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Il sera surtout question de dignité humaine, de rêves déchus. Comment peut-on retrouver l'essence de cet enfant blond qui courait sans souci sur la plage ou s'imaginer roi d'un jardin rempli des plus belles fleurs quand, quinze minutes par heure, on doit bander et assurer, en cette ère où la sexualité est devenue banalisée, mais surtout que le consommateur demeure roi, qu'il se présente d'abord comme un fan ou plus tard comme un abuseur pathologique.
D'une voix douce, le sourire aux lèvres, comme s'il nous confiait des choses sans importance, Van Mulder nous invite à découvrir un homme attachant, au fond semblable à des milliers d'autres, qui ne sait plus tout à fait comment canaliser sa souffrance, sa solitude, autant de manques qui le mèneront à la violence, d'abord lorsqu'il pense consoler une pauvre fille éplorée qui « chasse » dans un bar gay, puis quand il ne peut faire autrement que de sauver sa peau dans une situation malsaine.
Il pratique le sexe au quotidien, mais pourrait être caissier, professeur, retraité, n'importe quel individu qui doit contempler (sans jamais pouvoir entièrement l'accepter) la possibilité qu'il pourrait mourir sans argent, « la bouche ouverte sans que personne n'intervienne ». Une peur brute, viscérale, qui au fond n'a rien à voir avec le corps (de toute façon, celui-ci, un jour, ne sera plus d'aucun secours), mais avec l'âme.
Un premier texte à la fois puissant et pudique, bien défendu par Paul Van Mulder, qui continue de hanter une fois sorti du théâtre.
Jusqu'au 20 septembre dans la salle intime du Prospero.
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