vendredi 11 septembre 2009

Le joueur de triangle


Louis, jeune percussionniste qui a de la difficulté à se faire un nom, a l'impression de voir sa vie lui échapper. Célibataire depuis que Véronique l'a laissé six mois auparavant, locataire d'un appartement des plus exigus, incapable de gagner sa vie correctement, il voit sa vie basculer un soir, alors que l'attend sur son répondeur un message de l'Orchestre Symphonique. En effet, on lui offre un contrat qu'il n'espérait plus, pour jouer une seule note de triangle, lors de la création d'une œuvre du compositeur coréen Park In Won. Ce qui aurait pu s'avérer un jeu d'enfant devient bientôt un cauchemar pour Louis, dès qu'il évoque cette dite note, que ce soit chez lui, en répétition, ou dans les instants précédant le concert. Cherchant par tous les moyens à vaincre cette angoisse, il rencontrera d'autres protagonistes qui, l'un après l'autre, dévoileront un nouveau pan d'une histoire contrapuntique.

Nicolas Gilbert m'avait déjà séduite avec son premier roman Le récital, un regard à la fois tendre et caustique sur le monde de la musique contemporaine. S'il situe son deuxième opus encore une fois dans le monde de la musique classique et qu'il a conservé une multiplicité des points de vue pour faire avancer la narration, Gilbert démontre un affinement remarquable du médium. Alors que, dans Le récital, certains tics langagiers pouvaient incommoder et certains éléments architecturaux sembler légèrement plaqués, il n'en est rien ici. L'auteur privilégie une langue fluide, sans aspérités. Les références trop pointues qui pourraient échapper au lecteur moyen ont été gommées, mais le compositeur n'a pas résisté à intégrer juste assez de clins d'oeil pour que les spécialistes sourient (parfois jaune) en catimini.

La grande forme offre une stabilité à l'édifice mais s'efface derrière la vivacité de la narration. On s'attache aux personnages croisés par Louis, que ce soit le chef d'orchestre Pierre Delambre (un composite savoureux des archétypes rencontrés dans le milieu), la mystérieuse Justine (qui doit faire face à certains choix existentiels douloureux elle aussi), Serge Cardinal, chef de la section des percussions qui tente de colmater l'angoisse de Louis en lui faisant rencontrer Deléglise, percussionniste à la retraite (et sacré numéro) ou même le proprio de Louis (qui tient un salon de coiffure au rez-de-chaussée). On tourne les pages, avec plaisir, réalisant parfaitement que l'auteur tisse les fils d'une histoire dont le dénouement n'est peut-être pas celui que l'on attendait. On réalise surtout que, en quelques centaines de pages, l'auteur a su trouver sa voix.

3 commentaires:

Karine:) a dit…

J'avais bien aimé Le récital aussi... je ne dis pas non à celui-là, alors. Surtout que ça se déroule encore dans le monde de la musique...

Lucie a dit…

Je pense que tu vas beaucoup aimer et les références musicales sont beaucoup moins pointues. :-)

Venise a dit…

Flûte de flûte : Ça presse ! Quand on a aimé un auteur et qu'il ne nous déçoit pas au deuxième, cela devient souvent une histoire d'amour à vie !