« L’écrivain dans une famille, c’est celui par qui le scandale peut arriver. Chez nous, pas de meurtre, ni inceste, ni fraude, ni argent blanchi et déposé dans des paradis fiscaux. Seulement la vie, la vie qui laisse des cicatrices qu’on ne souhaite pas rouvrir. Impossible d’écrire si on ne s’aventure pas au cœur de ce qui nous a fait. J’ai toujours avancé comme une funambule sur le fil de la poésie. »Après le décès de sa mère, Louise Dupré décide de lui offrir un tombeau littéraire. Connaissant la verve poétique de l'auteure, on aurait pu s'attendre à une série d'aphorismes délicatement ciselés, de poèmes en vers libres ou de scènes toutes en demi-teintes. Elle a plutôt choisi de traiter de cette femme qu'elle a aimée de façon volontairement non balisée, comme si les souvenirs se déposaient l'un derrière l'autre, pas nécessairement de façon chronologique.
Le texte n'est pas tant alourdi par la nostalgie qu'imprégné d'une tendresse certaine, pour cette femme qui a souhaité le meilleur pour ses enfants, qui ne souhaitait pas être déracinée, même (surtout) à la fin de sa vie et qui, en adoptant un parti pris d'indépendance intellectuelle a permis à sa fille de trouver sa voie - sa voix.
On sort de la lecture avec l'impression d'avoir entrevu ce qu'a pu être cette femme, comme si on la fréquentait de loin en loin, qu'on la croisait à l'épicerie, au parc, conscient que le reste doit demeurer secret, que l'intime n'a pas besoin d'être dévoilé sur la place publique pour être perçu, compris et en réalisant que ce portrait fragmenté nous renvoie presque naturellement à l'image, forcément un peu trafiquée, que nous avons de notre mère, de notre père, qu'ils soient encore parmi nous ou disparus.
Merci à Topinambulle qui m'a offert ce livre lors de notre dernier swap.
3 commentaires:
Ravie que ça t'ait plu ! J'aime bien ta réflexion sur ce portrait. Il est vrai que notre mère gardera toujours une part de mystère.
Et je crois que c'est normal au fond...
Oui, tout à fait :)
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