samedi 23 mars 2013

FIFA: le temps qui passe

Deux très beaux films, en compétition officielle (croisons les doigts, même si les jeux sont déjà faits), réalisés ici, qui s'attardent, avec une tendresse certaine, au temps qui passe et ne revient plus.

Huguette Oligny, le goût de vivre

La comédienne vient de célébrer son 91e anniversaire, mais elle possède encore une beauté intérieure qui transcende tous les affronts du temps (si légers sur son magnifique visage). Elle le dit d'ailleurs d'emblée: « Je suis la femme la plus heureuse du monde ! » Sous l’œil attentif et attendri de son beau-fils, Daniel Gélinas, elle se révèle, à petits pans: en tant qu'artiste, femme, mère aussi... une mère qui a vécu avec grande douleur la séparation d'avec ses petits (neuf ans!) après son divorce d'avec son premier mari.

À travers les témoignages de son amie Margot Lescop (une bombe d'énergie à 96 ans!), de ses partenaires au théâtre et au petit écran, Françoise Faucher, Françoise Graton, Gilles Pelletier, Gérard Poirier, on la découvre multiple, muse, femme forte, attachante, qui a toujours mordu dans la vie, devenue profondément croyante, mais surtout parfaitement consciente du temps qui passe et ne reviendra plus. « Je te remercie de me consacrer du temps, car ça compte, le temps! » On sent que le réalisateur (qui a précédemment consacré un film à son père, Gratien Gélinas) aime profondément son sujet et cet amour se lit comme un contrepoint au récit, duquel la musique n'est pas absent, puisque Huguette Oligny a inspiré à André Mathieu quelques pages, dont une, découverte tout récemment, que lui offre en cadeau Alain Lefèvre.

Au fil des séquences, le film devient aussi une réflexion sur la vieillesse, sur le traitement que l'on réserve à nos aînés. (Il y a quelque chose d'assez troublant à entendre Gilles Pelletier, 88 ans depuis hier, se questionner avant d'aller voir son amie, par peur d'être témoin de son déclin.) Un film dont on ne sort pas indemne.

Il reste une représentation supplémentaire du film demain après-midi, 16 h.

Hard Light / Lumière crue

Justin Simms nous propose avec Hard Light un documentaire qui refuse la linéarité, préférant intercaler des séquences en noir et blanc inspirées des récits de Michael Crummey, lus en voix off par l'auteur terre-neuvien, et ses réflexions alors qu'il revient sur certains souvenirs, mais s'interroge surtout sur le rôle de la mémoire collective, du danger de perdre son identité si l'on oublie ses racines, les modes de vie d'alors.

Dès les premières séquences du film, on est envouté par cette voix si particulière, qui raconte avec une rare poésie les instants volés au quotidien de ses parents, de ses grands-parents. On sort du visionnement avec une furieuse envie de lire l'auteur, mais aussi d'arrêter le temps (Menons-nous réellement une vie meilleure que celle de nos grands-parents? Serons-nous un jour satisfait de ce que nous possédons?) et de prévoir des vacances à Terre-Neuve... Le film en est un de guérison pour le réalisateur qui se révèle à la toute fin, expliquant à l'auteur que Hard Light, découvert dans une bibliothèque amie, lui a permis de reprendre pied dans une réalité qui semblait le fuir, goût à la vie. Certains livres peuvent changer une vie. Parfois, nous avons besoin d'un rappel...

Le film sera bientôt disponible sur le site de l'Office national du film.


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