Il y a de ces événements ignorés (si on n'y est pas initié par un ami ou l'ami d'un ami) qui pourtant méritent qu'on s'y attarde. Chaque année, les finissants du programme Arts, lettres et communications du Collège Brébeuf organisent un festival qui ne dure malheureusement que le temps d'une soirée (vendredi soir dernier dans ce cas-ci).
La soirée est articulée en deux volets distincts. Le premier permet d'assister au vernissage de l'exposition qui présente les travaux les plus intéressants réalisés dans le cadre des cours d'arts visuels (une des trois concentrations du programme), des ateliers de multimédia (deuxième concentration possible) ou de certains cours du tronc commun (tels photographie). Dans une atmosphère particulièrement bouillonnante et à des lieux du snobisme obligé pratiqué par ceux qui fréquentent habituellement les vernissages, on pouvait s'arrêter devant une sculpture (j'aurais bien rapporté cette oreille géante pour rappeler à mes élèves de s'écouter), s'approcher d'une photographie et recevoir le message en plein visage (un des projets traitait des émotions), regarder des vidéoclips sur des chansons francophones, apprécier les affiches réalisées en marge des court-métrages présentés par les finissants, s'assoir devant un ordinateur et cliquer sur les divers projets des élèves de multimédia (accessibles également en ligne ici). Les professeurs, habillés pour une soirée mondaine chic, échangeaient volontiers avec les étudiants qui expliquaient patiemment à leurs proches les défis de réalisation de tel ou tel projet.
La soirée migrait ensuite vers la salle Brébeuf. L'animation de la soirée avait été confiée à des étudiants en théâtre (dernière concentration du programme) qui nous ont offert entre les divers blocs une série de tableaux absolument délicieux qui abolissaient avec humour les frontières entres les scientifiques « butés » (« Ciel! que vais-je faire? Ma cote R! ») et les « extravagants » étudiants en Arts et lettres (« Je prendrais bien un verre de vino! »). Mentionnons ici le charisme d'Octave Savoie-Lortie en Maître Steeve, sublime de décadence assumée, soutenu avec conviction par ses cinq complices. (Chapeau au metteur en scène Pierre Collin.)
La salle comble (pourtant, aucune annonce n'est jamais faite de cet événement et à peine 100 étudiants sont inscrits au programme donc on ne parle pas seulement de parents convaincus) a pu apprécier des productions télévisuelles (dont des variations sur le thème du temps, de nouvelles déclinaisons du Hoppity Pop de McLaren ou des réinterprétations du poème Devant le feu de Nelligan), des court-métrages de fiction, un montage des meilleures affiches d'un spectacle inventé du Cirque du Soleil (certaines particulièrement spectaculaires), un radio-roman (genre oublié, fort malheureusement) ou des animations Flash assez saissantes. Après l'entracte, étaient présentés les neuf projets d'intégration, qui exige la réalisation de A à Z d'un court-métrage qui mettait en lumière un intervenant culturel, de Bryan Perro à Robert Lepage sans oublier Betty Goodwin ou Paul Buissonneau. (J'ose à peine imaginer le nombre d'heures passées en production.)
Plusieurs prétendent que la jeunesse d'aujourd'hui est flasque, blasée, sans idées. Quelques minutes à peine de cette soirée exceptionnelle auraient suffi à les faire taire. Y serai-je l'année prochaine? Absolument!
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