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mercredi 16 mars 2016

Jeff Koons et Frank Gehry

Gehry et Koons sont deux personnages assurément fascinants. On reconnait d'un seul coup d’œil les formes courbes des édifices du premier (l'architecte a frappé un nouveau grand coup avec le travail qu'il a récemment effectué sur l'édifice de la Fondation Vuitton) et du regard si particulier que le second porte sur le monde de l'enfance (ses chiens en faux ballons de baudruche soufflés ou encore son Popeye). Les deux ont suscité (ou continuent de susciter) les passions. On aime - voire on adore, à en juger par exemple par les files lors de l'expo Koons à Paris - ou on déteste. Gerhy est « le Kim Kardashian de l'architecture » n'hésite pas à affirmer une de ses collègues qui affirme, le sourire en coin, que tout n'est qu'une question de marketing - on pourrait facilement apposer une telle affirmation au travail de Koons!

Si Gehry a ses détracteurs, il séduit un très grand nombre. Impossible de ne pas se sentir presque bouleversé par son travail au Guggenheim de Bilbao (dont les façades deviennent dorées par mauvais temps), de céder aux courbes du Walt Disney Hall ou de sourire devant la maison dansante de Prague. Dans le documentaire présenté au FIFA, on s'attarde plutôt à la construction de l'édifice de l'UFS de Sidney. Un regard fascinant sur les défis liés à la construction de cet édifice qui semble tenir par magie. Soutenu par une équipe d'experts, Gehry continue de créer à 1987 ans.

À 61 ans, Koons prétend disposer d'encore une trentaine d'années au niveau de la création. Le regard qu'il porte sur le monde renvoie de façon presque subversive le spectateur à lui-même, à son enfance aussi bien qu'à sa mortalité, étrange exercice de séduction qui laisse toujours le spectateur avec une curieuse impression de réconfort et de malaise. En cette ère d'égoportraits, il ne faut sans doute pas se surprendre de sa popularité.

Getting Frank Gehry from Kingdom_of_Ludd on Vimeo<

Jeff Koons, Diary of a Seducer: 18 mars midi 30, 19 mars 19 h 30 Getting Fred Gehry: 19 mars 19 h 30

mardi 6 janvier 2015

Lucie est sortie en 2014...

En 2014, j'ai vu 73 spectacles qui n'étaient pas du théâtre... Je comprends mieux comment, en sortant un 150 fois dans une année, je commence à manquer de temps!

Arts visuels et photo

Exposition Adrian Paci (MAC)
Papiers 14
Peter Doig (MBAM)
Lemieux et Pilon (MBAM)
World Press Photo (Marché Bonsecours)
Alex Colville (AGO, Toronto)

Cinéma

Meetings with a Young Poet
La grande belezza
Tom à la ferme
La Vénus à la fourrure
A ras del cielo (documentaire sur le monde du cirque)
Le fantôme de l'opéra (version de 1925, avec improvisation à l'orgue)
Mommy
Into the Woods

Cirque

Intersection (Sept doigts de la main)
Small Tent... Big Shoulders (Midnight Circus)
Acrobates (Le Montfort)
Six pieds sur terre (Lapsus)
Barbu - Foire électro trad (Cirque Alfonse)
Curios (Cirque du soleil)
Reset (Throw2Catch)
The Rendez-vous (Krin Haglund)
Le soir des monstres (Monstre(s))
Le concierge (Anthony Venisse)
Méandre (TOHU)
Cuisine et confessions (Sept doigts de la main, TOHU)
Opus (Circa, TOHU)
Attrape-moi! (Flip FabriQue, TOHU)

Danse

O litBouge de là (jeune public)
FARWayne McGregor Random Dance (Danse danse)
Get a Revolver, Helena Waldmann (Danse danse)
Fault Lines, Leshan Song and Dance Troup (Spectaculairement Chine)
Emmac terre marine (Danse-Cité)
Pavement, Abraham.In.Motion (Danse danse)
Norman (5e Salle)
Songs of the Wanderers, Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan (Danse danse)
Tragédie, Olivier Dubois (Danse danse)
Be somebody else, Isabel Mohn (Danse-Cité)
Sad Sam Lucky (FTA)
D'après une histoire vraie (FTA)
Antigone Sr (FTA)
Soif, O Vertigo (Danse danse)
Tentacle Tribe et Wants & Needs Dance (Danse danse)
Akram Khan Company, itMOi (Danse danse)
Pina Bausch, Vollmond (Danse danse)
L'éveil (Coup de théâtre)

Marionnettes

Hôtel de Rive (Trois jours des Casteliers)

Musique classique

Winterreise de Schubert (Salle Bourgie)
Marathon Bach (Salle Bourgie)
Récital Marc-André Hamelin (Chapelle historique du Bon-Pasteur)
Récital de Yo-Yo Ma (Maison symphonique de Montréal)
LA Phil sous Gustavo Dudamel (Maison symphonique de Montréal)
Hansel et Gretel (Opéra de Montréal)
Récital de David Fray (Salle Bourgie)
Folk de Collectif 9 (Rialto)
Turandot (Opéra de Montréal)
Prix d'improvisation Richard Lupien
Gabriela Montero (Salle Pollack)
David Jalbert et Appassionata (Salle Bourgie)
Concours Musical International de Montréal (piano) ici et 
Récital Till Fellner (Centre d'arts Orford)
Nabucco (Opéra de Montréal)
Benjamin Grosvenor et l'OSM (Maison symphonique de Montréal)
Le barbier de Séville (Opéra de Montréal)

Musique contemporaine

Au rythme des papillons, production jeunesse du Moulin à musique
Marleau fête Gougeon (SMCQ)
Diego Espinoza (Innovations en concert)
Six thèmes solaires (SMCQ)
Le Rêve de Grégoire (Chants libres)
Notre Damn (La Chapelle)
Composition Machine (Centre Segal)
Écoute le silence - Un voyage avec John Cage (Coups de théâtre)

Comédie musicale

An American in Paris (Théâtre du Châtelet, Paris)

vendredi 28 février 2014

Au rythme des papillons

Y a-t-il quelque chose de plus envoûtant que le vol d'un papillon? Comment ne pas être troublé par la métamorphose que subit la simple chenille avant de prendre son envol, que ce soit une journée, une saison ou plus longtemps encore? Alors que la populaire exposition Papillons en liberté bat son plein au Jardin botanique, le Moulin à musique présente sa toute nouvelle production, le concert visuel Au rythme des papillons, un voyage sonore qui laisse une large place au rêve et aux interprétations libres.

Métaphore idéale de la métamorphose (petits et grands ne rêvent-ils pas constamment de s'émanciper d'aussi belle façon?), le spectacle dégage avant toute chose une charge atmosphérique. Pas de pédagogie musicale directe ici, aucune intervention parlée visant à rallier les esprits; plus simplement une démonstration en sons et en images de la puissance des langages non-verbaux.

Photo: Olivier Benoit-Potvin
Deux musiciennes, Mélanie Cullin (pianiste) et Fanny Fresard (violoniste), servent de guides et transmettent les inflexions de la très belle partition de Georges Forget. Les œuvres d'Eugénia Reznik s'inscrivent naturellement en contrepoint, deuxième ligne narratrice complémentaire, qui peut être perçue au premier degré (les quatre étapes menant à la naissance du papillon) ou comme une métaphore de la création artistique. L'immense œuf de la chenille (un ballon enveloppé dans du papier collant brillant) peut représenter les premiers germes d'une idée artistique, la chenille l'étape des croquis (c'est d'ailleurs à ce moment-là que le dessin se fait plus directif), la chrysalide les toiles couvertes d'une bâche quand le peintre quitte l'atelier et le papillon lui-même, traité ici de façon abstraite, l'oeuvre terminée. On sent aussi un réel travail sur les textures et les transparences, magnifiées par des éclairages de Kévin Bergeron.

Les sections oniriques sont entrecoupées de segments plus rythmés. Il faut souligner ici l'efficacité redoutable du passage accompagnant les repas de la chenille qui, non contente de manger quelques brins d'herbe, finit par manger feuilles, arbre au complet et même partition (beau clin d’œil), la musique de Georges Forget nous propulsant vers l'avant de façon implacable. (Un enfant handicapé mental, présent lors de la première, a d'ailleurs éloquemment démontré la puissance de cette musique en tapant parfaitement en mesure tout au long du segment en question.) La « berceuse » de la chrysalide, aux harmonies rappelant parfois Bartók, devient tout de suite après une véritable page de poésie.

La musicienne en moi aurait aimé pouvoir rester encore cinq minutes dans cet univers, histoire sans doute de laisser voler mon esprit avec ce papillon chimérique... ou accepter de le laisser partir.

Vous pouvez vous glisser dans la salle de l'Auditorium Henry-Teuscher du Jardin Botanique de Montréal aujourd'hui, demain et du 6 au 8 mars. Détails ici...

jeudi 19 septembre 2013

Tour Paris 13

Une autre initiative qui me fera amèrement regretter de ne pas être à Paris en octobre...

Une tour, dans le 13e arrondissement, qui sera détruite à la fin de l'année. La Galerie Itinerrance et Mehdi Ben Cheikh décident de monter un projet unique: faire appel à une centaine d'artistes de Street Art, des quatre coins du monde, qui vont pouvoir investir le lieu, une ultime fois avant sa destruction.

Du 1er au 31 octobre, le public pourra se promener dans les 36 appartements de 4 ou 5 pièces, s'approprier les univers particuliers d'artistes de 16 nationalités. De façon parallèle, les internautes pourront faire la visite virtuelle complète des lieux. Un projet fou, éphémère, incontournable.

On peut déjà mettre le site du projet dans ses favoris...

vendredi 12 avril 2013

Modèle vivant

Que voilà une façon inusitée - mais totalement convaincante - d'attirer l'attention sur la réouverture du Rijksmuseum d'Amsterdam demain...

jeudi 14 mars 2013

Le 31e FIFA commence aujourd'hui

Dès aujourd'hui et jusqu'au 24 mars, je me laisserai happer par les films proposés lors de cette 31e édition du Festival international du film sur l'art. La presse dispose de certains privilèges, dont des projections en matinée, ce qui me permettra à l'occasion de vous parler de mes impressions, même avant que le film ne soit présenté pour le public. Je ne pourrai évidemment pas voir les 248 films (28 pays représentés), mais déjà voici certains titres qui retiennent mon attention.

Films canadiens: Dans un océan d’images d’Helen Doyle, film qui explore le travail de plusieurs photojournalistes, notamment en Algérie, en Afghanistan, en Irak et au Cambodge, et Crée-moi, crée-moi pas de Marie-Pascale Laurencelle (compétition officielle), une réflexion sur la place des femmes comme créatrices dans l’espace public.

Architecture:  Bolchoï, une renaissance, Diller Scofidio + Renfro: Reimagining Lincoln Center and the High Line,  Fallingwater: Frank Lloyd Wright’s Masterwork, Helsinki Music Centre — Prelude et Sagrada : Le mystère de la création.
Art contemporain: Art 21 — Art in the Twenty-First Century: History et Sophie Calle, sans titre.

Danse: The Ballet Masters, Joffrey: Mavericks of American Dance, Merce Cunningham, la danse en héritage, Rain et Virtuosi.

Littérature: The Fatwa — Salman’s Story, Gao Xingjian, celui qui marche seul, Michel Butor, l’écrivain migrateur et Water Marked.


Musique: John Cage — Journeys in Sound, Le Mystère musical coréen, Punkt: A Revolution in Live Composing, Road movie, un portrait de John Adams, Dietrich Fischer-Dieskau: la voix de l'âme (film de Bruno Monsaingeon) et Set the Piano Stool on Fire (qui relate la passation de savoir entre Kit Amstrong, jeune musicien surdoué, et son mentor, Alfred Brendel).


Peinture, sculpture et photographie: Léger au front, La Toile blanche d’Edward Hopper, The Man Who Invented Himself — Duane Michals, Brancusi, La Nouvelle objectivité allemande et Le Siècle de Cartier-Bresson.

Théâtre: Jonathan Miller et Within a Tempest. The Island.

La programmation complète ici...

vendredi 11 janvier 2013

Spasmes: une image vaut mille mots

 Proposé comme un « déambulatoire, entre arts visuels et arts scéniques », Spasmes se veut un troublant hommage à l’univers de Francis Bacon. Au fil d’un spectacle misant avant tout sur la physicalité et la plastie, quiconque a suffisamment fréquenté l’œuvre du peintre iconoclaste reconnaîtra certaines torsions des corps liées à une toile, une composition graphique ou même certaines transpositions de coups de pinceau.

La metteure en scène Carole Nadeau, qui signe également certains des textes et lit en fin de parcours des passages des magnifiques 158 fragments d’un Bacon explosé de Larry Tremblay, a voulu proposer une expérience sensorielle avant tout. Au fil de « stations », disposées un peu partout dans l’Espace libre, qui mèneront à une crucifixion inversée d’une puissance certaine, le spectateur est tour à tour confronté à un délire vaguement décalé,  à des instants absolument savoureux et à d’autres qui s’étirent inutilement.

Je vous invite à lire le reste de ma critique sur le site de la revue Jeu. Il vous reste deux occasions (ce soir et demain) de vivre une expérience hors de l'ordinaire.

Vous noterez également l'ajout dans la colonne de droite de la section « Lucie va au théâtre » qui vous permettra de suivre mes rencontres théâtrales.

lundi 31 décembre 2012

Au revoir 2012

Dernier jour de l'année, l'heure des bilans a sonné. Si j'aime bien biffer des éléments sur une liste, je n'adopterai pas cette forme ici, puisque je ne comprends pas la pertinence de positionner des instants, des émotions. Comment peut-on dire que tel bouleversement est plus important que tel questionnement? Parlons plutôt, comme en musique, de temps forts.

Concerts classiques
 
Le seul concert peut-être que je retiendrai de bout en bout est le récital de Perahia, qui nous a donné une grande leçon d'architecture et de poésie. Un jeu pas toujours parfait - humain, quoi! -, mais des moments de sublime beauté, dont un rappel absolument parfait. Sinon, impossible d'oublier le mouvement lent de la Sonate opus 5 de Brahms sous les doigts de Stephen Hough et le rappel donné par Menahem Pressler et ses amis, mouvement lent du Quatuor de Brahms (décidément), qui m'a complètement bouleversée.

Musique contemporaine

Je viens de revoir la liste des billets consacrés au cours de 2012 aux créations (ainsi qu'à quelques reprises). Comment faire un choix ici? Il me semble que tous les événements de musique contemporaine auxquels j'ai assisté cette année m'ont allumée, à un niveau ou un autre. Instants, pêle-mêle, qui remontent à la surface: le concert Xenakis présenté par l'ECM+ avec le percussionniste Olivier Maranda et cette foule qui se pressait comme à un véritable show rock, le triplé de concerts de Louise Bessette qui soulignait ses 30 ans de carrière, la soirée Denis Gougeon du Quatuor Molinari, mariage réussi entre musique et poésie, la découverte de l'univers de la compositrice Cassandra Miller, la création de Maxime McKinley et DJ Champion présentée par l'OSM (que j'aurai entendu à deux reprises, la deuxième avec un plaisir total) et le concert Antiphonaire de Magnitude 6.

Téléchargements
 

Catégorie éclectique, s'il en est une... Dans mon iTunes cette année, ont beaucoup tourné: le dernier album d'Adam Cohen (que j'ai vu en spectacle), la trame sonore de Pina de Wim Wenders, Going to Where the Teatrees are de Peter von Poehl, Massoma de Kool Bass, Yo de Roberto Fonseca, Agadez de Bombino (après avoir vu le film au Festival Vues d'Afrique), Infra de Max Richter, Letter to the Lord d'Irma et tous les albums de Richard Bona.

Expos

N'espérez pas que je vous parle de l'exposition des impressionnismes, actuellement à l'affiche au Musée des beaux-arts de Montréal, dont je ne retiens que fort peu de (belles) choses. Par contre, je ne peux oublier l'exposition Gerhard Richter au Centre Pompidou (plaisir prolongé par le visionnement du film Gerhard Richter: Painting consacré au peintre allemand) et, à Montréal, la découverte de l'univers de Mathieu Laca.

Théâtre

Je vais souvent au théâtre, principalement pour le compte de la revue JEU, mais ne vous en parle pas toujours (résolution 2013 peut-être à prendre?). Quelques très belles productions cette année. Si je ne devais qu'en retenir trois: Christine la reine garçon bien sûr, mais aussi Dieu est un DJ de Falk Richter, présenté à la SAT, Lui étant à Montréal et Elle à Lausanne, ainsi que Guerre de Lars Norén, première production du Théâtre de l'Embrasure (critiques dans le numéro courant et le prochain numéro de la revue).

Je vous reviens en 2013 avec mon bilan lectures. Guten Rutsch! (littéralement, bonne glissade... dans la nouvelle année!)

mercredi 12 décembre 2012

Apprendre

No. 61 Mark Rothko
"You have a lot to learn, young man. Philosophy. Theology. Literature. Poetry. Drama, History. Archaelogoy. Anthropology. Mythology. Music. These are your tools as much as brush and pigment. You cannot be an artist until you are civilized. You cannot be civilized until you learn. To be civilized is to know where you belong in the continnum of your art and your world. To surmount the past, you must know the past."

(John Logan, Red)

mardi 13 novembre 2012

Mathieu Laca: mort ou vif

Il a à peine 30 ans, mais possède une rare maîtrise du médium, une culture artistique remarquable et une imagination absolument débridée. Faites vite, vous n'avez que jusqu'à dimanche pour le découvrir à la Galerie Modulum et vous approprier son univers à nul autre pareil. Son amour de Francis Bacon transparaît dans la façon dont il assemble ses toiles, les déstructure, y intègre l'élément qui perturbe la composition, déstabilise le spectateur.
Mathieu Laca: Francis Bacon

Dans ses autoportraits, le personnage est parfois traqué par une idée fixe, se dévoile dans un troublant moment volé, entre jouissance et agression, ou cherche à se définir en multipliant les regards qu'il pose sur lui-même. 

Mathieu Laca: Alter ego


La puissance de ses compositions, dans lesquelles le corps joue un rôle essentiel, n'a rien à envoyer à celle de Goya. (Il propose d'ailleurs une relecture de Saturne dévorant un de ces enfants, le visage du monstre occulté semblant d'une certaine façon repousser les limites même de cette violence sublimée.) Allégories, monstres déstructurés, hermaphrodite sans tête, on sort troublé de l'expérience, sans que jamais, étonnamment, la frontière du dégoût ne soit franchie.

Mathie Laca: Renaissance
Mathieu Laca propose aussi une remarquable galerie de portraits d'artistes célèbres, de Picasso à Riopelle, en passant par Tchaïkovski et Genet, deux toiles devant lesquelles je me suis longuement posée, avec lesquelles je serais bien repartie (le Tchaïkovski a été adopté par un autre connaisseur).  
Mathieu Laca: Tchaïkovski
Mathieu Laca: Genet
« Peindre le portrait d’un peintre est une forme de cannibalisme artistique, explique lui-même l'artiste. Non seulement vous vous appropriez l’apparence physique dudit peintre, mais, en imitant son style, vous pouvez jouer avec ses manies. Vous entrez alors dans un dialogue entre votre propre vocabulaire pictural et le sien. C’est la lutte de Jacob avec l’Ange. D’une certaine façon, vous aspirez son âme. Ceci ajoute tout un nouveau pan d’interprétation. » 
Mathieu Laca: Courbet
Sa série consacrée aux maîtres anciens, peinte avec les pigments et les techniques de l'époque, démontre hors de tout doute que nous avons affaire ici à un artiste en pleine possession de ses moyens, dont on continuera assurément de parler. À voir impérativement!

Vous pouvez découvrir ici le site consacré à l'exposition...

jeudi 11 octobre 2012

Art et musique baroques

L'année dernière, lors de ma série de conférences pré-concert pour Arion, j'avais fait sauter les barrières entre commedia dell'arte et musique. Demain, samedi et dimanche, je poursuis mon opération rapprochement entre les formes artistiques et traiterai alors des liens entre peinture et musique baroques, parce que, malgré les apparences, musique et art – qu’on le décline en peinture, en sculpture ou même en architecture –  sont deux muses jumelles, qui refusent de s’encombrer des mots pour transmettre lieux réels, paysages rêvés, pages d’histoire, sensations, émotions... ou même l'indicible.

Bernardo Strozzi, Ératosthène enseignant à Alexandrie (MBAM)
Déjà, on ne peut ignorer un vocabulaire commun entre la musique et l'art, que l’on pense aux termes composition, style, tension, équilibre, forme, texture, mais surtout à celui de la couleur.

Dès le 16e siècle, Arcimboldo avait établi un système d'équivalences entre les notes de la gamme et les dégradés de couleurs, du noir au blanc. En 1740, le jésuite mathématicien Louis-Bertrand Castel a tenté de relier la gamme tempérée telle que nous la connaissons aujourd’hui au spectre chromatique, en utilisant comme points d'ancrage les couleurs primaires (rouge, jaune, bleu) et les notes de l’accord parfait. Isaac Newton et Goethe ont eux aussi travaillé sur le sujet. En 1895, le Britannique Wallace Rimington a même conçu un orgue à couleurs, dispositif constitué d'une boîte éclairée de l'intérieur et munie de trous recouverts de verre coloré, sans oublier le clavier de couleurs du compositeur Alexandre Scriabine, utilisé dans son Prométhée. Plusieurs compositeurs associaient aussi des couleurs aux tonalités. Ainsi, pour Beethoven, si mineur était associé à la couleur noire.

On peut aussi, aussi bien en musique qu’en peinture, parler de rythme, de mouvement. (Ce n'est sans doute pas un hasard que c'est ainsi que l'on nomme les subdivisions d'une même œuvre.) On peut même avancer que l’adhésion à une tonalité donnée (la majeur, majeur) peut trouver un écho en peinture, alors qu’une couleur dominante habite un tableau, qu’un travail de la lumière permet de créer une atmosphère définie, que le choix des dégradés permet à l’œil de rester dans une même émotion.

Comme les concerts, qui mettront en vedette Stefano Montanari (dont l'interprétation énergique des Quatre Saisons de Vivaldi m'avait éblouie il y a deux ans), se donnent Salle Bourgie, une salle faisant partie du Musée des beaux-arts de Montréal, j’ai songé qu’il serait naturel de m’appuyer sur les œuvres baroques italiennes de la collection permanente du musée pour mieux saisir les parallèles entre art et musique. Retrouvez-moi sur place si vous le désirez. Tous les détails techniques ici...

samedi 29 septembre 2012

Rayé

Pour souligner l'ouverture de la toute nouvelle galerie, Modulum (3081 Ontario Est), une exposition collective y est proposée. Un seul mot, pour inspirer les 12 artistes qui y participent: rayé. Certains l'ont traité de façon ludique (les trois petits Rayés de Jean Maxime Landry par exemple), d'autres se sont concentrés sur les textures (Francis Fontaine), alors que d'autres ont évoqué les connotations philosophiques ou émotives du terme (comme le Rayé de la liste du designer CLUC, qui donne aux aiguilles de couture une nouvelle voix).

Cette douzaine éclectique comprend aussi bien quelques noms qui circulent sur les lèvres des aficionados d'art contemporain d'ici (Laurent Craste et ses vases fracturés, Fred Laforge et ses troublants tableaux en graphite sur papier, réalisés par superpositions de carrés aux dégradés de gris adroitement calibrés et Damian Siquieros, qui capte admirablement le côté théâtral des corps en mouvement et qui propose ici un portrait de doubles, tous trois représentés par la galerie [SAS]) que des artistes émergents qui, au cours de la saison 2012-13, présenteront une exposition dans les nouveaux espaces et dont la maîtrise de leurs médiums respectifs séduit déjà.

Damian Siquieros: La conciliation des sois
Fred Laforge: Bikini Island
Je pense ici à la déconstruction du portrait selon Chopin (son vrai prénom, ai-je appris en m'entretenant avec lui de ses études en arts plastiques et en graphisme), qui travaille son sujet grâce à des strates de plexiglas superposées, mais de façon décalée, ce qui donne une curieuse impression d'être devant un hologramme et qui force le spectateur à se déplacer lui-même pour appréhender l’œuvre dans son intégralité. (Son exposition solo se tiendra à la galerie du 15 février au 10 mars 2013.)

Chopin: Fausse numérique
J'ai aussi été happée pendant de longues minutes par Rayé de sa mémoire de Christina Alonso, qui a détourné le thème proposé pour en extraire un aspect plus troublant. Si on se laisse d'abord ensorceler par la fluidité des rayures qui enveloppent le visage, on finit par se perdre dans les méandres de cet esprit qui échappe à sa propriétaire aussi bien qu'au destinataire de l’œuvre. (Expo solo du 15 mars au 10 avril 2013)


Christina Alonso: Rayé de sa mémoire
J'ai aussi beaucoup apprécié la façon dont César Ochoa traite le mouvement dans son impression argentique Zona aurea qui propose une lecture à la fois onirique et décalée du portrait.


L'exposition, qui comprend des œuvres de Christina Alonso, Chopin. CLUC, Laurent Craste -galerie [sas], Yannick de Serre, Francis Fontaine, Sébastien Gaudette, Mathieu Laca, Fred Laforge -galerie [sas], Jean Maxime Landray, César Ochoa et Damian Siquieros -galerie [sas] se poursuit jusqu'au 14 octobre.
de gauche à droite :
Cluc, Christina Alonso, Yannick de Serre, César Ochoa, Damian Siqueiros, Laurent Craste, Fred laforge, Chopin, Francis Fontaine, Mathieu Laca, Sébastien Gaudette


samedi 28 juillet 2012

Gerhard Richter: Painting

L'artiste allemand, au centre d'une très réussie rétrospective au Centre Pompidou à Paris, a célébré son 80e anniversaire en février. Il a également su inspirer la réalisatrice allemande Corinna Belz, qui signe un documentaire entre abstraction et narration fragmentée, qui vient de prendre l'affiche à Montréal au Cinéma du Parc (et à Paris, en marge de l'expo).

Pendant six mois, Belz s'est fondu dans l'ombre de Richter, témoin plutôt qu’interlocuteur, ce qui permet de tracer un portrait d'abord en gestes du peintre, qui se décline au présent continu. (En ce sens, le titre fait  référence à l'action et non à l'objet.) Quelques entrevues d'archives ponctuent ici et là le propos, certaines phrases elliptiques de l'artiste (sur son départ de la RDA, sur le regard des autres, sur son enfance) servent de respirations, de points de suspension, mais les moments les plus troublants du film (qui continuent de hanter bien après) restent ceux pendant lesquels on assiste à la naissance d'une œuvre, Richter travaillant à gestes mesurés, superposant des couleurs vives avant d'en extraire avec l'un de ses racloirs la densité, les textures, le sous-texte.

Nous assistons, fascinés, à ce dialogue avec la toile, la couleur, le propos. Jusqu'où devra-t-il aller avant que l'œuvre puisse poursuivre son existence de façon indépendante, transmettre une certaine finitude? En le suivant, on sent de façon presque viscérale sa crainte de dépasser ce fameux stade, ballet/bataille avec la matière, les choix qui deviennent de plus en plus restreints au fur et à mesure du processus, les questionnements qui semblent l'agiter, même après toutes ces années de travail. À un moment, il confie que la présence de la caméra le pousse à bouger différemment, le brime, qu'elle teinte son propre regard sur la toile en mouvance, qu'il a perdu certains de ses repères, mais il accepte la nouvelle donne. Son langage ne se veut-il pas au fond l'atteinte d'un délicat équilibre entre maîtrise et abandon, l'important n'étant pas tant la finalité que la série de gestes qui y ont mené?


jeudi 12 juillet 2012

Ryoji Ikeda

Ryoji Ikeda demeure l'un des rares artistes de la scène contemporaine dont le nom circule à la fois dans les domaines des arts visuels et de l'électronique. Il a travaillé comme DJ au début de sa carrière (« un DJ n'est qu'un auditeur » juge-t-il), avant de faire partie du collectif multimédia japonais Dumb Type et de créer l'étiquette CCI Recordings. Il a enregistré un premier disque solo en 1995, 1000 Fragments, dont il a ensuite fait la promotion de façon très variée, à travers des spectacles, des installations, des concerts plus « encadrés », des performances. Lauréat du Golden Nica du Festival Ars electronica de Linz en 2001, il explore très souvent dans ses œuvres picturales les mathématiques (la représentation d'un concept comme pi π ou phi Φ) et se sert de séquences d'information (encodages de séquences d'ADN, calculs d'astres uniquement perceptibles au télescope, par exemple) dans ses installations numériques.

On peut découvrir son univers à travers une exposition, présentée au DHC/ART jusqu'au 18 novembre dans le cadre de la toute première Biennale Internationale d'art numérique (BIAN 2012), en deux lieux parallèles: l'espace principal (qui propose des œuvres encadrées et des travaux sur papier, regroupées sous le terme de systematics) et l'espace satellite, qui permet de plonger dans ses projets audiovisuels de la série datamatics, en cours depuis 2006.

L'artiste s'est entretenu le 14 juin dernier lors d'un midi-conférence (donné dans le tout nouveau Centre PHI) avec le commissaire de l'exposition John Zeppetelli et a expliqué que sa démarche artistique s'articulait autour de deux grands axes: la beauté (synonyme jusqu'à un certain point pour lui de précision) et le sublime (qui explore l'infinitésimal), frontière entre le plaisir et la peur. De façon essentiellement intuitive (il n'a jamais étudié en musique), il explore principalement les propriétés physiques du son. Il se considère à la fois compositeur de sons et d'images, selon le moment, l'inspiration, les données avec lesquelles il travaille deviennent autant de notes de la gamme. « L'art est l'art pour moi », a-t-il avancé simplement. Il refuse d'ailleurs d'expliquer les motivations de son geste créateur, considérant que chacun doit rester libre de penser ce qu'il veut, de ressentir l’œuvre selon ses propres références culturelles, artistiques ou émotives. « L'art n'a pas besoin d'être compris, a-t-il conclu, il doit être ressenti. »

Si les composantes de systematics n'ont rejoint que mon intellect, datamatics m'a immédiatement bouleversée, en tant que réflexion sur la petitesse de l'homme dans l'univers, de l'envahissement des technologies, de la beauté sublime du monde dans lequel nous vivons.

John Zeppetelli présente l'exposition dans cette vidéo.


samedi 7 juillet 2012

Retrouver son rythme

De retour en sol natal depuis moins de 48 heures, les yeux encore remplis d'images, la tête de souvenirs. Le Berry, la Nièvre, Lille, Paris, l'Alsace, Bâle, Freiburg, Versailles ont défilé tour à tour, au gré des rencontres, des inspirations. Je n'aurai au final vu que quelques expos: une dédiée à Jeff Koons à la Fondation Beyeler en Suisse (j'admets que j'ai nettement préféré la collection permanente et l'installation vidéo de Philippe Parreno), l'expo Gerhard Richter au Centre Pompidou (absolument magnifique, un panorama très complet de l'artiste), le musée Unterlinden à Colmar (et son célèbre retable) et les structures oniriques et farfelues de Joana Vasconcelos à Versailles (je ne suis toujours pas entièrement convaincue de la réussite de leur cohabitation avec les pièces des plus classiques du lieu). Je n'ai assisté qu'à un seul concert, auquel participait l'aîné de mon amie, mais ai pu toucher moi-même un instrument lors des trois jours passés en Alsace et ai accompagné le cadet de mon amie moins d'une heure après avoir débarqué dans le Berry.

Côté lecture: quelques essais plus théoriques (L'espèce fabulatrice de Nancy Huston, qui dormait dans ma PAL depuis l'avant-dernier salon du livre de Montréal et Écrire de Marguerite Duras, ponctué de flèches auto-collantes, citation que je recopierai maintenant), quelques chapitres de Der kleine Prinz (il faut bien travailler un peu, même en vacances!), des nouvelles de Laurent Gaudé, un livre de Delphine de Vigan acheté à la FNAC avec deux autres titres. Je me suis plongée dans le Journal de Marie Uguay lors du vol de retour, mais mes intentions d'avaler des pages et des pages ont été mises KO par une lumière de plafond défectueuse. J'ai donc fermé les yeux, histoire de mater à l'avance le décalage horaire.

Quelques photos choisies avant de clore ce chapitre.

Le lion de la fontaine St-Michel porte encore fièrement le carré rouge.

Père Lachaise (photo Lucie Renaud)

La tombe de Chopin (photo Lucie Renaud)

Le retable d'Unterlinden (photo: Lucie Renaud)

Un autre segment du même retable (photo: Lucie Renaud)

Les grandes orgues de Versailles (photo: Lucie Renaud)

La musique est partout, même dans les jardins de Versailles (photo: Lucie Renaud)

(photo: Lucie Renaud)

jeudi 29 décembre 2011

Bilan 2011

L'année s'achève déjà et vient l'heure des traditionnels bilans. Je n'oserai proposer un top 10, restant persuadée qu'il se transformerait en top 8 ou top 12. Plutôt quelques moments forts de l'année, classés dans quelques catégories pour la convenance.

Concerts classiques
 
Je vais ici paraître d'un snobisme involontaire, mais aucun doute dans mon esprit, si je ne devais retenir qu'un seul concert, il faudrait que ce soit celui du Philharmonique de Berlin en février. J'en ai parlé de vive voix des dizaines de fois depuis et le souvenir reste incroyablement vif: la cohésion de l'ensemble, le sourire comblé de Sir Simon Rattle quand il a cessé de diriger pendant une quinzaine de mesures dans Apollon Musagète de Stravinski, un son de hautbois comme je n'en ai jamais entendu auparavant dans ma vie (sublime Albrecht Mayer dans la Quatrième de Mahler!), mais surtout le plaisir évident qu'avaient les musiciens de jouer ensemble. De les voir se taper dans le dos avant de quitter la scène de la Philharmonie comme s'ils venaient de jouer un match de foot, ça n'avait pas de prix.

Sinon, je m'en voudrais d'oublier l'Appassionata de Pollini à Pleyel, le retour (après presque 45 ans!) du New York Philharmonic à Montréal, la poésie pure de Marc-André Hamelin avec l'OSM dans la Ballade de Fauré et les Variations symphoniques de Franck ainsi que le plaisir d'assister à la naissance d'une étoile en entendant Beatrice Rana, lauréate du grand prix du Concours Musical International de Montréal.

Opéra

Trois villes, trois coups de cœur. Je ne pourrai pas oublier Lulu de Berg, à l'Opéra de Paris, une œuvre que j'admire et que j'ai enfin pu voir sur scène dans une mise en scène qui magnifiait l'univers de l’œuvre. À Québec, il y aura eu cette présentation enchanteresse du Rossignol et autres fables de Stravinski, une réussite totale de Robert Lepage. À Montréal, je m'en voudrais de ne pas mentionner Arias, le spectacle 20e anniversaire de Chants libres, qui m'a fait regretter de ne pas avoir vu l'intégralité de la majorité des productions proposées. Je serai assurément dans la salle pour la première d'Alexandra, opéra consacré à l'exploratrice Alexandra David-Néel, à la mi-mai.

Autres musiques
 
Je serais tentée de faire mienne cette phrase que m'a récemment confiée l'altiste Antoine Tamestit: « J’ai toujours pensé que la musique, c’est toutes les musiques. » Fan convaincue du travail de Pierre Lapointe, j'ai pris plaisir à me glisser dans la galerie de l'UQAM lors de la première de son Conte crépusculaire, projet iconoclaste réalisé en collaboration avec David Altmejd, spectacle qui a ébranlé la critique qui n'a pas su réaliser qu'elle assistait à un événement unique.

Sinon, sur disque, j'ai craqué pour le travail de Francesco Tristano, entre musique classique et électro, la délicatesse du premier album de l'Epsen Eriksen Trio, les derniers albums de Yann Perreau (Un serpent sous les fleurs) et Philippe B (Variations fantômes), le piano planant d'Olafur Arnalds. Je ne peux pas passer sous silence mon plaisir coupable de l'année, Broken Hearts & Madmen du Gryphon Trio et Patricia O'Callaghan, que j'ai écouté un nombre incalculable de fois.

Expos

Là aussi, trois villes, trois expos. À Montréal, Big Bang (il vous reste jusqu'au 22 janvier pour y aller, n'hésitez pas, c'est gratuit! J'y retourne!), à Paris, Expressionismus Expressionismi à la Pinacothèque (jusqu'au 11 mars) et à New York, l'exposition Alexander McQueen, qui m'a permis de constater que la haute couture pouvait susciter des émotions autres que de l'admiration pour la finesse des détails.


Théâtre


Si je n'ai pas eu d'illumination cette année, quelques souvenirs puissants refont surface, par exemple la densité de Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard qui, même si pas tout à fait aboutie, continue de me hanter et les coups de poing qu'ont été Temps de Wadji Mouawad et Trust du tandem Falk Richter et Anouk Van Dijk du Schaubühne Am Lehniner Platz de Berlin, présenté au Festival Transamériques.

Cinéma

Cela me permet de revenir encore une fois sur Pina de Wim Wenders, bien sûr. Je ne l'ai pas encore revu, mais ai depuis téléchargé la BO sur iTunes. J'adore!

Journalisme

Parce que je fais un métier quand même chouette, qui me permet de faire des rencontres (ne furent-elles que téléphoniques), qui me portent ailleurs, me font réfléchir, je ne peux passer cette catégorie sous silence. La pianiste ne peut oublier cette conversation avec Emanuel Ax (même si mon voyage en Allemagne m'a empêché d'entendre son récital Schubert). La fan a pris beaucoup de plaisir à écouter Pierre Lapointe parler de ses recherches et de la nécessité de renouveler la chanson française. Celle qui aime comprendre a apprécié cette rencontre sur la scène de la nouvelle Maison symphonique de Montréal avec l'acousticien Tateo Nakajima, Richard Roberts, Paul Merkelo et Marianne Perron (ce qui m'a permis d'être lue pour la première fois en sol britannique). La lectrice et l'artiste retiendront ce lunch passé en compagnie de Jean Derome, à parler de Kafka et des défis liés à la création.

Demain, l'année en lectures...

lundi 12 décembre 2011

Big bang

Le Musée des beaux-arts de Montréal s'est refait une beauté, a ouvert un nouveau pavillon consacré à l'art canadien, s'est doté d'une nouvelle salle intime. Pour fêter cette renaissance annoncée, il invite tout un chacun à se réapproprier l'espace en présentant, tout à fait gratuitement et ce, jusqu'au 22 janvier, l'exposition Big Bang. Une vingtaine d'artistes provenant de divers horizons (arts visuels, sculpture, design, musique, cinéma, cirque, danse, architecture, littérature, théâtre, bande dessinée et mode), ayant élu domicile à Montréal, se sont vu confier le mandat de s'inspirer d'une œuvre d'une des collections du musée (toile, objet décoratif, sculpture...) et d'en proposer une relecture, peu importe le médium retenu.

Ainsi, on a par exemple droit à une « installation expérientielle » avec l'auteur-compositeur-interprète Pierre Lapointe et l'architecte Jean Verville, alors qu'une chaise sert de point de départ à une réflexion sur la scène et l'expérience de concert (un édifice a été édifié grâce à 2000 chaises blanches de jardin, curieux temple dans lequel on peut méditer sur le rôle de l'artiste en écoutant une pièce originale de Lapointe). Jeannot Painchaud du Cirque Éloize a proposé un écrin de vidéos multiples (des artistes de cirque au travail) à la magnifique toile Cirque de Jean-Paul Riopelle. Le multi-instrumentiste et compositeur Jean Derome a quant à lui poursuivi son exploration des timbres sonores en proposant un habillage sonore particulièrement réussi à une quinzaine de toiles canadiennes, tandis que Nancy Huston a écrit un très beau texte en hommage à Edmund Alleyn, réflexion également sur la langue, que l'on peut écouter, lu par elle, en s'improvisant un parcours au cœur même de toiles du peintre, choisies par sa fille Jennifer.

Dans certains cas, on reste soufflé par les œuvres elles-mêmes (mais où avait-on caché cette sculpture de George Segal toutes ces années?), à d'autres par l'installation elle-même (Gilles Saucier magnifie littéralement la toile de Borduas avec Réflexion). L'installation du parcours (chaque installation étant traitée de façon indépendante, comme si on pénétrait, de façon presque illicite, dans une série de petits salons privés) favorise une communion avec l’œuvre, la relecture à niveaux multiples, offre une nouvelle façon, tantôt ludique, tantôt presque mystique, de s'approprier le vocabulaire visuel, permet de comprendre que l'art peut - doit - faire partie du quotidien. J'y retournerai sans aucun doute.

On peut voir les photos des installations ici et visionner des vidéos de présentation là.

dimanche 30 octobre 2011

Montreal by foot

Peut-on décrire Montréal en sonnets? Peut-on laisser cohabiter dans un même recueil ses visages francophone et anglophone?

« Montréal est un univers, le sonnet est un jeu et le jeu est une façon différente d'affronter l'univers, de le fixer pour un instant dans sa course », explique Jean O'Neil dans le préface de la réédition de ce recueil publié à compte d'auteur et donné en 1983 à 500 chanceux! Oui, certains des lieux évoqués ont changé,  parfois même de nom (le boulevard Dorchester est devenu René-Lévesque par exemple), mais peu importe, on reconnaît la ville et on aime s'y perdre - ou peut-être bien s'y retrouver - quelques instants. Je partage ici Museum, hommage à certains de nos grands peintres.

Museum

Le premier magicien se nomme Alfred Pellan
Le plus pathétique Marc-Aurèle Fortin
Celui qui peint en rond s'appelle Tousignant
Et le graveur anonyme est Sindon Gécin

 Borduas McEwen Molinari Lyman
Mousseau Roberts Cosgrove Ferron et Toupin
Riopelle Bougie Bonet Tatoussian
De Tonnaucourt Ayotte Simard Daudelin

Barbeau Raymond Rhéaume Arsenault Bellefleur
Surrey qui aimait peindre sous les réverbères
Ignorant tout des fantaisies de Jean Dallaire

Dumouchel Hurtubise Duquette Giguère
Beaulieu Alleyn Gadbois J'en passe et des meilleurs
Ont fait de Montréal des sonnets en couleurs
Jean O'Neil

mardi 5 juillet 2011

Paris la belle

De retour depuis un peu plus de 24 heures de Paris, mais pas tout à fait atterrie encore. Le boulot m'attendait à bras raccourcis, bien sûr, surtout que je n'ai pu me connecter que deux fois vingt minutes pendant toute la durée de mon séjour, les connexions Internet étant plus qu'aléatoires (et puis, franchement, j'avais mieux à faire, non?). Et, non, je n'ai pas lu là-bas ou si peu... La prochaine fois, je pars avec un seul livre dans mes valises, ce sera plus prudent...

Des images plein les mirettes, notamment une très belle expo New Delhi-Paris à Beaubourg (photo), une expo mémorable Manet au Musée d'Orsay, bien présentée, selon des thématiques qui se tenaient. Il y a aussi eu la découverte du Musée des lettres et des manuscrits (qu'une amie m'avait abondamment recommandé lors de son dernier passage dans la capitale française). À quelques dizaines de mètres de là, j'ai aussi beaucoup aimé l'expo Lucy Vines proposée par la Maison de l'Amérique latine, artiste que je ne connaissais pas. Mon amie et moi sommes entrées sur un coup de tête, l'admission étant gratuite, en rigolant parce que l'artiste et moi partagions un prénom. En sortant, nous ne riions plus du tout, simplement séduites par ce que nous avions vu...

Oui, bien sûr, je l'avoue, j'ai fait quelques arrêts en librairie, par exemple au Gibert Jeune à St-Michel. J'en suis ressortie avec plusieurs livres bilingues allemand-français, très difficiles à trouver ici, dont un mignon dictionnaire illustré des idiomes. (Par exemple, au lieu de dire « manger les pissenlits par la racine », les Allemands disent plutôt « regarder les radis pousser par dessous ».) Il y a aussi eu des arrêts à La Hune, librairie que j'adore, pour quelques pages de poésie, mais aussi à la FNAC, où j'ai notamment ramassé Piano chinois, qui sera parfait pour le challenge Des notes et des mots. J'ai été sage, non?