jeudi 12 juillet 2012

Ryoji Ikeda

Ryoji Ikeda demeure l'un des rares artistes de la scène contemporaine dont le nom circule à la fois dans les domaines des arts visuels et de l'électronique. Il a travaillé comme DJ au début de sa carrière (« un DJ n'est qu'un auditeur » juge-t-il), avant de faire partie du collectif multimédia japonais Dumb Type et de créer l'étiquette CCI Recordings. Il a enregistré un premier disque solo en 1995, 1000 Fragments, dont il a ensuite fait la promotion de façon très variée, à travers des spectacles, des installations, des concerts plus « encadrés », des performances. Lauréat du Golden Nica du Festival Ars electronica de Linz en 2001, il explore très souvent dans ses œuvres picturales les mathématiques (la représentation d'un concept comme pi π ou phi Φ) et se sert de séquences d'information (encodages de séquences d'ADN, calculs d'astres uniquement perceptibles au télescope, par exemple) dans ses installations numériques.

On peut découvrir son univers à travers une exposition, présentée au DHC/ART jusqu'au 18 novembre dans le cadre de la toute première Biennale Internationale d'art numérique (BIAN 2012), en deux lieux parallèles: l'espace principal (qui propose des œuvres encadrées et des travaux sur papier, regroupées sous le terme de systematics) et l'espace satellite, qui permet de plonger dans ses projets audiovisuels de la série datamatics, en cours depuis 2006.

L'artiste s'est entretenu le 14 juin dernier lors d'un midi-conférence (donné dans le tout nouveau Centre PHI) avec le commissaire de l'exposition John Zeppetelli et a expliqué que sa démarche artistique s'articulait autour de deux grands axes: la beauté (synonyme jusqu'à un certain point pour lui de précision) et le sublime (qui explore l'infinitésimal), frontière entre le plaisir et la peur. De façon essentiellement intuitive (il n'a jamais étudié en musique), il explore principalement les propriétés physiques du son. Il se considère à la fois compositeur de sons et d'images, selon le moment, l'inspiration, les données avec lesquelles il travaille deviennent autant de notes de la gamme. « L'art est l'art pour moi », a-t-il avancé simplement. Il refuse d'ailleurs d'expliquer les motivations de son geste créateur, considérant que chacun doit rester libre de penser ce qu'il veut, de ressentir l’œuvre selon ses propres références culturelles, artistiques ou émotives. « L'art n'a pas besoin d'être compris, a-t-il conclu, il doit être ressenti. »

Si les composantes de systematics n'ont rejoint que mon intellect, datamatics m'a immédiatement bouleversée, en tant que réflexion sur la petitesse de l'homme dans l'univers, de l'envahissement des technologies, de la beauté sublime du monde dans lequel nous vivons.

John Zeppetelli présente l'exposition dans cette vidéo.


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