Photo : Yanick MacDonald |
Texte nécessaire, donc. Pour l'auteure, d'abord, qui ne pouvait pas ne pas raconter cette histoire scabreuse et qui l'a transformée en monologue dans lequel une femme seule raconte: le quotidien de ces femmes, les inégalités sociales qui scindent la ville, la violence gratuite que l'on tait, les enquêtes qui ne mènent nulle part. Avec maîtrise et retenue, Linda Laplante donne une voix à ces femmes qui n'en ont plus, qui n'en ont au fond jamais eu, symbolisées par deux douzaines de paires de chaussures à l'avant-scène. En cours de narration, la voix intérieure du personnage prend le dessus, s'offusque, se questionne, se révolte, fera voler en éclats décor aussi bien qu'illusions, moment fort de ce texte aux aspérités évidentes, pourtant traité de façon presque délicate - peut-être parfois trop. Ici, les adjectifs et les énumérations se groupent souvent par trois, insufflent au texte un rythme implacable. Celui de la marche vers la mort pour les victimes, vers le refus d'accepter une seconde de plus l'intolérable pour nous.
« Qui est coupable? Qui est responsable? » La question hante, déstabilise. « Demain, tu n'y penseras plus. » Impossible maintenant de détourner le regard, de ne pas chercher à en savoir plus. (On peut par exemple visionner le webdocumentaire La cité des mortes ici...) Mission accomplie donc pour ce travail de mémoire, ce devoir de divulgation, ce cri venant des profondeurs.
Jusqu'au 21 novembre au Théâtre de Quat' Sous.
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