L’enfant dans la cage ne laissera personne indifférent. Soit on adopte la proposition de William Drouin d’entrée de jeu ou presque, soit on restera en dehors de cette étrange prison dans laquelle évolue Sixpé. Ici, l’écriture n’est pas libération. Si elle permet au narrateur d’apprivoiser le deuil de sa mère, de son frère, d’accepter la violence de son père, de s’inventer par moments une histoire parallèle, elle ne soulage pas, au contraire. « Comme dirait papa, c’est dans l’inconfort que la singularité du mot se développe. À en croire son expérience, les gens n’écriraient rien si on ne les mettait pas au pied du mur. Si ça se trouve, la cage est le lieu idéal pour devenir écrivain. »
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Pour ne pas avoir l’impression d’avoir été semé en route, il ne faudra pas chercher à tout vouloir comprendre, à boucler les récits secondaires, à accepter la fin pas seulement ouverte, mais qui semble nous glisser entre les doigts, comme si l’on se trouvait devant un tableau abstrait, à interpréter de plus d’une façon. Une histoire donc dont le lecteur ne sort pas indemne, à la charge poétique certaine, qui le force à devenir traducteur d’une certaine façon. « Le problème, ce n’est pas le mensonge, comme qui dirait, une histoire commence toujours par un mensonge d’une vraisemblance telle qu’on ne s’arrête plus de lire. » À une époque qui favorise le préformaté, il faut saluer l’audace de Drouin de proposer un premier roman quirefuse toute facilité. Une voix unique, que l’on voudra suivre.
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