Photo: Nicolas Descôteaux |
Le metteur en scène Kristian Frédric a donc opté pour un traitement moderne - postmoderne même - du propos, les communications entre personnages se faisant ici aussi bien en personne qu'à travers des conversations Skype, sur les réseaux sociaux ou par messagerie. Six écrans sont disposés en fond de scène, sur lesquels évolueront certains personnages, mais qui servent aussi d'écrans de télévision (une guerre se doit d'être couverte dans ses moindres soubresauts) ou de surveillance (idée particulièrement intéressante de suivre - et entendre - les conversations en principe cachées de cette façon). Aux alexandrins de Racine se juxtaposent des passages en arabe classique, langue du cœur, de l'intime quand Pyrrhus et Andromaque discutent ensemble. Denis Lavant campe ici un Pyrrhus particulièrement saisissant, jamais unilatéral, surveillant le monde extérieur du sous-sol de son palais avec une satisfaction presque vile, mais néanmoins constamment troublé par Andromaque (Monica Budde, dont le maintien presque royal rappelle par moments Irene Papas), conscient que, quoi qu'il fasse, tout n'est que politique.
Photo: Nicolas Descôteaux |
Remarquablement discrets, les jeunes dans la salle se sont-ils retrouvés dans tout cela? Je me le suis demandée, en les voyant bondir sur leur téléphone à l'entracte pour continuer à communiquer avec « leur » monde. Peut-être est-ce cela au fond, un classique: un texte qui se laisse appréhender de tant de façons différentes et pourtant, n'a pas fini de révéler ses richesses.
Jusqu'au 24 octobre au Théâtre Denise-Pelletier.
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