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Le spectacle fait preuve d'une belle cohérence, pour quiconque acceptera de redéfinir le pacte entre interprètes de cirque et spectateur. Ici, pas de moment « wow » (même si plusieurs prouesses sont à saluer) ou de rires francs, très peu d'instants où déposer des applaudissements. (On sentait d'ailleurs l'inconfort de certains spectateurs, pas nécessairement prêts à lâcher prise.) Edgar Zendejas a tissé une trame de numéros s’intégrant les uns aux autres, unis par un fil narratif cohérent, même pour ceux qui n'ont pas vu le film (dont je suis). On côtoie faunes et divinités de la forêt, les hommes se battent pour l'amour d'une femme, le groupe s'allie ou se ligue contre un individu, on réfléchit à la guerre et à la violence, les numéros de cirque remplaçant les trois épreuves que la protagoniste du film doit vaincre. On a droit ici à un véritable Gesamtkunstwerk, la musique plus atmosphérique que narrative soutenant le propos de bout en bout sans s'insurger en récit parallèle.
On saluera l'inventivité du numéro de main à main sur monocycle (Ronan Duée et Dorian Lechaux), la créativité de transposer un trapèze en carillon, l'intelligence de se servir des sangles aériennes pour transformer un des protagonistes en marionnette et le magnétisme absolument renversant de Guillaume Paquin qui offre un numéro inoubliable de corde lisse et brûle la scène même quand il agit comme rôle de soutien, à travers une corporalité particulièrement expressive.
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