mardi 31 décembre 2013

Lucie au théâtre en 2013

5018 rue Cartier - L'art de la conversation (Zone Homa)
Ain't misbehavin' (Segal Centre)
À petites pierres (Dramaturgies en dialogue)
Bal littéraire (Jamais lu / Écuries)
Berlin appelle (Goethe-Institut)
Ce corps qui parle (Espace libre)
Cendrillon (Théâtre français du CNA)
Cheese (Usine C)
Clôture de l'amour (Quat'Sous)
Conte d'amour (FTA )
Déluge (La Chapelle)
Et si je les tuais tous, madame? (Dramaturgies en dialogue)
Fatal (Espace libre)
Grains de sable (Espace libre)
Hypno (Prospero)
Je ne tomberai pas - Vaslav Nijinski (Danse-Cité / Quat' Sous)
Jusqu'où te mènera ta langue (Maison de la culture Ahuntsic)
Kiss & Cry (Usine C)
L'assassinat du président (Théâtre d'Aujourd'hui)
L'atelier aux méduses (Dramaturgies en dialogue)
L'augmentation (Segal Centre)
L'ennemi du peuple (FTA)
L'ouest solitaire (Prospéro)
L'écolière de Tokyo (Dramaturgies en dialogue)
L'écorce de nos silences (Maison de la culture Frontenac)
La bête (Salle Fred-Barry)
La cantate intérieure (Jamais lu / Écuries)
La concordance des temps (Usine C)
La dernière interview (Espace libre)
La femme corbeau (Prospero)
La grande et fabuleuse aventure du commerce (FTA)
La maison sucrée (Dramaturgies en dialogue)
Le P'tit Jourdain (Salle Fred-Barry)
Le dénominateur commun (Jamais lu / Écuries)
Le grand cahier (Maison de la culture Côte-des-Neiges)
Le tour du monde en 80 jours (Salle Fred-Barry)
Les Atrides (Église Saint-Jean-Baptiste)
Les muses orphelines (Duceppe)
Les autres (Maisons de la culture Côte-des-Neiges)
Les bas-fonds (Ateliers Jean-Brillant)
Les larmes du ciel d'août (Dramaturgies en dialogue)
Les oiseaux mécaniques (Espace libre)
Moi et l'autre (Jamais lu / Écuries)
Moi et une love letter (La Chapelle)
Moi, dans les ruines rouges du siècle (Théâtre d'Aujourd'hui)
Nella Tempesta (FTA)
Oléanna (Prospéro)
Othello (Centre Segal)
Pervers (La licorne)
Pour un oui ou pour un non (Prospero)
Quartett (La Chapelle)
Se mettre dans l'eau chaude (ATSA / Espace libre)
Soledad au hasard (Petite licorne)
Spasmes (Espace libre)
Spin (Zone Homa)
Still Untitled /Encore sans titre (Centre des arts contemporains du Québec à Montréal)
Tu é moi (Ateliers Jean-Brillant)
Une vie pour deux (Espace Go)
Viande à chien (Espace libre)
Warwick (Salle Fred-Barry)
Yellow Moon (La licorne)



lundi 30 décembre 2013

Mon année 2013 en littérature

Ouf! Les records sont faits pour être homologués ou battus, semble-t-il... En cette fin d'année 2013, j'aurais lu 143 livres. Le chiffre peut paraître astronomique, mais je tiens ici néanmoins à préciser que cette année aura été marquée par un amour décuplé de la poésie (des livres bien moins longs à lire, même si plus denses) et la lecture de quelques bandes dessinées. Voici donc quelques coups de cœur (une liste complète avec liens activés apparaîtra dans les prochains jours)...

ROMAN QUÉBÉCOIS

Emmanuel Kattan, Les lignes de désir: une histoire bien racontée, une écriture maîtrisée  
Eza Paventi, Les souliers de Mandela: pour le dépaysement et les images
Louise Dupré, La memoria: pour l'écriture poétique, toute en retenue
Marie-Christine Arbour, Chinetoque: parce qu'il y a quelque chose dans la voix d'Arbour qui me séduit à chaque fois

ROMAN ÉTRANGER

Alessandro Baricco, Emmaüs: un très bel opus de l'auteur italien
Christine Kerdellant et Pierre Maurienne, J'ai bien aimé le soir aussi: j'ai adoré cette narration à deux voix d'une histoire d'amour (presque) condamnée d'avance
Erri de Luca, Les poissons ne ferment pas les yeux: un très joli récit d'enfance
Jean-Philippe Toussaint, Nue: pour la maîtrise exceptionnelle de l'écriture et la scène de la robe de miel
Mia Couto, L'accordeur de silences: pour la beauté de la plume et la façon unique, presque onirique, de narrer une histoire
Michèle Lesbre, Un lac immense et blanc: une autre voix féminine qui me parle à tout coup ou presque
Thomas Sandoz, Les temps ébréchés: un moment hors du temps, qui nous force à entendre autrement
Véronique Olmi, Nous étions faits pour être heureux: pour la musique qui se dégage de ce texte

ESSAI

Henry David Thoreau, Sept jours sur le fleuve: parce que Thoreau reste toujours une inspiration pour moi
Pascal Quignard, Les désarçonnés: un autre texte essentiel de Quignard

POÉSIE 

Carole Forget, Le sol ralentit sous mes pas: j'ai ressenti un amour viscéral pour ce texte
Denise Desautels, Sans toi, je n'aurais regardé si haut: une promenade en mots et en souvenirs dans le Parc Lafontaine

BANDE DESSINÉE

Christian Quesnel, Ludwig: un objet superbe
Isabelle Arsenault et Fanny Britt, Jane, le renard et moi: pour l'universalité de l'histoire, pour ce regard sur les livres, pour les illustrations
Guy Delisle, Chroniques birmanes: pour le ton et le regard Delisle







dimanche 29 décembre 2013

Mon année 2013 en théâtre

Je savais que j'allais souvent au théâtre (certaines semaines, j'ai vu trois pièces différentes), mais n'avais pas tout à fait réalisé l'ampleur de cette passion. Il semblerait que j'aie vu 80 productions différentes (si je n'en ai pas oubliées!), aussi bien dans des théâtres institutionnels que dans des appartements privés. (Vous aurez accès à la liste complète, avec liens activés vers les critiques, dans les prochains jours.)

Alors, quelles pépites restent au fond du tamis?

FESTIVALS

Si j'ai beaucoup aimé plongé à huit reprises (parfois seule, parfois avec une amie) dans l'effervescence du FTA (quelle belle invention que ce passeport qui rendait le tout fort abordable), que j'ai adoré mes soirées à Dramaturgies en dialogue (édition consacrée cette année à l'Afrique) et à Zone Homa (si seulement la Maison de la culture était juste à côté du métro!), mon coup de cœur va au Festival du jamais lu, pour le plaisir de découvrir des œuvres en chantier, que l'on hâte de voir montées.

Je retiendrai particulièrement de ces soirées aux festivals: 26 lettres: l'abécédaire des mots en perte de sens (Jamais lu / Écuries), 5018 rue Cartier - L'art de la conversation (Zone Homa), L'atelier aux méduses (Dramaturgies en dialogue), L'ennemi du peuple (FTA), L'homme atlantique (FTA), Les têtes baissées (Zona Homa) et À petites pierres (Dramaturgies en dialogue).

PRODUCTIONS RÉGULIÈRES

Réussirai-je à obtenir un top 10? Tentons le coup.

1 - Les Atrides (Église Saint-Jean-Baptiste): pour l'imaginaire, le lieu, le concept
2 - Quartett (La Chapelle): pour le jeu exceptionnel des actrices, la mise en scène
3 - Moi, dans les ruines rouges du siècle (Théâtre d'Aujourd'hui): pour le texte, le jeu de Sasha Samar qui raconte sa propre histoire, mais avec les mots d'un autre
4- Cendrillon (Théâtre français du CNA): pour la féerie, mais surtout la justesse de la relecture de Pommerat
5 - Waiting for the Barbarians (Segal Centre, troupe sud-africaine): pour avoir réussi à transmettre de façon poétique l'univers de Coetze
6- Le tour du monde en 80 jours (Salle Fred-Barry): pour le côté absolument jouissif de la production
7- Les hivers de grâce de Henry David Thoreau (Usine C): pour la finesse avec laquelle Denis Lavalou a rendu hommage au grand transcendantaliste
8- Instructions pour un éventuel gouvernementsocialiste qui souhaiterait abolir la fête de Noël (Théâtre d'aujourd'hui): pour le feu qui animait les acteurs
9- Yellow Moon (La licorne): pour le texte, les choix narratifs
10 - Spasmes (Espace libre): pour l'imagerie associée à Francis Bacon qui s’imprègne dans le subconscient

Un de plus en prime, dans la catégorie inclassable (nanodanse), une production belge: Kiss & Cry (Usine C): un grand moment de tendresse





samedi 28 décembre 2013

Mon année 2013 en musique

Avant de remiser notre calendrier 2013, de repartir mes listes de lecture et de théâtre à zéro, je vous offre au cours des prochains jours des retours en musique, en théâtre et en littérature sur cette année fertile en émotions.

Parce que cette année m'a révélé que ma langue maternelle était peut-être au fond la musique, alors qu'un horaire estival allégé m'a offert le luxe de pouvoir m'asseoir trois ou quatre heures par jour à l'instrument (l'automne a été passablement moins propice à ces épanchements), à tout bien tout honneur, je commence en musique.

CLASSIQUE

L'Orchestre du Festival de Budapest: l'année a commencé en lion avec ce concert unique de la phalange hongroise. Il faisait très froid ce soir-là, mais quelques instants ont suffi pour nous le faire oublier. À relire ici...

Le récital de Menahem Pressler lors de la Virée classique de l'OSM: ce n'était pas parfait techniquement (Pressler a quand même célébré son 90e le 16 décembre, en se payant le lendemain un concert avec le Concertgebouw d'Amsterdam), mais il y avait une telle intelligence dans son interprétation que ce concert reste assurément une leçon de piano. Ma critique ici...

Collectif 9: Je pensais grincer des dents (du classique amplifié, vraiment?), mais suis sortie le sourire aux lèvres. Un groupe dynamique, qui transmet la grande (hum...) musique autrement, notamment à travers des vidéos particulièrement soignées. J'assisterai assurément à un autre de leurs concerts en 2014. Ma soirée au Rialto...

MUSIQUE CONTEMPORAINE

Dead Man Walking: Je l'attendais avec impatience et je n'ai absolument pas été déçue. Une production de l'Opéra de Montréal qu'il aurait été indécent de rater, qui mettait de l'avant une distribution soignée, une mise en scène des plus efficaces et une émotion certaine. Je me sers d'ailleurs de ce succès incontestable pour articuler une réflexion sur la difficulté de voir de l'opéra contemporain à Montréal dans le numéro courant de la revue Jeu. Ma critique ici...

La rencontre avec le compositeur Frédéric Chiasson, aussi bien avec l'homme que sa musique. Urbania est assurément une pièce d'une rare efficacité.  La preuve par dix que la musique contemporaine n'a pas besoin d'être une prise de tête. À relire ici...

À court de mots: Un auditorium de la Grande Bibliothèque bondé, une effervescence palpable, un projet un peu fou (jumeler de la musique contemporaine, interprétée en direct par l'Ensemble Arkea, à des courts métrages muets), une rencontre des genres mémorable. À revivre ici...

La création du Concerto de l'Asile de Walter Boudreau: N'y avait-il pas meilleur hommage à rendre à Claude Gauvreau au fond que de l'évoquer en musique? Une foule en liesse après une seule écoute d'une oeuvre tantôt pyrotechnique, tantôt intime, la possibilité de réécouter le tout sur Espace Musique, un enregistrement en vue. Je reviens sur le tout dans le numéro courant de Jeu, consacré au thème de la mémoire du théâtre.

Rencontres virtuoses: Deux violonistes exceptionnels, Andrew Wan et Jonathan Crow, tous deux premiers violons solos (l'un à Montréal, l'autre à Toronto) ont uni leurs talents indéniables, un soir seulement, pour nous présenter un périple musical unique, d'un niveau exceptionnel. Mon compte rendu ici...

MUSIQUE POPULAIRE

The Golden Age de Woodkid: le jeune homme est brillant, tant en studio que dans ses réalisations de clips (c'est d'ailleurs à travers une vidéo que j'ai découvert l'album), mais en spectacle au Métropolis, ouf!, ça déménageait! Pressées à quelques mètres de la scène (position que j'aurais probablement abhorrée dans d'autres circonstances), j'ai vibré au rythme des percussions, me suis laissée traverser par les cuivres efficaces et ai chanté à tue-tête, comme tous les autres, les déjà classiques de ce premier album. Pour revivre la soirée...

jeudi 26 décembre 2013

Dessine-moi une chanson

Une petite histoire charmante, dans laquelle la musique joue un rôle essentiel, tirée des voûtes inépuisables de l'ONF. Parce que, parfois, on a besoin de se faire rappeler la présence de notre enfant intérieur...

mercredi 25 décembre 2013

Joyeux Noël!

Un très joyeux Noël à vous tous! Puissiez-vous, au milieu du tourbillon des festivités, prendre quelques instants pour vous retrouver avec un livre ou un disque, contempler la neige qui tombe mollement ou le feu qui crépite dans la cheminée ou vous rappeler la douceur des bras de l'être aimé.

 

lundi 23 décembre 2013

Nous

Nicolas Gilbert semble disposer d’une faculté innée à se métamorphoser. Après avoir proposé un roman à clés campé dans le monde de la musique contemporaine (Le récital), une histoire toute en légèreté qui laissait le lecteur sourire aux lèvres (Le joueur de triangle) et un opus qui flirtait avec le fantastique, l’action se déroulant à deux périodes distinctes de l’histoire (La fille de l’imprimeur est triste), il opte avec Nous pour un roman choral, mais d’une grande intimité. 

À travers les destins en apparence parallèles de Simon, qui manie les modèles mathématiques avec une rare aisance, de son père André, surveillant d’atelier textile qui, à quelques semaines de la retraite anticipée, se voit habité par des questionnements existentiels et souhaite soutenir Natacha, une collègue qui doit se battre contre la lourdeur de la bureaucratie (à un moment personnifiée par un fonctionnaire s’appelant… Nicolas Gilbert!) et de Ma Fan, jeune étudiant chinois qui peine un peu à s’inscrire dans sa nouvelle vie, l’auteur nous livre un roman tout en retenue, pianissimo, qui nous renvoie à la place du « je » dans le « nous ». Au 21e siècle, sommes-nous condamnés à vivre seuls et à éviter les liens avec l’autre? Pouvons-nous encore nous définir en tant que collectivité?

Écrit alors que les effluves du Printemps érable étaient encore frais, Nous déjoue d’abord le lecteur. Certes, on reconnaît bien la manière Gilbert, également compositeur prolifique : une certaine linéarité qui favorise une compréhension du matériau dès le premier contact, un traitement des histoires comme motifs musicaux, d’une longueur déterminée, les tonalités sous-jacentes de l’une devenant un étonnant contrepoint à une autre. Le déracinement de Simon, insomniaque peu importe le pays qui l’accueille, devient par exemple écho à celui de Ma Fan, qui fréquente un café après l’autre, incapable de réellement s’ancrer dans cette nouvelle ville ou au sédentarisme d’André, pourtant loin de se sentir limité par ce que d’autres considéreraient une routine banale. Si l’action se dénoue sur le chemin de la Côte-des-Neiges pendant sa reconstruction (moment pénible que les résidents de l’arrondissement n’ont pas encore entièrement oublié), l’auteur nous fait aussi voyager dans le Vieux-Rosemont (son quartier), dans Ville St-Laurent (André et Natacha y travaillent), au centre-ville (Place Dupuis et ses environs immédiats, d’où partaient les manifestations étudiantes, rappelons-le) et à New York.


Si l’on suit avec intérêt le destin des personnages, se demandant bien comment ceux-ci se croiseront, on se perdra peut-être dans les références aux Confessions de Saint-Augustin, motif religieux trop surimposé pour ne pas paraître par moments plaqué. Simon aurait pu feuilleter et voler le livre dans ce café de New York, certes, y voir un signe, mais les longues citations finissent par alourdir un peu le propos, comme les « suivis » des travaux, même si ceux-ci joueront un rôle crucial dans le dénouement de l’histoire. N’empêche, une fois le livre refermé, on ne peut qu’amorcer – poursuivre – une réflexion sur le rôle que nous jouons dans cette société qui nous rappelle quotidiennement ses limites, mais demeure néanmoins la nôtre.

samedi 21 décembre 2013

L'esprit de famille: accommodements plus ou moins raisonnables

Photo: François Brunelle
Trois frères: François l’informaticien, Yvon l’avocat, David le dentiste. Trois belles-sœurs qui n’ont rien, mais absolument rien en commun. Christelle vend des propriétés de luxe et porte des vêtements griffés. Martine ne peut s’empêcher de corriger les erreurs de syntaxe, mais possède une redoutable langue de vipère. Nicole, femme au foyer, vaguement nunuche, lève même la main pour parler et mettre son grain de sel – ou de sable dans l’engrenage. Elle a eu l’idée plus ou moins heureuse d’inviter Talia, secrétaire de son mari, à la pendaison de crémaillère. La voluptueuse créature, qui connaît intimement les trois frères, sèmera en quelques phrases assassines le trouble et la soirée un chouia engoncée tournera rapidement au règlement de compte.
L’esprit de famille d’Éric Assous avait d’abord été présenté en 2011 au Théâtre de Rougemont et dégage un parfum estival certain. Les portes claquent, les quiproquos se multiplient, les personnages sont campés à gros traits. Quelques répliques suffisent pour comprendre les motivations et surtout les faiblesses de chacun. L’adaptation de Michel Tremblay se décline plutôt comme une transposition, étonnamment humble, de cette comédie parisienne qui avait remporté cinq Molières lors de sa création en 2007. Le ton, l’intonation et les référents se veulent assurément québécois, mais pas une seconde Tremblay ne surimpose son univers à celui d’Assous.
Vous pouvez lire le reste de cette dernière critique 2013 sur le site de la revue Jeu...
La pièce est présenté par la Compagnie Jean-Duceppe jusqu'au 8 février 2014.

jeudi 19 décembre 2013

Vertiges

Nous vivons à l’ère de l’instantané, des tendances qui s’essoufflent après quelques semaines (ou quelques heures), des faux-semblants. Dans son premier roman, Fredric Gary Comeau opte volontairement pour une narration fractionnée, autant d’éclats kaléidoscopiques, de moments attrapés au vol. Malgré ce parti pris, il réussit à éviter le piège du traitement en surface, privilégiant une plongée au cœur même de la matière humaine. Certes, le lecteur pourra, de prime abord, ressentir un léger étourdissement, alors que l’auteur passe en quelques paragraphes ramassés d’un personnage à l’autre, évoquant fort habilement leurs pulsions, leurs envies, leurs vertiges, parfois liés à la sexualité, parfois au danger. Certains se déclinent en couleurs pastel, d’autres franchement sombres. Pour prendre la pleine mesure du roman, il faut cesser de tout rationaliser et accepter de suivre jusqu’au bout ces écheveaux qui se croisent, pour une nuit ou une vie. « Le hasard passe autant par l’appétit et le verbe que par la haine et la perte. » Il faut surtout laisser résonner en nous leurs échos, car qu’on le réalise sur le champ ou non, Comeau nous convie en fait à un voyage, dont la destination finale n’a au fond qu’une importance toute relative. Après tout, comme l’affirmait Christophe Colomb, « On ne va jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va. »
Comeau demeure, d’abord et avant tout, un poète, et plusieurs des chapitres se révèlent de véritables poèmes en prose. Au tournant d’un paragraphe, on s’arrête, corne une page, revient sur une phrase, est tenté de la relire à voix haute; « Le français, c’est une lumière de fin d’après-midi dans une cathédrale gothique pendant un récital de clavecin » ou « Le monde sera toujours à refaire, un regard ou une syllabe à la fois », par exemple. Malgré cette respiration imposée – sans qu’elle oppresse le lecteur –, les multiples références aux arts visuels qui en dérouteront certains et en raviront les autres, à la musique de la fin du siècle dernier, on avale les fragments comme Hope les kilomètres et, au fil de ce récit contrapuntique, on s’attache aux personnages, mais surtout à la plume incisive, unique, de Comeau.

mardi 17 décembre 2013

La désolation

Les recueils de nouvelles ont parfois cette fâcheuse tendance à vous échapper. Vous refermez le livre, le glissez dans votre bibliothèque et, quelques semaines plus tard, vous vous dites que vous avez oublié toutes ces bribes de destins, évoqués à mots plus ou moins couverts. Pourtant, je garde un souvenir très précis de La légende des anonymes et autres promenades de Jérémie Leduc-Leblanc, lu il y a plus de deux ans. Au-delà des effluves plus ou moins délétères de deux ou trois personnages forts qui me reviennent encore (ah! cette Rose de Panamá!), ce qui me reste de ce premier recueil est plutôt question de ton, de rythme, de timbre, une façon presque nonchalante de se promener d’un registre à l’autre, de plonger à chaque fois dans le vif d’une émotion.
Quelques pages de La désolation ont suffi pour que je retrouve cette voix unique que possède Jérémie Leduc-Leblanc, même si les univers m’ont paru ici encore plus désespérés – le titre n’a certes pas été choisi au hasard –, plus irréversibles peut-être. L’air que les protagonistes respirent est raréfié, qu’ils en soient à leurs dernières secondes (« Les amants d’un jour » ou « Un soir de pluie ») ou aux derniers mois d’une vie (« Et maintenant »). « Maintenant, il n’y a plus que ce mot. / Et lui seul, désormais, pour l’enlacer. / Ses bras pour l’étreindre. / Et ses doigts pour lui fermer les yeux. / Jusqu’à la fin. / Il ne la quittera plus. » Avec cette précision – qui n’a rien de chirurgical – qui lui est propre, l’auteur capte cet infime moment où tout peut basculer, cette seconde de déséquilibre profond, qui reste en travers de la gorge ou continue d’habiter, des années après. « Encore aujourd’hui, je t’aime sans réserve comme un corps à la dérive, radeau sans voile sur un océan où flottent de concert des icebergs et des pétales de rose », se confiera dans son journal la narratrice de la très troublante « Aranjuez mon amour ».
Tout n’est pas sombre au royaume de La désolation toutefois. Il faut saluer ici la maestria avec laquelle l’auteur se joue de nous dans « Si j’étais un homme », histoire d’un coming out pas tout à fait comme les autres, la lecture caustique qu’il fait de cette femme revenue de tout dans « Killing Me Softly », mais aussi le regard presque attendri qu’il pose sur Shamira dans « Inch Allah » et la poésie de « On a Clear Day », histoire d’un chauffeur de taxi qui vit en direct le séisme en Haïti. De plus, comme dans son premier recueil, Leduc-Leblanc nous offre un touchant hommage à l’écriture (« Les mots bleus »). 
« Il avait cru à toutes ces bêtises d’écrivain parce que ça signifiait qu’il existait quelque part un point zéro, c’est-à-dire un lieu à partir duquel tout était encore possible, et parce qu’écrire, c’est aussi apprendre à marcher sur des poutres, sans craindre le vide sous nos pieds. »
On ne peut que saluer ce deuxième recueil éloquent et abouti.

lundi 16 décembre 2013

Quand la magie est dans l'air...

Les flashmobs dans les gares, c'est bien, mais que diriez-vous d'un piano qui répond à vos désirs, vous interpelle, vous accompagne ou signale votre présence? Irrésistible...

dimanche 15 décembre 2013

Vertiges recrue de décembre

Le hasard a fait que Vertiges de Fredric Gary Comeau, notre Recrue de décembre, à notre tableau depuis des mois déjà, reçoive à la fin novembre à Lyon le prix Jacques-Cartier du roman et de la nouvelle de langue française, coiffant au fil d’arrivée quelque 200 ouvrages. La poète Nicole Brossard, présidente du jury a souligné : « Vertiges est un roman mosaïque travaillé par la poésie et la musique, qui épouse les langues de l’Amérique contemporaine, dans lequel Fredric Gary Comeau orchestre coïncidences et réminiscences. Il s’agit d’un véritable chassé-croisé de voix, de personnages, de villes et d’œuvres auquel répond une vivace musique de l’intime, du désir et de la création. Avec ce premier roman, Fredric Gary Comeau nous offre, dans une langue habitée d’une parfaite tension poétique, une constellation de destins dans laquelle se déploie la modernité d’une écriture et d’un art de la vie devant soi, quels que soient les vertiges et les obstacles. Un très beau roman comme une percée de vie dans l’espace contemporain qui nous emporte ». Nos collaborateurs ont eux aussi été particulièrement sensibles à cette écriture unique. En accord avec cette période de festivités, nous vous invitons aussi à découvrir les réponses à nos 40 questions de l’auteur – pourquoi choisir au fond, quand on peut se montrer généreux? –, qui se considère un « psychopathe de la lecture ». Plusieurs d’entre vous s’y reconnaîtront.
Vous l’avez sans doute constaté depuis le temps : nous suivons nos primoromanciers avec amour et tendresse et ne pouvons que nous réjouir quand l’un d’eux publie un deuxième opus. Ce mois-ci, nous vous proposons deux ouvrages un peu atypiques, Pour une dernière fois, je m’abaisserai dans tes recoins, novella aux accents mystiques de Patrick Drolet, et La désolation, deuxième recueil de nouvelles de notre recrue d’avril 2011, Jérémie Leduc-Leblanc.
Côté repêchage, la palette abordée est riche. Le fil des kilomètres de Christian Guay-Poliquin se lit presque comme un prolongement d’Edmonton de Guillaume Berwald, notre recrue de novembre. Articulé autour d’une famille à l’énergie contagieuse, Jeanne chez les autres de Marie Larocque se décline comme une tragicomédie haute en couleurs. DansL’ensorceleuse de Pointe-Lévy de Sébastien Chartrand nous amène plutôt au Bas-Canada, en 1849, et nous ouvre à la pratique de la version théurgique des arcanes. Alors que Fredric Gary Comeau a cédé à l’appel de la fiction après avoir publié une douzaine de recueils de poésie et écrit de nombreuses chansons, le salué dramaturge René-Daniel Dubois sort lui aussi un peu de sa zone de confort avec Porte d’entrée, un premier roman qui se veut néanmoins prolongement de son travail théâtral, qui a beaucoup plu à notre collaboratrice Christine Champagne, tout comme Les arbres voyagent la nuit de la Française Aude Le Corff.
Que vos fêtes de fin d’années soient remplies de joie, de sourires, de tendresse… et de livres!

samedi 14 décembre 2013

De la lecture par strates

J'ai enfin pris le temps de regarder No et moi hier, prêt d'une amie. Si je me rappelais encore assez bien de la trame narrative du livre (ce qui est plutôt bon signe, cinq ans après), j'admets que j'ai tout de même été surprise par les strates de lectures émotionnelles qui se sont greffées au visionnement.

En effet, j'ai acheté mon exemplaire du roman dans une librairie, dont je me rappelle encore très bien la disposition, à Paris, pas loin du Musée d'Orsay, quelques semaines (mois) après l'annonce que le livre avait remporté le Prix des libraires 2008 (j'ai encore le bandeau, un peu déchiré). J'y mettais alors les pieds pour la première (et unique) fois, bouquinais un peu distraitement. Je me rappelle avoir ramassé quelques plaquettes historiques et artistiques à offrir en cadeau, puis d'avoir instinctivement fixé mon choix sur ce livre. Je ne connaissais pas l'auteure (je me suis reprise depuis, ayant lu plusieurs de ses titres et demeurant sensible à sa plume si particulière), mais me rappelle encore de l'émotion ressentie quand j'avais plongé dans ce livre, peu de temps après mon retour en sol natal.

Les images m'ont également fait basculer en quelques secondes dans un Paris que je connais bien, car la rencontre entre No et Lou se fait Gare d'Austerlitz, gare parisienne que j'ai fréquenté à de nombreuses reprises, lors de mes expéditions répétées chez Caro dans le Berry... La disposition des voies, les kiosques de viennoiseries, les appels sonores qui précèdent les annonces, tout me rappelait l'un de ces voyages, tant dans une direction que dans l'autre, seule ou accompagnée. Les gares restent des lieux magiques, qui emprisonnent des émotions à taille humaine, bien plus que les aéroports, propices aux montagnes russes. (Comment ne pas être bouleversé quand on vient de faire 6000 km pour retrouver quelqu'un que l'on aime!)

Le film lui-même est intéressant, très proche de l'essence même du livre, grâce à un scénario et des dialogues qui sonnent vrai, ainsi qu'un choix d'acteurs judicieux. Certaines scènes de défoulement adolescent resteront certes gravées dans ma mémoire, même si je n'ai évidemment jamais mis les pieds dans un appartement parisien aussi luxueux que celui qu'habite Lucas!

On se plaint souvent des adaptations cinématographiques... Dans ce cas-ci, je me souviendrai de celle-ci pour le voyage intérieur qu'elle m'a permis de réaliser par une très froide soirée hivernale.

mardi 10 décembre 2013

Alter-face

Parfois, on a besoin de se faire rappeler certaines choses. Dimanche après-midi, je me suis rappelée que j'aimais profondément le côté organique du duo de pianos. Si le quatre-mains est plus intime, exige que l'on laisse son égo au vestiaire et accepte de ne faire qu'un avec l'autre, le deux pianos relève plutôt de l'architecture. À deux « instruments-rois », impossible de ne pas ériger de très grandes choses. 

Pourtant, de façon presque paradoxale, c'est à travers une palette toute en demi-teintes, avec grande subtilité, en travaillant parfois dans l'infiniment petit, reprenant inlassablement un motif ou une texture (comme le propose Kevin Volans dans Cicada), que Brigitte Poulin et Jean Marchand ont séduit le public présent à la Salle Tanna Schulich. Si le titre du programme reprenait le titre d'une oeuvre récente (2004) d'Aperghis qui explore l'altérité (« Je est un autre ») et dont toute dimension théâtrale associé au compositeur iconoclaste semble occultée, Alter-face aurait aurait pu être sous-titré « Étude en résonance », tant chacune des pièces au programme maximisait les jeux de registres, mais surtout une réelle vibration sympathique entre les deux instruments.

En ont éloquemment témoigné les Figures de résonances de Dutilleux, exploration magistrale des couleurs et des timbres, qui ne peut qu'évoquer le travail d'exploration atmosphérique réalisé par Debussy dans ses Préludes pour piano. L'habillage pour deux pianos du mythique Pulau Dewata de Vivier (fidèlement arrangé par Denis Gougeon) aura peut-être été un peu moins convaincant (le piano aurait-il ici démontré ses limites?), mais a certes arraché quelques sourires lors d'un dialogue inusité entre piano-jouet et vibrations dans le très grave du deuxième piano.

Si on ne devait retenir qu'une seule des cinq pièces proposées, ce serait sans hésitation l'Andante sostenuto de Denis Gougeon, d'après un magnifique poème de Fernand Ouellette faisant lui-même référence au mouvement lent de l'ultime sonate de Schubert. Ici, le compositeur a su tirer profit des forces des instruments en présence, mais aussi de la complémentarité de ses interprètes, en réelle communion, en intégrant au tissu musical passages arpégés couvrant toute l'étendue du piano, lancinant rappel du do dièse, notes répétées, forme ternaire qui évoque aussi bien les grands arcs schubertiens que le rythme inhérent à la poésie de Ouellette et « chant secret » du texte. Les applaudissements nourris ne s'étaient pas encore taris que j'avais jeté un regard en coin à mon ami Normand qui m'accompagnait pour lui demander: « On la joue? » Signe indéniable de l'impression que l'oeuvre, dès la première écoute, avait laissée en moi...

vendredi 6 décembre 2013

Marathon d'écriture Amnistie internationale

Écrire, ça libère! Amnistie internationale Canada francophone (AICF) organise 30 marathons d’écriture dans plusieurs villes du Québec et vous invite à écrire des messages de solidarité aux victimes de droits humains afin de leur redonner espoir.

À Montréal,  vous pourrez vous joindre au Marathon d’écriture demain 7 décembre de 11 h à 18 h à la Maison du développement durable et signifier aux personnes victimes d'injustices qu’on ne les oublie pas, par le biais d’un message, d’une lettre, d’un dessin. Un lien solidaire et de réconfort en faveur des droits et libertés dans le monde entier.

 . 

jeudi 5 décembre 2013

La femme-corbeau: retrouver son oiseau intérieur

Une jeune femme se raconte, mais aussi cette mère qu’elle n’a pas connue, factrice de son métier, qui un jour, à force d’être raillée, a choisi de refaire sa vie ailleurs. Les villageois l’ont surnommée la femme-corbeau, un oiseau lui servant de compagnon, mais surtout parce qu’elle vit à l’écart et que leurs mots de tous les jours ne suffisent pas à la circonscrire.
Photo: David Girard
Marcel Cremer, auteur issu de la communauté germanophone belge, est monté pour la première fois au Canada et nous ne pouvons que remercier la metteure en scène Milena Buziak d’avoir voulu transmettre cette parole étonnante, souvent poétique, plaidoyer au droit à la différence et à la tolérance. «Les autres aussi ont leur oiseau sur leur épaule, sauf ceux qui leur ont tordu le cou.» Comme le Wozzeck de Buchner, le texte est découpé en fragments, autant de petites histoires qui finissent par former celle d’une vie, remuent profondément, font rire ou suscitent le questionnement. Grâce à des pauses intégrées dans le discours, moments pendant lesquels la musique offre une deuxième voie narrative, le propos prend alors tout son sens.
La suite de ma critique est sur le site de Jeu...

mardi 3 décembre 2013

Ça ira

« C’était un corps – si on peut encore appeler ça un corps – comme elle n’en avait jamais imaginé auparavant, une peau terne et froissée qui paraissait sur le point de se déchirer sous la pointe des os, des angles aigus partout, une carcasse de ville femme au bord de l’inanition. » 
Trop peu de livres traite de ce sujet terrible de l'anorexie et encore moins des romans. Il y a quelques années, alors que j'accompagnais une amie sur cette route ardue, en simple témoin, souvent dépassée par la puissance de cette bête qui rongeait aussi bien son corps que son esprit, j'aurais aimé pouvoir lire un livre comme Ça ira d'Annie Loiselle, l'auteure ayant su aussi bien raconter l'histoire de l'intérieur que de l'extérieur. 
« L’anorexie lui permettait d’être mieux que tout le monde.Se libérer de cette maladie, c’est renoncer à l’identité qu’elle s’est construite, à l’équilibre, même illusoire, sur lequel toute sa vie repose. »
Ayant elle-même souffert d'anorexie, maintenant mère, elle avait déjà abordé le sujet de façon plus clinique dans Les affamées - Regards sur l'anorexie en 2003. Cette fois, elle prend la voie détournée de la fiction, sans doute plus puissante, pour nous raconter l'histoire de Zoé, 17 ans, qui, étouffée par l'amour de sa mère, décide de s'en émanciper en disparaissant.
« Elle blâme sa mère nourricière de l’avoir trop nourrie, trop bien habillée, trop aimée. Elle étouffe et elle voudrait maigrir pour s’extirper du carcan de l’amour. » 
Autour d'elle gravitent Béatrice, une infirmière habituellement pétillante de vie, qui doit apprendre à accepter le départ de son conjoint et ses multiples infidélités, ainsi que les parents de Zoé, la trop belle Juliette et le distant Léonard, incapables de se parler, à quelques silences d'un éclatement fatal. Mais la vie nous réserve parfois des surprises...

Annie Loiselle avait déjà démontré qu'elle savait raconter une histoire avec Tout ce que j'aurais voulu te dire, un très beau premier roman. Cette fois, elle va plus loin, forçant le lecteur à ne rien prendre pour acquis, l'invitant aussi bien à contempler la maladie dans les yeux qu'à constater ses ravages dans l'entourage de la victime plus que consentante. Le propos aurait facilement pu devenir misérabiliste. Il n'en est rien, peut-être parce que l'auteure a pris l'audacieux parti pris de ne pas seulement raconter une histoire, mais bien de suivre trois destins parallèles de femmes, trois héroïnes malgré elles qui devront s'émanciper de leurs peurs les plus profondes (l'anorexie pour Zoé, la jalousie pour Béatrice, les attentes entretenues par rapport à son physique pour Juliette) pour accepter de vivre de nouveau, presque malgré elles. De plus, en transformant ces femmes en personnages de théâtre, Loiselle permet également au lecteur d'atteindre une catharsis réelle car, inutile de se leurrer, nous avons tous, de près ou de loin, été confrontés à l'une des réalités évoquées ici. Humain, trop humain...




vendredi 29 novembre 2013

Cheese: sourire pour ne pas pleurer?

À l’invitation de Katya Montaignac, Nicolas Cantin, reconnu pour ses chorégraphies minimalistes, rencontre Michèle Febvre, interprète majeure des années 1970 et 
Phjoto: Nicolas Cantin
1980, ayant prêté son corps à certains des plus grands. Deux générations, deux voix, mais pourtant une langue commune et un passé partagé, celui de l’immigration. Cantin choisit de révéler Febvre en paroles, en musique et en gestes (on pourrait parler ici d’antimouvement tellement ce dernier est contraint presque du début à la fin), en un instantané éloquent, qui se découvre doucement à travers une série de motifs, transmis par la voix ou le corps, trafiqués comme les autofictions, nous en apprenant autant sur le chorégraphe que sur son sujet comme tout portrait réussi.
« Est-ce que tu me fais confiance? » D’entrée de jeu, la question est posée par Febvre qui, pour la première fois de sa carrière, se sert de sa voix pour communiquer – avec beaucoup de justesse d’ailleurs. Elle peut aussi bien s’adresser au chorégraphe qu’à l’interprète ou au public, qui devra faire fi de certaines de ses attentes pour céder autrement au propos.
Pour lire le reste de ma critique, c'est ici...
Vous pouvez encore assister à ce laboratoire ce soir et demain à l'Usine C...