Peut-être parce que je lis des ouvrages musicologiques parfois assez pointus, que je dois creuser en bibliothèque pour extraire de journaux intimes, de lettres (genre que j'adore), des informations pour compléter des notes de programme, quand vient le temps de la lecture « évasion », je préfère délaisser les ouvrages plus « pédagogiques » pour plonger dans une histoire, apprécier un style littéraire, me sentir élevée par certaines réflexions.
Pourtant, j'aime ces livres qui se passent ailleurs, qui nous permettent de lever le voile sur une autre façon de vivre, de penser autrement mais je tiens d'abord à être séduite par l'intrigue plutôt que par le décor périphérique. J'ai ainsi lu récemment, avec un plaisir certain, Mille soleils splendides qui, s'il m'a moins touchée que Les cerfs-volants de Kaboul pour plusieurs raisons (notamment au niveau du style narratif), m'a permis de m'approprier le quotidien de deux femmes afghanes, deux battantes, victimes d'un lieu, d'une époque, d'une mentalité. On finit par s'y attacher mais surtout par percevoir la réalité, leur réalité, avec un tout autre regard. L'impact littéraire est certes moins puissant que celui ressenti après Syngué Sabour: la pière de patience d'Atiq Rahimi, lecture coup de poing s'il en est une, ou le magnifique Ce que le jour doit à la nuit ou le puissant Attentat de Yasmina Khadra. Néanmoins, grâce aux mots de Khaled Hosseini, je ne percevrai plus jamais les images diffusées au téléjournal de la même façon et, en cela, il aura certainement accompli de façon convaincante sa tâche de témoin d'une ère troublée.
Dans un autre registre, je complète la lecture de La cité des anges déchus de John Berendt, un fascinant récit qui lève le voile sur les mois qui ont suivi l'incendie de la mythique Fenice de Venise. Tous les noms cités sont ceux de personnes réelles, tout y est vrai mais magnifié, comme la Sérénissime, grâce à la plume particulièrement alerte de l'auteur. On a l'impression très nette de lire un roman. Mais cela s'est-il vraiment passé comme cela? La vision de Berendt, touffue et fouillée, en est une parmi d'autres. Venise reste une ville de masques, de codes, au passé parfois trouble, qui ne se dévoile jamais entièrement aux regards des non-Vénitiens. Malgré tout, on ne peut s'empêcher de l'aimer, d'y rêver, de s'y retrouver, avec une certaine nostalgie quand on l'a apprivoisée, même en surface. Je n'y ai séjourné que cinq jours, il y a près de cinq ans, mais si, à ce moment précis, un génie était apparu et m'avait offert de réaliser un voeu, un seul, sans hésitation, je lui aurais demandé d'y travailler, d'y vivre. J'aime quand les livres nous font voyager, ailleurs, dans le passé, en nous.
Un point de vue intéressant de Lorenzo ici sur ce livre...
2 commentaires:
Malgré tous les billets positifs, je n'arrive pas à être tentée par le Hosseini... J'ai toujours du mal à lire sur ce thème... Par contre, celui sur Venise, il est bien tentant!! Et je ne peux que te seconder pour "La vie de Liszt est un roman", qui m'a passionnée malgré que je ne sois pas une passionnée de bios!
Ah, Venise... pour faire rêver, c'est toujours idéal. Il y aussi une série de polars qui s'y déroulent mais j'ai oublié le nom de l'auteur! :(
Pour le Hosseini, je pense que d'avoir lu le premier est probablement suffisant mais celui-ci est comme la face « féminine » du premier.
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