« On écrit toujours à partir
de soi, alors même si on invente complètement un univers, notre propre histoire
se manifestera toujours à travers lui. Je l’ai dit, j’écris beaucoup à partir
de ce que j’ai vécu ou entendu. […] En même temps, il est rare que je
dresse un portrait fidèle de ce qui s’est passé ou de ce qui m’a été conté. Je
transforme tellement tout que ce que je raconte n’appartient plus qu’au livre.
On me demande souvent si Catherine, le personnage principal de La déesse des mouches à feu, c’est moi. À cette question, je réponds que Catherine, ce n’est pas
moi. Par contre, ça aurait très bien pu être moi. » Voilà le rôle que
l’autobiographie joue dans le premier roman de Geneviève Pettersen, notre
Recrue ce mois-ci. Rimbaud l’avait déjà compris avec son « Je est un
autre », Philippe Lejeune et Serge Doubrovsky redéfiniraient le pacte de
l’autofiction des années plus tard. Ici, il est plutôt de tracer d’un arrêt sur
image, dans le Chicoutimi-Nord de 1996 plus précisément, alors qu’une jeune
adolescente de 14 ans cherche à se définir autrement.
Il n’y a pas si longtemps encore, plusieurs considéraient
les premiers romans comme un mal nécessaire (« Il faut bien commencer
quelque part » auraient-ils peut-être soupiré), mais la donne a assurément
changé au cours des dernières années, au grand plaisir des collaborateurs de La
Recrue du mois. Anaïs Barbeau-Lavalette (qui signait elle-même d’ailleurs un
premier roman, Je voudrais qu’on m’efface,
en 2010) a tout de suite saisi la puissance de l’imaginaire de notre Recrue et
adaptera le roman au cinéma. L’aventure ne fait donc que commencer…
Même si c’est la rentrée, nous avons choisi de prolonger un
peu cet été qui nous a vaguement échappé en vous proposant deux titres qui traitent
du voyage en repêchage. Dans Un vélo dans
la tête de Mathieu Meunier, on suit l’auteur lors d’un périple mémorable le
long de la Côte Ouest. La mer de Cocagne
d’Alain Boucher se veut plutôt « un rare ouvrage de littérature maritime
québécoise, qui emportera les navigatrices et navigateurs de corps et de cœur à
la découverte du Saint-Laurent de 1541 ». L’histoire est aussi au
rendez-vous dans Le neveu d’Hitler de
Bob Martin, que ce dernier qualifie d’ailleurs de « roman et plus ». Lame crépuscule, un intense premier
recueil de poésie de Marie-Paule Grimaldi et Albert Théière, une adorable bande dessinée de Matthieu Goyer,
complètent l’offre.
Bonne découverte!
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