La musique et l’écriture ont été de tout temps les deux pôles de la vie créatrice de l'auteure. Ce site se veut donc un hommage à la musique (particulièrement classique) et à la littérature, mais aussi au théâtre et aux autres manifestations artistiques.
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lundi 28 mars 2016
mardi 6 janvier 2015
Lucie est sortie en 2014...
En 2014, j'ai vu 73 spectacles qui n'étaient pas du théâtre... Je comprends mieux comment, en sortant un 150 fois dans une année, je commence à manquer de temps!
Arts visuels et photo
Exposition Adrian Paci (MAC)
Papiers 14
Peter Doig (MBAM)
Lemieux et Pilon (MBAM)
World Press Photo (Marché Bonsecours)
Alex Colville (AGO, Toronto)
Cinéma
Meetings with a Young Poet
La grande belezza
Tom à la ferme
La Vénus à la fourrure
A ras del cielo (documentaire sur le monde du cirque)
Le fantôme de l'opéra (version de 1925, avec improvisation à l'orgue)
Mommy
Into the Woods
Cirque
Intersection (Sept doigts de la main)
Small Tent... Big Shoulders (Midnight Circus)
Acrobates (Le Montfort)
Six pieds sur terre (Lapsus)
Barbu - Foire électro trad (Cirque Alfonse)
Curios (Cirque du soleil)
Reset (Throw2Catch)
The Rendez-vous (Krin Haglund)
Le soir des monstres (Monstre(s))
Le concierge (Anthony Venisse)
Méandre (TOHU)
Cuisine et confessions (Sept doigts de la main, TOHU)
Opus (Circa, TOHU)
Attrape-moi! (Flip FabriQue, TOHU)
Danse
O lit, Bouge de là (jeune public)
FAR, Wayne McGregor Random Dance (Danse danse)
Get a Revolver, Helena Waldmann (Danse danse)
Fault Lines, Leshan Song and Dance Troup (Spectaculairement Chine)
Emmac terre marine (Danse-Cité)
Pavement, Abraham.In.Motion (Danse danse)
Norman (5e Salle)
Songs of the Wanderers, Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan (Danse danse)
Tragédie, Olivier Dubois (Danse danse)
Be somebody else, Isabel Mohn (Danse-Cité)
Sad Sam Lucky (FTA)
D'après une histoire vraie (FTA)
Antigone Sr (FTA)
Soif, O Vertigo (Danse danse)
Tentacle Tribe et Wants & Needs Dance (Danse danse)
Akram Khan Company, itMOi (Danse danse)
Pina Bausch, Vollmond (Danse danse)
L'éveil (Coup de théâtre)
Marionnettes
Hôtel de Rive (Trois jours des Casteliers)
Musique classique
Winterreise de Schubert (Salle Bourgie)
Marathon Bach (Salle Bourgie)
Récital Marc-André Hamelin (Chapelle historique du Bon-Pasteur)
Récital de Yo-Yo Ma (Maison symphonique de Montréal)
LA Phil sous Gustavo Dudamel (Maison symphonique de Montréal)
Hansel et Gretel (Opéra de Montréal)
Récital de David Fray (Salle Bourgie)
Folk de Collectif 9 (Rialto)
Turandot (Opéra de Montréal)
Prix d'improvisation Richard Lupien
Gabriela Montero (Salle Pollack)
David Jalbert et Appassionata (Salle Bourgie)
Concours Musical International de Montréal (piano) ici et là
Récital Till Fellner (Centre d'arts Orford)
Nabucco (Opéra de Montréal)
Benjamin Grosvenor et l'OSM (Maison symphonique de Montréal)
Le barbier de Séville (Opéra de Montréal)
Musique contemporaine
Au rythme des papillons, production jeunesse du Moulin à musique
Marleau fête Gougeon (SMCQ)
Diego Espinoza (Innovations en concert)
Six thèmes solaires (SMCQ)
Le Rêve de Grégoire (Chants libres)
Notre Damn (La Chapelle)
Composition Machine (Centre Segal)
Écoute le silence - Un voyage avec John Cage (Coups de théâtre)
Comédie musicale
An American in Paris (Théâtre du Châtelet, Paris)
Arts visuels et photo
Exposition Adrian Paci (MAC)
Papiers 14
Peter Doig (MBAM)
Lemieux et Pilon (MBAM)
World Press Photo (Marché Bonsecours)
Alex Colville (AGO, Toronto)
Cinéma
Meetings with a Young Poet
La grande belezza
Tom à la ferme
La Vénus à la fourrure
A ras del cielo (documentaire sur le monde du cirque)
Le fantôme de l'opéra (version de 1925, avec improvisation à l'orgue)
Mommy
Into the Woods
Cirque
Intersection (Sept doigts de la main)
Small Tent... Big Shoulders (Midnight Circus)
Acrobates (Le Montfort)
Six pieds sur terre (Lapsus)
Barbu - Foire électro trad (Cirque Alfonse)
Curios (Cirque du soleil)
Reset (Throw2Catch)
The Rendez-vous (Krin Haglund)
Le soir des monstres (Monstre(s))
Le concierge (Anthony Venisse)
Méandre (TOHU)
Cuisine et confessions (Sept doigts de la main, TOHU)
Opus (Circa, TOHU)
Attrape-moi! (Flip FabriQue, TOHU)
Danse
O lit, Bouge de là (jeune public)
FAR, Wayne McGregor Random Dance (Danse danse)
Get a Revolver, Helena Waldmann (Danse danse)
Fault Lines, Leshan Song and Dance Troup (Spectaculairement Chine)
Emmac terre marine (Danse-Cité)
Pavement, Abraham.In.Motion (Danse danse)
Norman (5e Salle)
Songs of the Wanderers, Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan (Danse danse)
Tragédie, Olivier Dubois (Danse danse)
Be somebody else, Isabel Mohn (Danse-Cité)
Sad Sam Lucky (FTA)
D'après une histoire vraie (FTA)
Antigone Sr (FTA)
Soif, O Vertigo (Danse danse)
Tentacle Tribe et Wants & Needs Dance (Danse danse)
Akram Khan Company, itMOi (Danse danse)
Pina Bausch, Vollmond (Danse danse)
L'éveil (Coup de théâtre)
Marionnettes
Hôtel de Rive (Trois jours des Casteliers)
Musique classique
Winterreise de Schubert (Salle Bourgie)
Marathon Bach (Salle Bourgie)
Récital Marc-André Hamelin (Chapelle historique du Bon-Pasteur)
Récital de Yo-Yo Ma (Maison symphonique de Montréal)
LA Phil sous Gustavo Dudamel (Maison symphonique de Montréal)
Hansel et Gretel (Opéra de Montréal)
Récital de David Fray (Salle Bourgie)
Folk de Collectif 9 (Rialto)
Turandot (Opéra de Montréal)
Prix d'improvisation Richard Lupien
Gabriela Montero (Salle Pollack)
David Jalbert et Appassionata (Salle Bourgie)
Concours Musical International de Montréal (piano) ici et là
Récital Till Fellner (Centre d'arts Orford)
Nabucco (Opéra de Montréal)
Benjamin Grosvenor et l'OSM (Maison symphonique de Montréal)
Le barbier de Séville (Opéra de Montréal)
Musique contemporaine
Au rythme des papillons, production jeunesse du Moulin à musique
Marleau fête Gougeon (SMCQ)
Diego Espinoza (Innovations en concert)
Six thèmes solaires (SMCQ)
Le Rêve de Grégoire (Chants libres)
Notre Damn (La Chapelle)
Composition Machine (Centre Segal)
Écoute le silence - Un voyage avec John Cage (Coups de théâtre)
Comédie musicale
An American in Paris (Théâtre du Châtelet, Paris)
dimanche 30 mars 2014
Norman: pas de deux
« Enfin quelque chose de neuf dans l’art du dessin! », se serait exclamé Pablo Picasso, après avoir vu Hen Hop de Norman McLaren en 1942. Même si le spectacle a d’abord été créé en 2007 par le tandem Lemieux/Pilon, en collaboration avec le danseur et chorégraphe Peter Trosztmer, il n’a pas pris une ride, comme l’œuvre de McLaren, l’un des plus grands innovateurs du cinéma canadien.
McLaren signera au cours de sa carrière près de 60 films qui misent tous sur une transmission de l’émotion plutôt que sur l’étalage de la technologie, malgré leur côté expérimental, souvent volontairement abstrait. Norman joue lui aussi sur cette compréhension plus émotive qu’intellectuelle d’un langage. Les trois concepteurs vouent visiblement un amour profond au créateur «à la fois terrestre et céleste» et ont choisi d’aller au-delà du documentaire.
Certes, ils évoquent certains moments-clé de la vie du cinéaste (dont sa participation à la Guerre d’Espagne) et prennent soin de montrer ses grands films, d’Il était une chaiseà Voisins, lauréat d’un Oscar, d’une incroyable pertinence plus de 60 ans après (qui avait fait dire à son auteur que si tous ses films devaient être brûlés sauf un, il choisirait de le sauver). Ils nous offrent aussi des témoignages d’intervenants du milieu qui s’incarnent en tant qu’hologrammes, comme s’ils discutaient de façon informelle avec Peter Trostzmer.
Pour lire le reste de ma critique...
Pour lire le reste de ma critique...
Jusqu'au 12 avril à la 5e Salle.
samedi 29 mars 2014
FIFA: séances supplémentaires
Plus que deux jours avant la fin du festival et c'est le moment de jeter un coup d’œil aux ajouts à la programmation, certains films ayant séduit les foules étant de nouveau présentés. Parmi ceux-ci, vous ne voudrez pas rater
Aujourd'hui, 13 h 30, Cinémathèque québécoise, Kraftwerk - Pop art. Si, comme moi, vous avez raté la soirée avec DJ proposée jeudi dernier, mais vouez un intérêt certain au mythique groupe allemand (mais n'êtes pas nécessairement prêts à débourser 65 $ pour les voir en spectacle demain soir), ce film est pour vous.
Aujourd'hui 18 h 30 à l'UQÀM - Salle 1, Le défi des bâtisseurs - La cathédrale de Strasbourg, un film très fouillé qui vous en mettra plein la vue, tourné en 3D relief, qui nous plonge dans la construction de ce majestueux édifice, à travers documents d'époque, entretiens, séquences de fiction et images de synthèse.
Demain 16 h, Musée des beaux-arts de Montréal – Auditorium Maxwell-Cummings, un programme quadruple qui comprend deux films que j'ai vus, Tadao Ando, l'architecte du vide et de l'infini, magnifique hommage au grand architecte, et Jean Nouvel and the Tormented Concerthouse qui traite de la conception de la Maison de la radio danoise de Copenhague, un superbe objet qui a tout de même coûté son poste à son initiateur.
Demain à 18 h 30 au Musée des beaux-arts de Montréal – Auditorium Maxwell-Cummings, The new Rijksmuseum 3 et The new Rijksmuseum 4 qui évoque le processus absolument fascinant de la rénovation du plus célèbre musée des Pays-Bas, projet qui a duré 10 ans.
Demain à 18 h 30 à l'UQÀM - Salle 1, Cosi fan tutte, production filmée de la mise en scène fort réussie de Michael Haneke (réalisateur notamment du Ruban blanc et d'Amour). Des heures magiques en compagnie de Mozart et un dénouement absolument surprenant.
Demain à 18 h 30 toujours, Auditorium de la Grande bibliothèque, un doublé exceptionnel pour les mélomanes: Happy Birthday Claudio Abbado et surtout Maurizio Pollini,de main de maître, plus récent documentaire de Bruno Monsaingeon, consacré à un des géants du piano du 20e siècle. Absolument fascinant de revoir le jeune Pollini de 18 ans remporter le Concours Chopin, de serrer la main de Rubinstein, de danser même à ses côtés lors d'une soirée de gala, mais surtout de comprendre comment la carrière de Pollini s'est développée au cours des décennies.
Aujourd'hui, 13 h 30, Cinémathèque québécoise, Kraftwerk - Pop art. Si, comme moi, vous avez raté la soirée avec DJ proposée jeudi dernier, mais vouez un intérêt certain au mythique groupe allemand (mais n'êtes pas nécessairement prêts à débourser 65 $ pour les voir en spectacle demain soir), ce film est pour vous.
Aujourd'hui 18 h 30 à l'UQÀM - Salle 1, Le défi des bâtisseurs - La cathédrale de Strasbourg, un film très fouillé qui vous en mettra plein la vue, tourné en 3D relief, qui nous plonge dans la construction de ce majestueux édifice, à travers documents d'époque, entretiens, séquences de fiction et images de synthèse.
Demain 16 h, Musée des beaux-arts de Montréal – Auditorium Maxwell-Cummings, un programme quadruple qui comprend deux films que j'ai vus, Tadao Ando, l'architecte du vide et de l'infini, magnifique hommage au grand architecte, et Jean Nouvel and the Tormented Concerthouse qui traite de la conception de la Maison de la radio danoise de Copenhague, un superbe objet qui a tout de même coûté son poste à son initiateur.
Demain à 18 h 30 au Musée des beaux-arts de Montréal – Auditorium Maxwell-Cummings, The new Rijksmuseum 3 et The new Rijksmuseum 4 qui évoque le processus absolument fascinant de la rénovation du plus célèbre musée des Pays-Bas, projet qui a duré 10 ans.
Demain à 18 h 30 à l'UQÀM - Salle 1, Cosi fan tutte, production filmée de la mise en scène fort réussie de Michael Haneke (réalisateur notamment du Ruban blanc et d'Amour). Des heures magiques en compagnie de Mozart et un dénouement absolument surprenant.
Demain à 18 h 30 toujours, Auditorium de la Grande bibliothèque, un doublé exceptionnel pour les mélomanes: Happy Birthday Claudio Abbado et surtout Maurizio Pollini,de main de maître, plus récent documentaire de Bruno Monsaingeon, consacré à un des géants du piano du 20e siècle. Absolument fascinant de revoir le jeune Pollini de 18 ans remporter le Concours Chopin, de serrer la main de Rubinstein, de danser même à ses côtés lors d'une soirée de gala, mais surtout de comprendre comment la carrière de Pollini s'est développée au cours des décennies.
jeudi 27 mars 2014
FIFA au théâtre
Le FIFA bat son plein et je ne vous en ai pas encore parlé... mais ce n'est pas parce que je n'ai pas vu quelques très beaux films déjà. Alors que nous amorçons le dernier droit (le festival prend malheureusement fin dimanche), je fais un bref retour ici sur les films liés au théâtre.
J'ai malheureusement raté Tunisie, l'ère d'une révolution culturelle et Patrice Chéreau: le corps au travail, parce que j'étais... au théâtre ces deux soirs-là, mais je n'ai pas raté Avec rage et courage - Le théâtre politique en Europe, un film essentiel d'Eva Schötteldreir (il reste deux représentations samedi le 29 à 16 h et dimanche le 30 à 13 h 30 à la BANQ), articulé autour de trois figures importantes du théâtre contemporain: la directrice du Deutsches Schauspielhaus Karin Beier (directrice du théâtre de Cologne lors du tournage), l'auteur, metteur en scène et directeur du Festival d'Avignon Olivier Py (qui terminait lors du tournage son mandat à l'Odéon) et le dramaturge Simon Stephens, auteur notamment de Pornographie, artiste associé au Lyric Hammersmith de Londres, beaucoup joué en Allemagne. Ils évoquent chacun à leur façon la nécessité d'inscrire le théâtre dans l'actualité, mais aussi de permettre au spectateur de prendre position, que ce soit en l'interpellant directement ou en lui offrant une catharsis - par exemple avec Kein Licht d'Elfride Jelinek, écrit après le tsunami de Tohoku ou Ein Sturz de la même auteure, écrit en réaction à l'effondrement du centre des archives de la ville, dénonciation de l'incompétence, monté en 2010. Les artisans du théâtre d'aujourd'hui auront peut-être le courage après avoir vu ce film de poser certains gestes essentiels. À voir...
Côté théâtre d'ici, Louise Latraverse, libre et moderne se révèle pertinent pour ceux qui s'intéressent à cette comédienne, qui a aussi été animatrice de radio, auteure, directrice artistique du Quat' Sous (on nous rappelle d'ailleurs qu'elle a été celle qui a fait connaître ici Robert Lepage), mais qui reste sage dans sa facture. On reste loin du grand moment d'émotion ressenti l'année dernière après le visionnement de Le goût de vivre, magnifique film en hommage à Huguette Oligny.
Je me glisserai assurément en salle samedi pour Meeting with a Young Poet, autour de Samuel Beckett (Université Concordia, 18 h 30, en salles le 4 avril).
Côté théâtre d'ici, Louise Latraverse, libre et moderne se révèle pertinent pour ceux qui s'intéressent à cette comédienne, qui a aussi été animatrice de radio, auteure, directrice artistique du Quat' Sous (on nous rappelle d'ailleurs qu'elle a été celle qui a fait connaître ici Robert Lepage), mais qui reste sage dans sa facture. On reste loin du grand moment d'émotion ressenti l'année dernière après le visionnement de Le goût de vivre, magnifique film en hommage à Huguette Oligny.
Je me glisserai assurément en salle samedi pour Meeting with a Young Poet, autour de Samuel Beckett (Université Concordia, 18 h 30, en salles le 4 avril).
jeudi 26 décembre 2013
Dessine-moi une chanson
Une petite histoire charmante, dans laquelle la musique joue un rôle essentiel, tirée des voûtes inépuisables de l'ONF. Parce que, parfois, on a besoin de se faire rappeler la présence de notre enfant intérieur...
samedi 14 décembre 2013
De la lecture par strates
J'ai enfin pris le temps de regarder No et moi hier, prêt d'une amie. Si je me rappelais encore assez bien de la trame narrative du livre (ce qui est plutôt bon signe, cinq ans après), j'admets que j'ai tout de même été surprise par les strates de lectures émotionnelles qui se sont greffées au visionnement.
En effet, j'ai acheté mon exemplaire du roman dans une librairie, dont je me rappelle encore très bien la disposition, à Paris, pas loin du Musée d'Orsay, quelques semaines (mois) après l'annonce que le livre avait remporté le Prix des libraires 2008 (j'ai encore le bandeau, un peu déchiré). J'y mettais alors les pieds pour la première (et unique) fois, bouquinais un peu distraitement. Je me rappelle avoir ramassé quelques plaquettes historiques et artistiques à offrir en cadeau, puis d'avoir instinctivement fixé mon choix sur ce livre. Je ne connaissais pas l'auteure (je me suis reprise depuis, ayant lu plusieurs de ses titres et demeurant sensible à sa plume si particulière), mais me rappelle encore de l'émotion ressentie quand j'avais plongé dans ce livre, peu de temps après mon retour en sol natal.
Les images m'ont également fait basculer en quelques secondes dans un Paris que je connais bien, car la rencontre entre No et Lou se fait Gare d'Austerlitz, gare parisienne que j'ai fréquenté à de nombreuses reprises, lors de mes expéditions répétées chez Caro dans le Berry... La disposition des voies, les kiosques de viennoiseries, les appels sonores qui précèdent les annonces, tout me rappelait l'un de ces voyages, tant dans une direction que dans l'autre, seule ou accompagnée. Les gares restent des lieux magiques, qui emprisonnent des émotions à taille humaine, bien plus que les aéroports, propices aux montagnes russes. (Comment ne pas être bouleversé quand on vient de faire 6000 km pour retrouver quelqu'un que l'on aime!)
Le film lui-même est intéressant, très proche de l'essence même du livre, grâce à un scénario et des dialogues qui sonnent vrai, ainsi qu'un choix d'acteurs judicieux. Certaines scènes de défoulement adolescent resteront certes gravées dans ma mémoire, même si je n'ai évidemment jamais mis les pieds dans un appartement parisien aussi luxueux que celui qu'habite Lucas!
On se plaint souvent des adaptations cinématographiques... Dans ce cas-ci, je me souviendrai de celle-ci pour le voyage intérieur qu'elle m'a permis de réaliser par une très froide soirée hivernale.
Les images m'ont également fait basculer en quelques secondes dans un Paris que je connais bien, car la rencontre entre No et Lou se fait Gare d'Austerlitz, gare parisienne que j'ai fréquenté à de nombreuses reprises, lors de mes expéditions répétées chez Caro dans le Berry... La disposition des voies, les kiosques de viennoiseries, les appels sonores qui précèdent les annonces, tout me rappelait l'un de ces voyages, tant dans une direction que dans l'autre, seule ou accompagnée. Les gares restent des lieux magiques, qui emprisonnent des émotions à taille humaine, bien plus que les aéroports, propices aux montagnes russes. (Comment ne pas être bouleversé quand on vient de faire 6000 km pour retrouver quelqu'un que l'on aime!)
Le film lui-même est intéressant, très proche de l'essence même du livre, grâce à un scénario et des dialogues qui sonnent vrai, ainsi qu'un choix d'acteurs judicieux. Certaines scènes de défoulement adolescent resteront certes gravées dans ma mémoire, même si je n'ai évidemment jamais mis les pieds dans un appartement parisien aussi luxueux que celui qu'habite Lucas!
On se plaint souvent des adaptations cinématographiques... Dans ce cas-ci, je me souviendrai de celle-ci pour le voyage intérieur qu'elle m'a permis de réaliser par une très froide soirée hivernale.
vendredi 30 août 2013
Musique pour un appartement et six percussionnistes
Parce que c'est le weekend, que ce sera le dernier avant la rentrée (au secours!), qu'il faut sourire quand même et que ce petit film est drôlement bien fait...
Music For One Apartment And Six Drummers from Mister Magnus on Vimeo.
Music For One Apartment And Six Drummers from Mister Magnus on Vimeo.
vendredi 26 avril 2013
Kiss & Cry: démultiplier l'émotion
Un texte de Thomas Gunzig nostalgique, parfois caustique, des pages
musicales porteuses qui nous font voyager de Vivaldi à Gorecki, des
maquettes qui semblent prendre vie sous le regard habile de la caméra de
Jaco Van Dormeal, des mains qui racontent, se métamorphosent, émeuvent,
chorégraphiées par Michèle Anne De Mey et Gregory Grosjean. Même si on a
lu au sujet du spectacle, visionné quelques extraits, rien ne nous
prépare entièrement à ce voyage sur le fil, entre rêve et réalité, hier
et aujourd’hui, le geste de création et sa réception.
Collaboration autant que confrontation entre les univers en apparence parallèles du cinéma, de la danse, du théâtre et de la littérature, Kiss & Cry reste un objet protéiforme par nature, néanmoins organique, presque magique.
Pour lire la suite de ma critique sur le site de Jeu...
En complément, un des numéros de ce spectacle que l'on peut découvrir ces jours-ci à l'Usine C.
Une plage de Carlos Paredes, découvert lors de ce spectacle, qui me hante depuis.
Collaboration autant que confrontation entre les univers en apparence parallèles du cinéma, de la danse, du théâtre et de la littérature, Kiss & Cry reste un objet protéiforme par nature, néanmoins organique, presque magique.
Pour lire la suite de ma critique sur le site de Jeu...
En complément, un des numéros de ce spectacle que l'on peut découvrir ces jours-ci à l'Usine C.
Une plage de Carlos Paredes, découvert lors de ce spectacle, qui me hante depuis.
jeudi 14 mars 2013
Le 31e FIFA commence aujourd'hui
Dès aujourd'hui et jusqu'au 24 mars, je me laisserai happer par les films proposés lors de cette 31e édition du Festival international du film sur l'art. La presse dispose de certains privilèges, dont des projections en matinée, ce qui me permettra à l'occasion de vous parler de mes impressions, même avant que le film ne soit présenté pour le public. Je ne pourrai évidemment pas voir les 248 films (28 pays représentés), mais déjà voici certains titres qui retiennent mon attention.
Films canadiens: Dans un océan d’images d’Helen Doyle, film qui explore le travail de plusieurs photojournalistes, notamment en Algérie, en Afghanistan, en Irak et au Cambodge, et Crée-moi, crée-moi pas de Marie-Pascale Laurencelle (compétition officielle), une réflexion sur la place des femmes comme créatrices dans l’espace public.
Architecture: Bolchoï, une renaissance, Diller Scofidio + Renfro: Reimagining Lincoln Center and the High Line, Fallingwater: Frank Lloyd Wright’s Masterwork, Helsinki Music Centre — Prelude et Sagrada : Le mystère de la création.
Art contemporain: Art 21 — Art in the Twenty-First Century: History et Sophie Calle, sans titre.
Danse: The Ballet Masters, Joffrey: Mavericks of American Dance, Merce Cunningham, la danse en héritage, Rain et Virtuosi.
Littérature: The Fatwa — Salman’s Story, Gao Xingjian, celui qui marche seul, Michel Butor, l’écrivain migrateur et Water Marked.
Musique: John Cage — Journeys in Sound, Le Mystère musical coréen, Punkt: A Revolution in Live Composing, Road movie, un portrait de John Adams, Dietrich Fischer-Dieskau: la voix de l'âme (film de Bruno Monsaingeon) et Set the Piano Stool on Fire (qui relate la passation de savoir entre Kit Amstrong, jeune musicien surdoué, et son mentor, Alfred Brendel).
Peinture, sculpture et photographie: Léger au front, La Toile blanche d’Edward Hopper, The Man Who Invented Himself — Duane Michals, Brancusi, La Nouvelle objectivité allemande et Le Siècle de Cartier-Bresson.
Théâtre: Jonathan Miller et Within a Tempest. The Island.
La programmation complète ici...
Films canadiens: Dans un océan d’images d’Helen Doyle, film qui explore le travail de plusieurs photojournalistes, notamment en Algérie, en Afghanistan, en Irak et au Cambodge, et Crée-moi, crée-moi pas de Marie-Pascale Laurencelle (compétition officielle), une réflexion sur la place des femmes comme créatrices dans l’espace public.
Architecture: Bolchoï, une renaissance, Diller Scofidio + Renfro: Reimagining Lincoln Center and the High Line, Fallingwater: Frank Lloyd Wright’s Masterwork, Helsinki Music Centre — Prelude et Sagrada : Le mystère de la création.
Art contemporain: Art 21 — Art in the Twenty-First Century: History et Sophie Calle, sans titre.
Danse: The Ballet Masters, Joffrey: Mavericks of American Dance, Merce Cunningham, la danse en héritage, Rain et Virtuosi.
Littérature: The Fatwa — Salman’s Story, Gao Xingjian, celui qui marche seul, Michel Butor, l’écrivain migrateur et Water Marked.
Musique: John Cage — Journeys in Sound, Le Mystère musical coréen, Punkt: A Revolution in Live Composing, Road movie, un portrait de John Adams, Dietrich Fischer-Dieskau: la voix de l'âme (film de Bruno Monsaingeon) et Set the Piano Stool on Fire (qui relate la passation de savoir entre Kit Amstrong, jeune musicien surdoué, et son mentor, Alfred Brendel).
Peinture, sculpture et photographie: Léger au front, La Toile blanche d’Edward Hopper, The Man Who Invented Himself — Duane Michals, Brancusi, La Nouvelle objectivité allemande et Le Siècle de Cartier-Bresson.
Théâtre: Jonathan Miller et Within a Tempest. The Island.
La programmation complète ici...
mardi 26 février 2013
Une soirée électrisante
Cela faisait longtemps que je n'avais été témoin d'une telle effervescence avant un événement. Une demi-heure avant le début de la projection du ciné-concert À court de mots, les négociations allaient bon train entre les amateurs à la recherche de billets et ceux dont l'ami avait eu un empêchement. J'ai même été témoin d'une transaction qui a dû être annulée, le dit invité arrivant in extremis, à la grande déception de celle qui croyait pouvoir se glisser en salle. Pas une place de libre, une fébrilité de tapis rouge. Les Oscars? Pour quoi faire? C'était à l'auditorium de la Bibliothèque nationale qu'il fallait être!
La magie a opéré dès les premiers instants de la projection. Nous avons pu découvrir six films aux esthétiques distinctes, portés par six pages interprétées par l'Ensemble Arkea, impeccable en tous points. L'amant revenant, avec sa couleur rétro juste assez caustique, s'est avéré un bel hommage aux films de genre, tant du côté de la réalisation de Serge Gouin que de la musique de François-Xavier Dupas. Nos saisons jouait la carte de la contemplation, pourtant nullement linéaire. La très efficace montée d'émotion a été bien servie par un montage serré de Patrick Peris et une partition qui se collait à cette accélération de la pulsation de Guillaume St-Laurent, qui laissait pourtant toute la latitude nécessaire au spectateur pour ordonner le fil narratif des événements. La bonne humeur était au rendez-vous avec 21, collaboration particulièrement réussie entre Yann Ben Alluch et Maxime Goulet, le rythme et les punchs y jouant assurément un rôle essentiel. Ce rire d'enfant dans la salle, incapable de se retenir, en contrepoint, ajoutait une touche particulièrement savoureuse à cette boucle temporelle.
Les défenses étaient tombées, histoire de recevoir en plein plexus Imparfaite, un court métrage bouleversant d'Émilie Gauthier, qui s'attarde au très difficile sujet de la maternité non entièrement assumée. Peut-on se forcer à aimer un enfant? Seule une femme peut-être pouvait oser aborder de front un tel sujet. La musique de Ghislain Lecroulant m'a semblé plutôt agir ici comme ponctuation, mais peut-être était-ce dû à l'ampleur du questionnement suscité. Porté par une partition radieuse de Samuel Laflamme, Le voyage d'Alexandre B. Lampron devenait contresujet optimiste au film précédent, cette histoire de deux enfants rêvant d'explorer les beautés du système solaire réconciliant le spectateur avec la vie. La soirée s'est terminée sur Ostinato de Jean-François Lavallière, sur une musique de Georges Dimitrov, formidable mise en abime, la musique s’immisçant dans la trame même du fil narratif, film et réalité se superposant à la toute fin quand le personnage principal surgit dans la salle de projection/concert et s'empare du podium de la chef Dina Gilbert, menant la séance de projection vers une fin explosive.
L'heure a semblé passer à la vitesse de la lumière (une contorsion espace/temps peut-être, comme celle vécue par le personnage de 21?). Croisons les doigts que cette production puisse tourner et être vue/entendue/vécue ailleurs à une date ultérieure!
À court de mots (bande annonce) from Maxime Goulet on Vimeo.
La magie a opéré dès les premiers instants de la projection. Nous avons pu découvrir six films aux esthétiques distinctes, portés par six pages interprétées par l'Ensemble Arkea, impeccable en tous points. L'amant revenant, avec sa couleur rétro juste assez caustique, s'est avéré un bel hommage aux films de genre, tant du côté de la réalisation de Serge Gouin que de la musique de François-Xavier Dupas. Nos saisons jouait la carte de la contemplation, pourtant nullement linéaire. La très efficace montée d'émotion a été bien servie par un montage serré de Patrick Peris et une partition qui se collait à cette accélération de la pulsation de Guillaume St-Laurent, qui laissait pourtant toute la latitude nécessaire au spectateur pour ordonner le fil narratif des événements. La bonne humeur était au rendez-vous avec 21, collaboration particulièrement réussie entre Yann Ben Alluch et Maxime Goulet, le rythme et les punchs y jouant assurément un rôle essentiel. Ce rire d'enfant dans la salle, incapable de se retenir, en contrepoint, ajoutait une touche particulièrement savoureuse à cette boucle temporelle.
Les défenses étaient tombées, histoire de recevoir en plein plexus Imparfaite, un court métrage bouleversant d'Émilie Gauthier, qui s'attarde au très difficile sujet de la maternité non entièrement assumée. Peut-on se forcer à aimer un enfant? Seule une femme peut-être pouvait oser aborder de front un tel sujet. La musique de Ghislain Lecroulant m'a semblé plutôt agir ici comme ponctuation, mais peut-être était-ce dû à l'ampleur du questionnement suscité. Porté par une partition radieuse de Samuel Laflamme, Le voyage d'Alexandre B. Lampron devenait contresujet optimiste au film précédent, cette histoire de deux enfants rêvant d'explorer les beautés du système solaire réconciliant le spectateur avec la vie. La soirée s'est terminée sur Ostinato de Jean-François Lavallière, sur une musique de Georges Dimitrov, formidable mise en abime, la musique s’immisçant dans la trame même du fil narratif, film et réalité se superposant à la toute fin quand le personnage principal surgit dans la salle de projection/concert et s'empare du podium de la chef Dina Gilbert, menant la séance de projection vers une fin explosive.
L'heure a semblé passer à la vitesse de la lumière (une contorsion espace/temps peut-être, comme celle vécue par le personnage de 21?). Croisons les doigts que cette production puisse tourner et être vue/entendue/vécue ailleurs à une date ultérieure!
jeudi 14 février 2013
À court de mots mais non d’inspiration
Six compositeurs jumelés à six réalisateurs, six films muets dans lesquels la
musique joue un rôle essentiel, interprétée en direct par l’Ensemble Arkea le
soir de la représentation. Douze esthétiques qui se rencontrent, se confrontent,
s’apprivoisent, s’unissent, mais un seul plaisir de découverte pour le cinéphile
mélomane (ou serait-ce plutôt le mélomane cinéphile?). Le compositeur Maxime
Goulet, l’initiateur de cet événement produit par Codes d’accès, codiffusé par
Arkea, présenté dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois, n’en est
certes pas à son premier projet hors normes. Après avoir notamment offert deux
performances avec Arkea au Sommet international du jeu de Montréal et mis en œuvre Bungalopolis en 2010, un opéra-cabaret inspiré des personnages
loufoques de Jean-Paul Eid, il a souhaité cette fois bousculer les conventions
liées au cinéma, proposant aux réalisateurs de relever un défi inhabituel et aux
compositeurs de s’engager dès le début du processus de création. « Ici, la
musique n’est pas une épice à saupoudrer sur un mets déjà préparé, explique
Goulet en entrevue. Les auditeurs prendront conscience de ce qu’elle peut
apporter au film, de la façon dont elle peut faire parler les personnages.
»
Comme des sons ambiants ont déjà été intégrés aux trames sonores des films,
les compositeurs pourront se concentrer sur des gestes musicaux. « Nous voulions
joindre différents univers, que des créateurs collaborent ensemble, afin
d’offrir au spectateur quelque chose d’unique. » Quelques duos, par exemple
celui formé d’Alexandre B. Lampron et Samuel Laflamme (Le voyage), qui
avait travaillé à quelques reprises sur des films coopératifs, ont proposé un
projet commun. D’autres ont dû apprendre à se connaître. Si certains ont opté
pour une optique plus traditionnelle (Guillaume St-Laurent a composé la musique
de Nos Saisons une fois le montage de Patrick Peris
complété), d’autres ont renouvelé la donne. Ainsi, François-Xavier Dupas n’a
fait que retoucher sa trame sonore une fois que Serge Gouin a eu terminé le
tournage de L’amant revenant (une
comédie d’amour noire), alors que Maxime Goulet a conçu le scénario
de 21 et n’a pas hésité à évoquer le rythme avec
Yann Ben Alluch. « Dans un dessin animé, le sens du rythme demeure essentiel,
explique-t-il. Il faut pouvoir travailler de façon plus serrée, préparer les
punchs. »
Les curieux auront donc le plaisir de découvrir des univers très différents,
les six réalisateurs ayant eu comme mission de transmettre diverses facettes du
film muet, qu’il soit animé, humoristique, contemplatif ou caustique. « Le
projet comportait déjà beaucoup de contraintes. Il nous a semblé inutile d’en
imposer dans l’esthétique. » En orchestrant la succession des films, Maxime Goulet a choisi de travailler autant la
continuité que le contraste, esquissant ce faisant une courbe émotionnelle
efficace, de laquelle le nombre d’or n’est pas exclu. Il souhaite proposer au
spectateur une expérience qui ressemble aux soirées de courts métrages
présentées dans les divers festivals, mais en y instillant un facteur
unificateur et surtout en ne laissant jamais la musique, défendue par les 26
musiciens d’Arkea, jouer un rôle de tapisserie sonore. « Nous souhaitons que
l’événement devienne une porte d’entrée à la musique de création, que celle-ci
devienne le fil d’Ariane qui guide dans le labyrinthe. » Il ne se cache pas que la formule
hybride a été pensée pour attirer un nouveau public. « Quand nous avons
présenté Bungalopolis,
rappelle-t-il, plus de la moitié de ceux présents n’avait jamais entendu de
musique contemporaine auparavant! » Même si les questions de logistique hantent
ses jours et ses nuits (par exemple, la bande-son du film a dû être travaillée
en mono, afin d’intégrer une piste rythmique qui sert de repère à la chef
d’orchestre Dina Gilbert, les premières chaises disposant quant à eux de six
paires d’écouteurs), Maxime Goulet se sent stimulé par le projet et espère
pouvoir reprendre le concept. « L’interaction avec une autre forme d’art me mène
ailleurs. » Trois, deux, un… action!
Bibliothèque nationale, 24 février 19 h.
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21 de Yann Ben Alluch (musique: Maxime Goulet) |
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L’amant revenant (Une comédie d’amour noire) de Serge Gouin (musique: François-Xavier Dupas) |
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Le Voyage d'Alexandre B. Lampron (musique: Samuel Laflamme) |
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Nos Saisons de Patrick Peris (musique: Guillaume St-Laurent) |
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Ostinato de Jean-François Lavallière (musique: Georges Dimitrov) |
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Imparfaite d’Émilie Gauthier (musique: Ghislain Lecroulant) |
jeudi 7 février 2013
Courts métrages en nomination aux Oscars
Rien de tel que l'improvisation... Mon amie et moi devions assister hier soir à une représentation de Yellow Moon: La ballade de Leila, mais pour une raison mystérieuse, celle-ci a été annulée. Plan B? Grâce à la magie du téléphone intelligent, nous avons recensé les offrandes cinématographiques, avant de fixer notre choix sur le programme présentant les dix courts métrages (cinq dans chacune des deux catégories) en nomination aux Oscars, offert ces jours-ci au Cinéma du Parc.
Alors, mes impressions? Il y a quelque chose d'assez fabuleux à pouvoir se faire raconter une histoire en 16, 28 ou même 2 minutes. Moi qui aime la nouvelle n'ai pas hésité longtemps à céder au genre. Dans la catégorie animation, pas toujours facile de pouvoir comparer des pommes et des oranges et prétendre devenir un juge de l'Académie. En effet, comment peut-on passer de l'effervescence assez charmante de Maggie Simpson: The Longest DayCare (film présenté en première partie de Ice Age), mais qui ne casse rien, à l'humeur presque trop contemplative d'Adam and Dog (qui s'étire et s'étire) avant de sourire presque sans arrêt pendant les deux minutes de Fresh Guacamole?
Mon préféré du lot reste Head over Heels, une allégorie sur les différences maritales, déjà lauréat de plusieurs prix, même si Paperman possédait certaines qualités réelles.
HEAD OVER HEELS - Trailer from Timothy Reckart on Vimeo.
Et maintenant, côté catégorie tournage en direct... Je revoyais deux des cinq films pour la deuxième fois. Henry (vu en première partie de Rebelle il y a deux semaines) m'a beaucoup moins bouleversée cette fois-ci, probablement parce qu'encore très frais dans ma mémoire et que j'étais un peu plus en mode « analyse » (au niveau du rôle de la musique notamment). Quelle performance d'acteur néanmoins de Gérard Poirier!
Par contre, Asad (vu au Festival des films du monde, une coproduction États-Unis/Afrique du Sud) m'a ravie encore plus cette fois-ci, grâce au naturel des « acteurs » (des réfugiés de camps somaliens), l'angle narratif, le propos sous-jacent et la réalisation.
Le côté décalé de Curfew passe bien la rampe, même si les bons sentiments finissent par fausser un peu la donne à la fin.
Coup de cœur pour le film Dood van een Schaduw (La mort d'une ombre), qui met en scène un collectionneur d'âmes mortes et celui qui attrape leur dernier souffle, tourné avec beaucoup d'imagination par Tom Van Avermaet et Ellen De Waele.
La coproduction américano-afghane Buzkashi Boys devrait l'emporter. Les membres de l'Académie ne sauront résister à l'histoire tendre et tragique de ces deux enfants, l'un qui rêve de devenir champion de buzhashi (sport national afghan, entre polo et rugby), l'autre qui réalise qu'il n'aura d'autre choix que de venir forgeron, comme son père et son grand-père avant lui. (Soulignons néanmoins la magnifique trame sonore de Jim Dooley et la direction photo de Duraid Munajim.)
Alors, mes impressions? Il y a quelque chose d'assez fabuleux à pouvoir se faire raconter une histoire en 16, 28 ou même 2 minutes. Moi qui aime la nouvelle n'ai pas hésité longtemps à céder au genre. Dans la catégorie animation, pas toujours facile de pouvoir comparer des pommes et des oranges et prétendre devenir un juge de l'Académie. En effet, comment peut-on passer de l'effervescence assez charmante de Maggie Simpson: The Longest DayCare (film présenté en première partie de Ice Age), mais qui ne casse rien, à l'humeur presque trop contemplative d'Adam and Dog (qui s'étire et s'étire) avant de sourire presque sans arrêt pendant les deux minutes de Fresh Guacamole?
Mon préféré du lot reste Head over Heels, une allégorie sur les différences maritales, déjà lauréat de plusieurs prix, même si Paperman possédait certaines qualités réelles.
HEAD OVER HEELS - Trailer from Timothy Reckart on Vimeo.
Et maintenant, côté catégorie tournage en direct... Je revoyais deux des cinq films pour la deuxième fois. Henry (vu en première partie de Rebelle il y a deux semaines) m'a beaucoup moins bouleversée cette fois-ci, probablement parce qu'encore très frais dans ma mémoire et que j'étais un peu plus en mode « analyse » (au niveau du rôle de la musique notamment). Quelle performance d'acteur néanmoins de Gérard Poirier!
Par contre, Asad (vu au Festival des films du monde, une coproduction États-Unis/Afrique du Sud) m'a ravie encore plus cette fois-ci, grâce au naturel des « acteurs » (des réfugiés de camps somaliens), l'angle narratif, le propos sous-jacent et la réalisation.
Le côté décalé de Curfew passe bien la rampe, même si les bons sentiments finissent par fausser un peu la donne à la fin.
Coup de cœur pour le film Dood van een Schaduw (La mort d'une ombre), qui met en scène un collectionneur d'âmes mortes et celui qui attrape leur dernier souffle, tourné avec beaucoup d'imagination par Tom Van Avermaet et Ellen De Waele.
La coproduction américano-afghane Buzkashi Boys devrait l'emporter. Les membres de l'Académie ne sauront résister à l'histoire tendre et tragique de ces deux enfants, l'un qui rêve de devenir champion de buzhashi (sport national afghan, entre polo et rugby), l'autre qui réalise qu'il n'aura d'autre choix que de venir forgeron, comme son père et son grand-père avant lui. (Soulignons néanmoins la magnifique trame sonore de Jim Dooley et la direction photo de Duraid Munajim.)
mardi 5 février 2013
Images au service de la musique
Il n'y a sans doute aucun hasard dans la vie, mais c'est au retour avec une entrevue avec Maxime Goulet au sujet du projet À court de mots! (des jumelages entre six réalisateurs et six compositeurs, lors d'une soirée de cinéma muet unique, présentée le 24 février dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois) que je suis tombée sur le magnifique clip (et tout nouveau) de Woodkid, nom de scène du Franco-polonais Yoann Lemoine, qui a notamment réalisé des clips pour Lana del Rey (Born to Die), Katie Perry (Teenage Dream) et Taylor Swift (Back to December). Une esthétique noir et blanc impeccable, une trame visuelle qui se superpose parfaitement à l'émotion transmise par la musique: du grand art!
Une expérience à vivre en mode plein écran!
Une expérience à vivre en mode plein écran!
lundi 5 novembre 2012
Le torrent
Je n'avais pas remis les pieds dans un cinéma depuis mon blitz FFM et j'admets que j'avais très hâte de me retrouver en salle obscure et de me laisser happer par une histoire, surtout une transmission méticuleuse d'un classique de la littérature québécoise. J'avais bien sûr lu quelques pré-papiers dans lesquels le réalisateur Simon Lavoie expliquait la nécessité - et les difficultés - de monter ce film: « C'est un récit qui me colle à la peau, je suis lié à cette œuvre-là, confiait-il à La Presse. Quand j'ai découvert ce texte à l'adolescence, je
me suis beaucoup identifié à François. » Il voit d'ailleurs dans ce texte une métaphore de notre société: « Mais peu à peu, j'ai compris qu'il y a là-dedans les schémas de notre
imaginaire collectif qu'Anne Hébert avait pressentis. Pour moi, c'est
presque un glossaire de la condition québécoise, comme une psychanalyse
de la figure du Québécois. »
Pendant deux heures et demie, le film se déploie de façon organique. Si, au tout début, on peine à trouver nos repères, comme François qui ne sait plus tout à fait où il est ni ce qu'il vient de vivre, on apprivoise le récit par petites touches, par respirations (parfois hachurées). Le travail de scénarisation est exceptionnel et l'adaptation d'une fidélité presque maniaque. Pour m'en convaincre, j'ai lu la nouvelle hier et ai été soufflée quand j'ai réalisé la précision avec laquelle le moindre sous-texte et les plus subtils détails avait été transmis, que ce soit les traits physiques des personnages (la description des cheveux d'Amica, le front ravagé de la mère, la chevelure hirsute du vieux, la stature du colporteur), le côté indomptable du cheval Percival ou même la disposition physique des lieux. À peine Simon Lavoie a-t-il pris quelques (très légères) libertés lorsque certains éléments demeuraient flous dans le texte porteur d'Anne Hébert.
Le traitement des images reste magnifique, particulièrement le dosage des éclairages, rarement éclatants, le plus souvent en demi-teintes, zones d'ombres, favorisant les ambiguïtés. En filigrane, le travail effectué sur le son se révèle d'une rare maîtrise. Jamais au cinéma québécois (et rarement ailleurs) n'ai-je été témoin d'une telle minutie dans le traitement des strates. Il n'est pas ici uniquement questionnement de la musique (bien conçue, de Normand Corbeil), mais de tout l'aspect sonore, des grondements aux sifflements, des craquements au bouillonnement du torrent, autant d'éléments essentiels pour entrer entièrement dans la psyché du personnage, qui doit apprivoiser la surdité.
Soulignons également le jeu des acteurs. Victor Andrés Trelles Turgeon, que j'avais remarqué dans Pour l'amour de Dieu de Micheline Lanctôt, a tout naturellement privilégié un jeu intense, tourné vers l'intérieur, physique (à quoi sert de dire quand tout autour de soi nous pousse à se taire?). Dominique Quesnel en marâtre d'une rare violence, réussit néanmoins à transmettre la fissure profonde que Claudine porte en elle. Cet enfant, qui la continue, elle lui voue au fond un amour féroce, qu'elle tente de mater à coup de corrections physiques et d'abus verbaux. Laurence Leboeuf campe quant à elle une Amica (ainsi que, teinte en blonde, Claudine jeune, adroit clin d’œil du scénario) enjôleuse, source de rédemption aussi bien que de perte, lumière autant qu'ombre.
Un très grand film, tiré d'un texte puissant.
Pendant deux heures et demie, le film se déploie de façon organique. Si, au tout début, on peine à trouver nos repères, comme François qui ne sait plus tout à fait où il est ni ce qu'il vient de vivre, on apprivoise le récit par petites touches, par respirations (parfois hachurées). Le travail de scénarisation est exceptionnel et l'adaptation d'une fidélité presque maniaque. Pour m'en convaincre, j'ai lu la nouvelle hier et ai été soufflée quand j'ai réalisé la précision avec laquelle le moindre sous-texte et les plus subtils détails avait été transmis, que ce soit les traits physiques des personnages (la description des cheveux d'Amica, le front ravagé de la mère, la chevelure hirsute du vieux, la stature du colporteur), le côté indomptable du cheval Percival ou même la disposition physique des lieux. À peine Simon Lavoie a-t-il pris quelques (très légères) libertés lorsque certains éléments demeuraient flous dans le texte porteur d'Anne Hébert.
« J'étais un enfant dépossédé du monde. Par le décret d'une volonté antérieure à la mienne, je devais renoncer à toute possession en cette vie. Je touchais au monde par fragments, ceux-là seuls qui m'étaient immédiatement indispensables, et enlevés aussitôt leur utilité terminée; le cahier que je devais ouvrir, pas même la table sur laquelle il se trouvait; le coin d'étable à nettoyer, non la poule qui se perchait sur la fenêtre; et jamais, jamais la campagne offerte par la fenêtre. Je voyais la grande main de ma mère quand elle se levait sur moi, mais je n'apercevais pas ma mère en entier, de pied en cap. J'avais seulement le sentiment de sa terrible grandeur qui me glaçait. »
Le traitement des images reste magnifique, particulièrement le dosage des éclairages, rarement éclatants, le plus souvent en demi-teintes, zones d'ombres, favorisant les ambiguïtés. En filigrane, le travail effectué sur le son se révèle d'une rare maîtrise. Jamais au cinéma québécois (et rarement ailleurs) n'ai-je été témoin d'une telle minutie dans le traitement des strates. Il n'est pas ici uniquement questionnement de la musique (bien conçue, de Normand Corbeil), mais de tout l'aspect sonore, des grondements aux sifflements, des craquements au bouillonnement du torrent, autant d'éléments essentiels pour entrer entièrement dans la psyché du personnage, qui doit apprivoiser la surdité.
Soulignons également le jeu des acteurs. Victor Andrés Trelles Turgeon, que j'avais remarqué dans Pour l'amour de Dieu de Micheline Lanctôt, a tout naturellement privilégié un jeu intense, tourné vers l'intérieur, physique (à quoi sert de dire quand tout autour de soi nous pousse à se taire?). Dominique Quesnel en marâtre d'une rare violence, réussit néanmoins à transmettre la fissure profonde que Claudine porte en elle. Cet enfant, qui la continue, elle lui voue au fond un amour féroce, qu'elle tente de mater à coup de corrections physiques et d'abus verbaux. Laurence Leboeuf campe quant à elle une Amica (ainsi que, teinte en blonde, Claudine jeune, adroit clin d’œil du scénario) enjôleuse, source de rédemption aussi bien que de perte, lumière autant qu'ombre.
Un très grand film, tiré d'un texte puissant.
lundi 3 septembre 2012
Le FFM: un bilan
Le Festival des films du monde révèlera ses lauréats aujourd'hui, mais j'ai terminé mon édition personnelle samedi en fin d'après-midi, après avoir vu un total de 12 films en 8 jours. Alors, mes impressions de néophyte? J'ai trouvé l'atmosphère plutôt bon enfant, conviviale, les gens discutant des films vus avant ou après les représentations, entre amis mais aussi dans la file d'attente avec de parfaits inconnus, alors que les plus discrets lisent un livre ou feuillette le guide de la programmation, crayon en main. J'ai aimé cette impression de pouvoir faire un tour du monde, simplement en changeant de salle, la juxtaposition des films de fiction et des documentaires, des courts et des longs métrages. En lisant les rares comptes rendus dans les médias imprimés, j'ai bien compris qu'il semble de bon temps de vilipender l'organisation, de préférer la glamour du Festival de Toronto, de citer les bons coups de Cannes, de Venise, de Berlin. N'empêche. J'ai peut-être bénéficié de la chance du débutant, mais sur 12 films vus, il y en a un seul que j'ai considéré « inutile », une biographie romancée, ultra saccharinée, des derniers jours de Liszt, un film hongrois en plus! Pas franchement mauvais, juste trop...
Je vous propose un court retour. (En suivant les liens, vous pourrez visionner les bandes-annonces.)
Ende der Schonzeit de Franziska Schlotterer (Allemagne): une relecture féminine d'une période un peu trouble de l'histoire allemande (la fin de la Deuxième Guerre mondiale) à travers l'histoire intime - intimiste même - d'un couple de fermiers qui héberge un Juif pour des raisons tout à fait surprenantes.
La noche de enfrente de Raul Ruiz (Chili): un souffle sud-américain, une histoire qui n'a rien de linéaire, un questionnement sur la littérature et l'imaginaire, les personnages principaux y côtoyant notamment Long John Silver, Gean Giono et... Beethoven!
Das Wochenende (je vous en parlais ici)
My name is not Ali de Viola Shafik: une coproduction Égypte-Allemagne qui lève le voile sur El Hedi Ben Salem, l'amoureux de Fassbinder, rendu célèbre par le film Tous les autres s'appellent Ali. Une narration plutôt sage, mais une histoire fascinante, même si d'une grande tristesse.
Schuld sind immer die Anderen (je vous en ai parlé là)
La mer à l'aube de Volker Schlöndorff (France-Allemagne): certainement pas le plus grand film du réalisateur, mais là aussi, un regard allemand sur une page très trouble de la Deuxième Guerre mondiale, l'exécution de 150 otages français. Plusieurs scènes à donner froid dans le dos, car ne relevant pas de la fiction.
La dernière rhapsodie de Bence Gyöngyössy (Hongrie): un très vieux Liszt revient sur ses amours tumultueuses avec la belle Nina, l'une de ses élèves. Une biographie de compositeur comme on en faisait jadis, avec couleurs saturées, dégoulinante de bons sentiments, portée par une musique pas entièrement représentative.
Paisajes devorados d'Eliseo Subiela (Argentine): des étudiants en cinéma décident de tourner un documentaire sur un patient d'une institution psychiatrique qui se dit réalisateur. Un hommage au cinéma, au rôle essentiel qu'il joue, tant pour le spectateur que pour les artisans. Poétique.
Grand comme le baobab de Jeremy Teicher (Sénégal-États-Unis): Coumba et Debo sont les premières de la famille à quitter le village et à étudier dans la grande ville. Des dettes importantes étant encourues par la famille (le frère aîné s'est blessé en taillant un baobab), le père se résigne à offrir la plus jeune des deux sœurs en mariage. L'aînée réussira-t-elle à empêcher l'inévitable? Un très beau premier film, tourné avec des acteurs amateurs (rencontrés lors du tournage d'un documentaire quatre ans auparavant), qui évoque et ne juge pas. « Ne change pas ta culture. Comprends ta culture », explique d'ailleurs la mère à un moment.
Africa: The Beat de Samaki Wanne, un collectif composé de deux musiciens, un peintre et un cinéaste (Espagne-Tanzanie): une excursion passionnante dans le quotidien des Wagogo, peuple pour lequel la musique (polyphonique) joue un rôle essentiel au quotidien. De très belles images, une partition riche, un film qu'on savoure comme une œuvre musicale cohérente, en plusieurs mouvements.
Danse la danse d'Alain Deymier (Espagne): un portrait des derniers instants de Nacho Duato avec la Compañía nacional de danza de Madrid qu'il dirige depuis vingt ans. La narration fragmentée n'aide pas la clarté du propos, mais les segments dansés et les interviews avec le chorégraphe demeurent fascinants.
Schumann at Pier 2 de Christian Berger (Allemagne): une réhabilitation en règle de Schumann en tant que symphoniste. L'enthousiasme de Paavo Järvi et des musiciens de la Deutsche Kammerphilhamonie Bremen qui expliquent l'un ou l'autre passage, le montage qui permet la superposition d'instants pris en répétition, en concert et certaines exergues sur fond blanc, quatre symphonies magnifiquement rendues: une envie folle de se plonger dès la sortie dans les quatre symphonies de Schumann. Chapeau! Souhaitons que le FIFA mettra la main sur ce film, qui était présenté en première mondiale à Montréal.
Je vous propose un court retour. (En suivant les liens, vous pourrez visionner les bandes-annonces.)
Ende der Schonzeit de Franziska Schlotterer (Allemagne): une relecture féminine d'une période un peu trouble de l'histoire allemande (la fin de la Deuxième Guerre mondiale) à travers l'histoire intime - intimiste même - d'un couple de fermiers qui héberge un Juif pour des raisons tout à fait surprenantes.
La noche de enfrente de Raul Ruiz (Chili): un souffle sud-américain, une histoire qui n'a rien de linéaire, un questionnement sur la littérature et l'imaginaire, les personnages principaux y côtoyant notamment Long John Silver, Gean Giono et... Beethoven!
Das Wochenende (je vous en parlais ici)
My name is not Ali de Viola Shafik: une coproduction Égypte-Allemagne qui lève le voile sur El Hedi Ben Salem, l'amoureux de Fassbinder, rendu célèbre par le film Tous les autres s'appellent Ali. Une narration plutôt sage, mais une histoire fascinante, même si d'une grande tristesse.
Schuld sind immer die Anderen (je vous en ai parlé là)
La mer à l'aube de Volker Schlöndorff (France-Allemagne): certainement pas le plus grand film du réalisateur, mais là aussi, un regard allemand sur une page très trouble de la Deuxième Guerre mondiale, l'exécution de 150 otages français. Plusieurs scènes à donner froid dans le dos, car ne relevant pas de la fiction.
La dernière rhapsodie de Bence Gyöngyössy (Hongrie): un très vieux Liszt revient sur ses amours tumultueuses avec la belle Nina, l'une de ses élèves. Une biographie de compositeur comme on en faisait jadis, avec couleurs saturées, dégoulinante de bons sentiments, portée par une musique pas entièrement représentative.
Paisajes devorados d'Eliseo Subiela (Argentine): des étudiants en cinéma décident de tourner un documentaire sur un patient d'une institution psychiatrique qui se dit réalisateur. Un hommage au cinéma, au rôle essentiel qu'il joue, tant pour le spectateur que pour les artisans. Poétique.
Grand comme le baobab de Jeremy Teicher (Sénégal-États-Unis): Coumba et Debo sont les premières de la famille à quitter le village et à étudier dans la grande ville. Des dettes importantes étant encourues par la famille (le frère aîné s'est blessé en taillant un baobab), le père se résigne à offrir la plus jeune des deux sœurs en mariage. L'aînée réussira-t-elle à empêcher l'inévitable? Un très beau premier film, tourné avec des acteurs amateurs (rencontrés lors du tournage d'un documentaire quatre ans auparavant), qui évoque et ne juge pas. « Ne change pas ta culture. Comprends ta culture », explique d'ailleurs la mère à un moment.
Africa: The Beat de Samaki Wanne, un collectif composé de deux musiciens, un peintre et un cinéaste (Espagne-Tanzanie): une excursion passionnante dans le quotidien des Wagogo, peuple pour lequel la musique (polyphonique) joue un rôle essentiel au quotidien. De très belles images, une partition riche, un film qu'on savoure comme une œuvre musicale cohérente, en plusieurs mouvements.
Danse la danse d'Alain Deymier (Espagne): un portrait des derniers instants de Nacho Duato avec la Compañía nacional de danza de Madrid qu'il dirige depuis vingt ans. La narration fragmentée n'aide pas la clarté du propos, mais les segments dansés et les interviews avec le chorégraphe demeurent fascinants.
Schumann at Pier 2 de Christian Berger (Allemagne): une réhabilitation en règle de Schumann en tant que symphoniste. L'enthousiasme de Paavo Järvi et des musiciens de la Deutsche Kammerphilhamonie Bremen qui expliquent l'un ou l'autre passage, le montage qui permet la superposition d'instants pris en répétition, en concert et certaines exergues sur fond blanc, quatre symphonies magnifiquement rendues: une envie folle de se plonger dès la sortie dans les quatre symphonies de Schumann. Chapeau! Souhaitons que le FIFA mettra la main sur ce film, qui était présenté en première mondiale à Montréal.
jeudi 30 août 2012
Schuld sind immer die Anderen
Je suis revenue complètement soufflée de la projection du premier long métrage de Lars-Gunnar Lotz, Schuld sind immer die Anderen (Shifting the Blame dans sa traduction sous-titrée anglaise, présentée au FFM). Le personnage principal, Benjamin, délinquant depuis l'âge de 14 ans, enfile vols de voiture et larcins divers, histoire de se payer alcool et drogue. Un soir en apparence comme les autres, il attaque une femme, vole sa voiture, son argent, des photos de sa fille. Quand il lui demande de s'arrêter au guichet automatique pour lui remettre 500 Euro et qu'elle échappe les billets par terre, il explose, la roue de coups et file avec son complice. Emprisonné suite à un autre crime, il échoue en prison. On lui propose bientôt une porte de sortie, un séjour, dans un lieu en apparence idyllique, sans barreaux ni clôtures électrifiés, Waldhaus (la maison de la forêt), qui favorise la réinsertion de jeunes délinquants. Quand, après quelques jours, il rencontre la femme du responsable de l'établissement, il réalise qu'elle a été sa victime. Le film s'attardera à suivre aussi bien agresseur que victime, celle-ci hantée par le souvenir de l'attaque sauvage, celui-là ployant sous le poids de la révélation et de la culpabilité.
Le jeune réalisateur est très engagé comme en témoigne ces deux premiers essais, un documentaire en hommage à sa sœur Lisanne, qui souffre du syndrome de Down, et Für Miriam, un court-métrage qui traite du choc vécu après un accident fatal voiture contre scooter, qui a valu à son actrice principale, Franziska Petri, un prix d'interprétation à la Berlinale en 2009. Il explique avoir voulu cette fois s'immiscer dans l'univers des travailleurs sociaux et a passé un certain nombre d'heures dans un lieu de réinsertion qui ressemble à Waldhaus, avant d'élaborer un scénario inventif, qui refuse toute tentation de facilité ou de dogmatisme, avec Anna Maria Praßler (avec laquelle il avait également collaboré sur Für Miriam).
Tout au long du film, le spectateur reste absolument captivé, tant par le propos que la façon dont il est rendu. Edin Hasanovic (20 ans, dont c'est le premier grand rôle, mais qui a été vu à la télé au cours des cinq dernières années) crève l'écran dans le rôle de Ben et exprime avec autant de conviction une colère presque tellurique qu'une douleur intérieure qui n'a rien d'unidimensionnelle. Julia Brendler (qui a beaucoup travaillé à la télévision) rend bien les déchirements intérieurs de la victime, qui aimerait pouvoir pardonner, mais qui ne sait pas comment contenir ou exprimer de façon entièrement cohérente sa colère, même à son mari.
Je surveillerai avec attention le parcours de ce réalisateur au cours des prochaines années. Il vous reste deux occasions de vous glisser en salle pour apprécier la puissance de ce film (en compétition dans la catégorie « premières œuvres »), le 31 août à 14 h 10 et le 1er septembre à 18 h 40.
Le site officiel du film (en anglais et en allemand).
Le jeune réalisateur est très engagé comme en témoigne ces deux premiers essais, un documentaire en hommage à sa sœur Lisanne, qui souffre du syndrome de Down, et Für Miriam, un court-métrage qui traite du choc vécu après un accident fatal voiture contre scooter, qui a valu à son actrice principale, Franziska Petri, un prix d'interprétation à la Berlinale en 2009. Il explique avoir voulu cette fois s'immiscer dans l'univers des travailleurs sociaux et a passé un certain nombre d'heures dans un lieu de réinsertion qui ressemble à Waldhaus, avant d'élaborer un scénario inventif, qui refuse toute tentation de facilité ou de dogmatisme, avec Anna Maria Praßler (avec laquelle il avait également collaboré sur Für Miriam).
Tout au long du film, le spectateur reste absolument captivé, tant par le propos que la façon dont il est rendu. Edin Hasanovic (20 ans, dont c'est le premier grand rôle, mais qui a été vu à la télé au cours des cinq dernières années) crève l'écran dans le rôle de Ben et exprime avec autant de conviction une colère presque tellurique qu'une douleur intérieure qui n'a rien d'unidimensionnelle. Julia Brendler (qui a beaucoup travaillé à la télévision) rend bien les déchirements intérieurs de la victime, qui aimerait pouvoir pardonner, mais qui ne sait pas comment contenir ou exprimer de façon entièrement cohérente sa colère, même à son mari.
Je surveillerai avec attention le parcours de ce réalisateur au cours des prochaines années. Il vous reste deux occasions de vous glisser en salle pour apprécier la puissance de ce film (en compétition dans la catégorie « premières œuvres »), le 31 août à 14 h 10 et le 1er septembre à 18 h 40.
Le site officiel du film (en anglais et en allemand).
mercredi 29 août 2012
Pour l'amour de Bach
L'Allemagne et son cinéma continuent de m'habiter, alors qu'hier j'ai vu le documentaire My name is not Ali, qui revient sur une histoire assez ténébreuse du parcours très tumultueux du mythique réalisateur Rainer Werner Fassbinder et que cet après-midi, je me propose de voir le premier long métrage de Lars-Gunnar Lotz, Schuld sind immer die Anderen (C'est toujours la faute des autres), ayant déjà remporté quelques prix. L'oreille se fait, tranquillement mais sûrement, les sous-titres servant plus de filet que de bouée.
Mais aujourd'hui, c'est une autre Allemagne que je veux partager avec vous, celle du père de tous les musiciens, Bach, revue par l'exceptionnel chorégraphe espagnol Nacho Duato, auquel le film Danse la danse, présenté ce week-end au FFM est consacré.
Mais aujourd'hui, c'est une autre Allemagne que je veux partager avec vous, celle du père de tous les musiciens, Bach, revue par l'exceptionnel chorégraphe espagnol Nacho Duato, auquel le film Danse la danse, présenté ce week-end au FFM est consacré.
lundi 27 août 2012
Das Wochenende
Après avoir lu Le liseur (ou était-ce juste avant?), j'avais pioché Le week-end de Bernhard Schlink en bibliothèque. Des années après, je me souviens encore de cette atmosphère étouffante de huis-clos admirablement rendue, de ces questionnements sur la pertinence d'une action terroriste, de l'impossibilité presque viscérale du protagoniste à se réintégrer dans la « société » après avoir passé plus de 20 ans derrière les barreaux.
La réalisatrice allemande Nina Grosse (qui, m'apprend IMDb a travaillé plus souvent à la télé qu'au cinéma) propose une relecture fidèle du roman et dirige ses acteurs d'une main de maître. Le mal-être de Jens, le terroriste qui sort de prison et retrouve ses anciens comparses après 18 ans, ayant passé toutes ces années à vouloir savoir le nom de celui qui l'avait donné à la police, est admirablement rendu par Sebastian Koch qui démontre une fois de plus la profondeur de sa palette. Katja Riemann transmet également adroitement les tiraillements d'Inga, qui n'a jamais réussi entièrement à oublier Jens, même si elle a refait sa vie avec Ulrich.
La cinématographie soutient habilement le propos, les extérieurs s'opposant aux intérieurs, les scènes d'apparentes festivités (condamnées à devenir grinçantes, compte tenu des circonstances) servant de contrepoint aux plans rapprochés qui permettent de saisir les tourments des protagonistes (dont ces quelques secondes, d'une rare violence psychologique, pendant laquelle Gregor, le fils de Jens - Robert Gwisdek - se retrouve seul face à ses démons dans un ascenseur). Les plans de campagne (et les envols d'oiseaux) ponctuent le propos, fins de chapitre, de sections, permettant aussi au spectateur d'assimiler les dernières informations reçues.
Il reste à souhaiter que le film soit distribué ici éventuellement. Sinon, dépêchez-vous de vous glisser en salle à 14 h à l'Impérial aujourd'hui.
Vous pouvez également lire une courte entrevue accordée par Sebastian Koch (présent hier soir) à La Presse.
Comédiens et réalisatrice |
La cinématographie soutient habilement le propos, les extérieurs s'opposant aux intérieurs, les scènes d'apparentes festivités (condamnées à devenir grinçantes, compte tenu des circonstances) servant de contrepoint aux plans rapprochés qui permettent de saisir les tourments des protagonistes (dont ces quelques secondes, d'une rare violence psychologique, pendant laquelle Gregor, le fils de Jens - Robert Gwisdek - se retrouve seul face à ses démons dans un ascenseur). Les plans de campagne (et les envols d'oiseaux) ponctuent le propos, fins de chapitre, de sections, permettant aussi au spectateur d'assimiler les dernières informations reçues.
Il reste à souhaiter que le film soit distribué ici éventuellement. Sinon, dépêchez-vous de vous glisser en salle à 14 h à l'Impérial aujourd'hui.
Vous pouvez également lire une courte entrevue accordée par Sebastian Koch (présent hier soir) à La Presse.
samedi 25 août 2012
Repousser la rentrée
Ça sent la rentrée à plein nez. Les enfants doucement apprivoisent l'idée de retourner en classe (certains y étaient déjà vendredi), les plus vieux tentent de reprendre le pli. Quoi, déjà? Je sais pertinemment que je passerai plusieurs minutes dans la prochaine semaine à jongler avec les horaires des élèves, à essayer de démêler les cours de ballet, piscine, chorale, alouette, et d'arriver à une grille-horaire viable pour tous.
D'ici là, je suis en semi-déni et ai décidé de me faire un dernier festival, celui des films du monde, pour la première fois depuis sa création (oui, je sais, j'aurais pu y penser avant la 36e édition, quand même!). J'étais au Cinéma Impérial à 9 h avec une amie (si, si, un samedi!), parmi tant d'autres (la salle était pleine), pour Ende der Schonzeit de la réalisatrice allemande Franziska Schlotterer, une relecture féminine, tantôt délicate, tantôt brutale, des années 1942-45, mettant en lumière un trio qui n'avait pas grand chose d'amoureux. Une belle cinématographie, une direction d'acteurs habile. Première impression: je pense que je pourrais bien adopter le FFM!
Je verrai le testament de Raul Ruiz demain matin (La noche de enfrente), Das Wochenende (d'après le roman de Schlink, que j'avais beaucoup aimé) demain soir, ai déjà mes billets pour La mer à l'aube de Schlöndorf, pour le documentaire Africa: The Beat. Je serai aussi en salle pour Schumann at Pier 2 (un documentaire sur Paavo Järvi et le Philharmonique de Brême) et fort probablement pour La danse (sur les adieux du chorégraphe Nacho Duato) et La manière Labèque. Mais il y a aussi Polanski, A film memoir, El dificil arte del paseo, Was bleibt de Hans-Christian Schmid... Trop de choix! (Tous les détails de la programmation ici...)
Cet après-midi, une amie m'a convaincue d'aller voir Tokyo Story, un classique que plusieurs spécialistes n'hésitent pas à placer sur leur « top 5 » de tous les temps. C'est grave, docteur?
D'ici là, je suis en semi-déni et ai décidé de me faire un dernier festival, celui des films du monde, pour la première fois depuis sa création (oui, je sais, j'aurais pu y penser avant la 36e édition, quand même!). J'étais au Cinéma Impérial à 9 h avec une amie (si, si, un samedi!), parmi tant d'autres (la salle était pleine), pour Ende der Schonzeit de la réalisatrice allemande Franziska Schlotterer, une relecture féminine, tantôt délicate, tantôt brutale, des années 1942-45, mettant en lumière un trio qui n'avait pas grand chose d'amoureux. Une belle cinématographie, une direction d'acteurs habile. Première impression: je pense que je pourrais bien adopter le FFM!
Je verrai le testament de Raul Ruiz demain matin (La noche de enfrente), Das Wochenende (d'après le roman de Schlink, que j'avais beaucoup aimé) demain soir, ai déjà mes billets pour La mer à l'aube de Schlöndorf, pour le documentaire Africa: The Beat. Je serai aussi en salle pour Schumann at Pier 2 (un documentaire sur Paavo Järvi et le Philharmonique de Brême) et fort probablement pour La danse (sur les adieux du chorégraphe Nacho Duato) et La manière Labèque. Mais il y a aussi Polanski, A film memoir, El dificil arte del paseo, Was bleibt de Hans-Christian Schmid... Trop de choix! (Tous les détails de la programmation ici...)
Cet après-midi, une amie m'a convaincue d'aller voir Tokyo Story, un classique que plusieurs spécialistes n'hésitent pas à placer sur leur « top 5 » de tous les temps. C'est grave, docteur?
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