mardi 23 septembre 2014

Being at home with Claude

Avec une affiche stellaire réunissant dans un même huis-clos Benoit McGinnis et Marc Béland, un texte puissant qui n'a rien perdu de son mordant et de son lyrisme en 30 ans (même si les événements décrits, en 1967, ont quand même pris de l'âge), les attentes étaient grandes pour cette reprise de Being at home with Claude de René-Daniel Dubois. Peut-être trop?

Photo: Yves Renaud
Pourtant, Benoit McGinnis est irréprochable dans le rôle d'Yves, le prostitué qui a tué Claude, non pas un client parmi tant d'autres, mais l'homme dont il est fou amoureux. On oublie Lothaire Bluteau, Roy Dupuis. Il nous amène avec adresse dans cette zone d'ombre, un peu trouble, là où les frontières entre le bien et le mal sont flouées. Ne peut-on pas comprendre ou accepter une seconde (du moins en littérature ou au théâtre) ce meurtre, quand le coupable a choisi non pas de se venger d'un amour déçu, mais de préserver toute la pureté de celui-ci?

Le monologue d'une vingtaine de minutes de McGinnis dans lequel Yves tente enfin de justifier son acte, après s'être braqué d'emblée, arrive bien sûr dans la deuxième moitié de la pièce, mais la mise en scène minimaliste de Frédéric Blanchette semble dépouiller le texte d'une certaine corporalité. Les mouvements sont réduits (le monologue se fait presque entièrement dos au mur côté jardin), le personnage du greffier semble inutile, celui du policier manque un peu de substance (comme si Béland avait eu peur d'éclipser McGinnis, ce qui aurait été de toute façon impossible), ne joue que sur le registre de l'impatience, de l'incompréhension. On prend du temps avant de comprendre les tenants et les aboutissants de ce duel, qui aurait pu se révéler plus implacable.

Une fois que tout a été dit, il était absolument inutile (et coûteux) d'offrir une représentation graphique gratuite d'un cadavre gisant sur le plancher d'une cuisine maculée de sang. Le spectateur se sera déjà fait sa propre image de la scène de crime et aurait sans doute préféré rester dans le domaine de la suggestion.

Au TNM jusqu'au 11 octobre.

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