La musique et l’écriture ont été de tout temps les deux pôles de la vie créatrice de l'auteure. Ce site se veut donc un hommage à la musique (particulièrement classique) et à la littérature, mais aussi au théâtre et aux autres manifestations artistiques.
mardi 5 mai 2009
Reine-Aimée Côté: L'échappée des dieux
Peut-on tourner le dos au geste créateur quand on abandonne les planches pour s'isoler avec son amoureux autour d'un lac paisible? Peut-on oublier les papillons dans le ventre, les affres de la création, les feux de la rampe? « Ma tête était bien ailleurs à ce moment-là, envoûtée par le monde du théâtre. Je me voyais devenir une souffleuse de verre. Je fabriquerais sur la scène des boules d'amertume, de colère, d'amitié. Des boules de mystère. Je soufflerais sur ma peau pour la soulever et atteindre mon âme, il en sortirait des asphodèles ou des papillons. Et le temps ne serait plus si lourd, il aurait la légèreté d'un cil. Plus besoin de vouloir attraper la gloire, je me pavanerais devant elle, à côté d'elle, corne de brume résonnant comme une obsession. » (p. 13)
Dans une langue poétique, chargée de symboles, au souffle d'une puissance souvent bouleversante, Reine-Aimée Côté signe avec L'échappée des dieux un deuxième roman émouvant, véritable odyssée au cœur de la maternité. Avec Louis, partenaire parfois impuissant face à la vague de souvenirs qui vient la frapper, Lisa se reconstruit, se réinvente, à coups de mots, de gestes infimes. À l'aube de la quarantaine, elle vit sa grossesse, puis sa maternité, avec l'intensité jadis portée à son métier. Elle se questionne sur les liens entretenus avec sa propre mère, nous interroge aussi sur ce choix à contre-courant de se consacrer exclusivement à ses enfants. Elle regarde grandir ses filles, tracent des parallèles entre leur jeux et le théâtre. Elle croit avoir tiré un trait définitif sur sa vie d'avant mais celle-ci revient de temps en temps la hanter, notamment à travers la présence mythique de Morel, dramaturge et ancien amant, qu'elle n'a jamais réussi à totalement oublier.
Plus qu'un court roman, ce texte s'apprivoise plutôt comme un long poème, dont on laisse les mots couler sur nous, en nous. Il ne s'y passe presque rien au fond, que le temps que l'on tente d'arrêter, que l'on cherche à nommer, pour mieux le comprendre, mieux se comprendre. « J'écris les mots qui consolent sur des rubans, puis les insère dans le coffret de bois verni, ainsi se colmatent les blessures. » (p. 23)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
J'aime beaucoup les extraits et je crois que le thème pourrait bien m'intéresser... noté!
Je trouvais important de mettre une citation qui permet de bien saisir le style de l'auteure. Si tu as accroché, tu aimeras je pense.
Enregistrer un commentaire