lundi 30 juillet 2012

Marina Abramovic: The Artist is Present

Certains livres semblent croiser votre route précisément au bon moment. Pourrait-on en dire autant d'un film, documentaire de surcroît? J'ai certainement eu cette impression samedi quand je suis sortie, complètement bouleversée, du visionnement de Marina Abramovic: The Artist is Present.

Le film suit l'artiste, alors qu'elle se prépare psychologiquement et physiquement pour ce qui se révélera sans doute le moment le plus significatif de sa carrière côté reconnaissance: une importante rétrospective de son œuvre présentée au Musem of Modern Art de New York, de mars à mai 2010. On la découvre à la fois euphorique et vaguement terrifiée, lors du tournage de clips de présentation de l'exposition. Pour celle que l'on considère la « grand-mère de la performance », à qui l'on doit nombre d'événements d'une rare puissance, elle y voit enfin la réponse à la question qu'on lui a posée si souvent au cours de sa carrière: « But why is this art? » (Mais pourquoi est-ce de l'art?)

Pendant qu'à un étage du musée, on présente des vidéos et que d'autres artistes reproduisent certaines de ses pièces les plus célèbres, elle s'installera, chaque jour, pendant trois mois, presque totalement immobile, dans ce qu'elle appellera le « carré de lumière », lieu de rencontre silencieuse dans lequel, un membre à la fois, le public est invité à la rejoindre, d'abord de l'autre côté d'une table, puis éventuellement, sans barrière. Aucune parole n'est permise, aucun geste vers l'artiste toléré (il faut voir combien les gardes de sécurité sont aux abois): tout passera par le regard. La performance envahit, se prolonge dans le quotidien, tant dans la vie de l'artiste que des participants ou témoins de ces troublants « dialogues d'énergie », geste artistique qui questionne, émeut, agresse, soulage tour à tour. Intercalées entre ces brèves rencontres, d'une intensité souvent fulgurante, les coréalisateurs reviennent sur la carrière de l'artiste, sur sa relation amoureuse avec Ulay (véritable coup au cœur, tant pour l'ancien couple que pour le spectateur, quand il s'assoit devant elle au musée), sur la nécessité pour Marina de toujours jouer, d'avoir un besoin viscéral de l'amour du public - de lui faire l'amour - pour se réaliser.

Je suis sortie de la salle incapable sur le coup de verbaliser ce que je venais de vivre, avec la sensation d'être totalement drainée et apaisée à la fois, par la puissance de son regard, son expressivité, la douleur qu'on lit en un instant sur le visage des gens qui s'assoient devant elle. Cela aurait pu être froid, clinique; au contraire, après une mise en contexte, l'émotion éclabousse, sans filtre ou presque. Le réalisateur Matthew Akers explique pourtant que, formé à l'université en peinture et en sculpture, il ne croyait pas alors au « performance art » et était très sceptique en acceptant de se joindre au projet. Pourrait-il transmettre le côté évanescent, délétère, d'un événement qui, par définition, ne peut être fixé dans l'instant et n'a pas besoin d'être documenté? Aucun doute dans mon esprit: le défi a été brillamment relevé. 


samedi 28 juillet 2012

Gerhard Richter: Painting

L'artiste allemand, au centre d'une très réussie rétrospective au Centre Pompidou à Paris, a célébré son 80e anniversaire en février. Il a également su inspirer la réalisatrice allemande Corinna Belz, qui signe un documentaire entre abstraction et narration fragmentée, qui vient de prendre l'affiche à Montréal au Cinéma du Parc (et à Paris, en marge de l'expo).

Pendant six mois, Belz s'est fondu dans l'ombre de Richter, témoin plutôt qu’interlocuteur, ce qui permet de tracer un portrait d'abord en gestes du peintre, qui se décline au présent continu. (En ce sens, le titre fait  référence à l'action et non à l'objet.) Quelques entrevues d'archives ponctuent ici et là le propos, certaines phrases elliptiques de l'artiste (sur son départ de la RDA, sur le regard des autres, sur son enfance) servent de respirations, de points de suspension, mais les moments les plus troublants du film (qui continuent de hanter bien après) restent ceux pendant lesquels on assiste à la naissance d'une œuvre, Richter travaillant à gestes mesurés, superposant des couleurs vives avant d'en extraire avec l'un de ses racloirs la densité, les textures, le sous-texte.

Nous assistons, fascinés, à ce dialogue avec la toile, la couleur, le propos. Jusqu'où devra-t-il aller avant que l'œuvre puisse poursuivre son existence de façon indépendante, transmettre une certaine finitude? En le suivant, on sent de façon presque viscérale sa crainte de dépasser ce fameux stade, ballet/bataille avec la matière, les choix qui deviennent de plus en plus restreints au fur et à mesure du processus, les questionnements qui semblent l'agiter, même après toutes ces années de travail. À un moment, il confie que la présence de la caméra le pousse à bouger différemment, le brime, qu'elle teinte son propre regard sur la toile en mouvance, qu'il a perdu certains de ses repères, mais il accepte la nouvelle donne. Son langage ne se veut-il pas au fond l'atteinte d'un délicat équilibre entre maîtrise et abandon, l'important n'étant pas tant la finalité que la série de gestes qui y ont mené?


jeudi 26 juillet 2012

Volume à lire

« Elle apportait toujours avec elle dans son sac à main un épais roman corné qu’elle ouvrait après un moment et dont elle lisait une quarantaine de pages. Dans le volume à lire, il y a le volume à voir, cet univers immatériel activé par la lecture, et c’est pour ça, pour déployer la dimension cachée de l’imaginaire, pour se dessaisir de tous les vacarmes, que son regard planait dans le lointain après certains paragraphes. »

Charles Bolduc, Les truites à mains nues (p. 74)

mercredi 25 juillet 2012

Les notes de Monsieur Croche

L'alto est toujours considéré comme le parent pauvre de la section des cordes, quand ce n'est pas de l'orchestre. À preuve, le nombre incroyable de blagues liées à l'instrument. Pourtant, l'alto reproduit avec peut-être encore plus de naturel la voix humaine. Agnès Domergue (une altiste, qui signe les textes) et Sandrine Kao (une pianiste qui dessine) proposent un très bel album pour les petits, qui réconciliera avec l'instrument et avec les vieux ronchons qui nous font tous un peu peur.

Hector Croche aime le silence, les choses claires, les sons classés dans des boîtes ou à la rigueur dans des cages. Il habite rue Primrose, juste sous le petit Rémi qui, lui, aime le clapotis de la pluie, mais surtout « la voix de son alto, si belle et si unique... » Il joue une mélodie « aux couleurs de l'arc-en-ciel », qui s'évade dans la cage d'escalier, arrive aux oreilles de M. Croche qui comprend alors que la musique est faite pour être libérée, puis ordonnée. Leurs vies seront métamorphosées à jamais.

Le ton poétique, elliptique de Domergue sert de parfait complément aux images charmantes, jamais simplistes de Kao. Les mélomanes auront reconnu dès la couverture le M. Croche du titre (pseudonyme de Claude Debussy quand il signait ses textes de critique) et qu'Hector se veut un hommage à Berlioz (qui a signé le très beau Harold en Italie). Les plus jeunes l'apprendront dans « Les Notes d'Agnès » (comme le nom du légendaire William Primrose).

On peut feuilleter quelques images ici...
Le blogue de l'illustratrice, c'est par là...

Merci à Caro_Carito qui m'a fait découvrir ce livre! Il ira rejoindre sur ma tablette à partager avec les petits La boulangerie de la rue des dimanches, un autre album (pour plus vieux) absolument charmant, dans lequel les Quatre Saisons de Vivaldi servent de contrepoint aux baguettes pas trop cuites et aux religieuses au chocolat.

lundi 23 juillet 2012

Dub Inc

En clôture de la 28e édition du Festival Nuits d'Afrique hier soir, la grosse pointure annoncée (Tiken Jah Fakoly) a été remplacée au pied levé par le groupe Dub Inc. (originaire de Saint-Étienne). Il me semblait à prime abord difficile de décrypter les différentes influences qui, parfois cohabitent à merveille et à d'autres moments, laisse perplexe. Avec le vent de contestation ambiant (et le passage de la manif de nuit sur Maisonneuve pendant le spectacle), il faut tout de même admettre que des titres comme Tout ce qu'ils veulent ou Dos à dos ont pris une couleur bien particulière. (Tous les membres du groupe arboraient d'ailleurs fièrement le carré rouge, certains deux fois plutôt qu'une.)

Déçue de ne pas avoir pu entendre Tiken Jah Fakoly (comme bien d'autres, sans doute), j'avais l'impression que la sauce ne prenait pas tout à fait, malgré l'énergie contagieuse dégagée par les complices. Pourtant, il y avait quelque chose qui, de façon presque insidieuse, a accroché mon oreille et ce matin, j'ai eu envie de les réentendre. Maintenant que je reconnais certains motifs, des progressions d'accords, que les arrangements studio clarifient certains messages mixtes reçus hier, je suis plutôt convaincue... et je reste toujours aussi séduite par la voix du chanteur de raï du groupe, Hakim « Bouchkour » Meridja. Comme quoi, en musique comme dans la vie, il ne fait pas toujours se fier aux premières impressions.

En partage, Djamila.

dimanche 22 juillet 2012

Opéra sérieux

Elina Marsch naît en 1926, d'une mère soprano (qui perdra la vie lors de l'accouchement) et d'un père ténor, interprète de prédilection de Janacek. Sa vie ne pourra qu'être marquée au fer rouge de la musique, de la voix plutôt, que ce soit celle à jamais éteinte de la mère, celle du père, celle des nombreuses maîtresses de ce dernier. Pas facile dans les conditions de trouver sa voix, sa voie, mais Elina y parviendra tant bien que mal, notamment aux États-Unis, alors que la guerre ravage l'Europe.

L'écriture de Régine Detambel, que je découvre ici, demande à être apprivoisée. Elle nous emporte dès la première page, crachée d'un seul souffle, expirée, nous déstabilise, puis nous offre ensuite quelques points d'appui ici et là, qui permettent de découper l'action en fragments, en phrases musicales, certaines se bouclant d'elles-mêmes, d'autres semblant se dissiper entre deux chapitres comme le ferait un point d'orgue. En même temps, autant j'aurais voulu être bouleversée par ce destin atypique (â plus d'un niveau), autant la réserve dont fait preuve l'auteure m'a empêchée d'entrer entièrement dans la chair même du sujet, de vivre les émotions d'Elina de l'intérieur - peut-être parce qu'elle n'est pas entièrement prête à les assumer et choisit de rester d'une certaine façon en marge de sa propre vie. On ne se surprendra pas d'apprendre que l'auteure se réclame d'une tradition proustienne. On y entendra aussi peut-être en contrepoint quelques relents des écrits théoriques de Pascal Quignard.

Quelques citations en partage pour terminer...

« Les rapports du ténor Marsch avec le chant sont fanatiques. L’art pour l’art. Celui qui consacre toute sa force à la vérité artistique, à la solution exacte de ses problèmes de clarté et de timbre peut sans doute être appelé mystique, mystique de sa technique vocale. Sa seule préoccupation est le monde qu’il a découpé à l’intérieur du monde, une sorte de fenêtre ovale qui a la forme d’une oreille. » (p. 24)

 « Le don est l’instance souveraine qui décide de l’exactitude d’une émotion, d’une tension, d’une secousse de la longueur du saut dans l’inconnu. Un bon exécutant peut tout faire, sauf cet élan, ce vif, quand le doué bondit au-devant de soi. » (p. 36)
« Elina Marsch, vers les vingt-cinq ans, a une voix exceptionnelle, on a l’impression que ses cordes vocales ont des lèvres, elles articulent toutes seules à une vitesse phénoménale et sans même que le visage de la diva ne cligne on ne frémisse, des choses imparables. » (p. 110)


vendredi 20 juillet 2012

L'accordeur

J'aime quand mes amis me font découvrir de petits bijoux, que ce soit un album de pop, un nouveau pianiste classique ou encore, comme c'est le cas ici, un court métrage, qui a remporté le César en 2011 (avec raison). Il y est question de musique, bien évidemment, mais vous serez sans doute surpris par la façon dont le cinéaste a ficelé son scénario et monté son film. Un bel hommage indirect à Schumann, aussi, et aux tourments des musiciens. Je vous glisse les premières minutes, mais vous pouvez le visionner dans son intégralité (13 minutes) ici au http://srv1.monfilm.com/scriptacteurs/real_1720.html.


 Merci Sébastien!

mercredi 18 juillet 2012

Rue Saint-Olivier

Il faut se méfier des quatrièmes de couverture, car parfois, ils orientent faussement notre lecture. « On a trouvé David pendu à la branche d’un arbre dans le parc du Cavalier-du-Moulin à Québec. Suicide ou meurtre? » En plongeant dans le livre, on s’attend à un roman policier, possiblement sociologique. Dès les premières pages, on perd pied, on ne comprend pas le rôle des narrateurs multiples, comment rattraper cet écheveau en apparence incohérent. Peut-être aurait-on simplement dû citer : « Un matin de novembre, David devint la trentième branche d’un chêne dans le parc du Cavalier-du-Moulin.  » On aurait alors accepté d’emblée que les questions demeureraient plus importantes que les réponses, qu’une histoire de vie ne peut jamais s’énoncer dans la linéarité, que l’essentiel ne relève pas ici de la compréhension d’une situation, mais de l’apprivoisement d’un univers, nous fût-il étranger.

La langue d’André Carrier coule, sauf lorsqu’elle bute sur un jeu de mots qui n’avait nul besoin d’être explicité. Elle sait devenir méandres, reflets éclatés d’un kaléidoscope, voix multiples, superpositions de couches de sens. « Il affirma que l’on détenait un certain nombre de mots en soi et que l’on pouvait même les compter. Qu’on ne pouvait penser au-delà de ses mots. Qu’alors, pour vivre selon les lois et les mesures de qui on veut devenir, il fallait en inventer de nouveaux.  » Elle se révèle la plus puissante dans l’ellipse, quand l’auteur plonge le plus profondément dans le sens.  « On perd un être comme une série de mots que le hasard a fait naître et n’alignera jamais plus de la même manière. » On aimerait l’entendre dans un dépouillement pleinement assumé; un recueil de poèmes en vers libres peut-être?

lundi 16 juillet 2012

P'tit dej

Après quelques mois de repos, Larkeo a de nouveau sollicité les copines d'aux Quat' coins du globe avec un thème auquel on réfléchit indirectement tous les matins (ou presque): petit déjeuner. Je lui ai transmis cette photo prise en terrasse, chez Marius et Fanny, rue Saint-Denis (ce chocolat tanzanien était absolument ma-gni-fi-que, je remercie celui qui m'a fait découvrir ce lieu béni).

© Photo: Lucie Renaud

 Quelques minutes plus tard, il ne restait plus que...



© Photo: Lucie Renaud
On peut découvrir les déclinaisons est, ouest et sud du thème ici... Contente de vous retrouver, les filles!

dimanche 15 juillet 2012

Charlotte before Christ

Je l’admets ici : préjugés et a priori ont fortement teinté le contact établi avec ce premier roman d’Alexandre Soublière. Je me méfie de façon générale des battages médiatiques, des sacres instantanés (comment peut-on devenir « le » représentant d’une génération après un ouvrage?), des libertés prises impunément avec la langue (le franglais me fait légèrement grincer des dents). J’ai donc ouvert le livre avec une certaine réticence – pour ne pas dire une réticence certaine. Comment parvenir à entrer dans un univers aussi éclaté, souvent glauque, assurément postmoderne, à s’attacher suffisamment aux personnages pour souhaiter se couler dans leur ombre?

Quelques pages ont suffi pour que je réalise que j’étais complètement dupée. J’aurais voulu détester Sacha, ce gosse de riche qui dégaine la carte de crédit de son père à la moindre envie, se défonce pour oublier que son corps le lâche, désacralise la langue et l’art. Pourtant, l’amour fou, presque létal, qu’il ressent pour Charlotte a balayé mes dernières réticences d’un seul coup. « Elle dit qu’elle s’en fout, mais les cicatrices sur son cœur ont des formes bizarres », note Sacha. « Son regard est un drame biographique. Non, mieux encore : Charlotte, tes yeux sont un suicide. Elle laisse le temps la frapper. Un phare immobile devant les vagues. J’ai envie de la protéger. Je veux être le seul antidote », complète-t-il quelques paragraphes plus tard.   Que l’on fasse partie de la génération X ou Y importe peu ici, cette sensation de perte, d’abandon, de dissolution, nous avons tous rêvé un jour ou l’autre d’y céder, de nous y complaire, une semaine, un mois, une année.

Alexandre Soublière signe avec Charlotte before Christ une entrée remarquée en littérature, en sortant sciemment des sentiers balisés, en modelant la langue à une situation, la détournant, faisant fi des diktats. Saura-t-il se renouveler là où on ne l’attendra pas? On le souhaite.

Vous pouvez lire ce que d'autres collaborateurs ont pensé de cette Recrue du mois - et lire mon édito - ici...




samedi 14 juillet 2012

Versailles

Les attentifs auront remarqué que j'ai refait la décoration. J'ai utilisé une photo estivale, prise à Versailles la semaine dernière, lors d'une rare journée au ciel de carte postale.

Versailles © Photo: Lucie Renaud
J'aurais aussi pu utiliser l'une de celles-ci.

Versailles © Photo: Lucie Renaud

Versailles © Photo: Lucie Renaud

Versailles © Photo: Lucie Renaud

Versailles © Photo: Lucie Renaud

jeudi 12 juillet 2012

Ryoji Ikeda

Ryoji Ikeda demeure l'un des rares artistes de la scène contemporaine dont le nom circule à la fois dans les domaines des arts visuels et de l'électronique. Il a travaillé comme DJ au début de sa carrière (« un DJ n'est qu'un auditeur » juge-t-il), avant de faire partie du collectif multimédia japonais Dumb Type et de créer l'étiquette CCI Recordings. Il a enregistré un premier disque solo en 1995, 1000 Fragments, dont il a ensuite fait la promotion de façon très variée, à travers des spectacles, des installations, des concerts plus « encadrés », des performances. Lauréat du Golden Nica du Festival Ars electronica de Linz en 2001, il explore très souvent dans ses œuvres picturales les mathématiques (la représentation d'un concept comme pi π ou phi Φ) et se sert de séquences d'information (encodages de séquences d'ADN, calculs d'astres uniquement perceptibles au télescope, par exemple) dans ses installations numériques.

On peut découvrir son univers à travers une exposition, présentée au DHC/ART jusqu'au 18 novembre dans le cadre de la toute première Biennale Internationale d'art numérique (BIAN 2012), en deux lieux parallèles: l'espace principal (qui propose des œuvres encadrées et des travaux sur papier, regroupées sous le terme de systematics) et l'espace satellite, qui permet de plonger dans ses projets audiovisuels de la série datamatics, en cours depuis 2006.

L'artiste s'est entretenu le 14 juin dernier lors d'un midi-conférence (donné dans le tout nouveau Centre PHI) avec le commissaire de l'exposition John Zeppetelli et a expliqué que sa démarche artistique s'articulait autour de deux grands axes: la beauté (synonyme jusqu'à un certain point pour lui de précision) et le sublime (qui explore l'infinitésimal), frontière entre le plaisir et la peur. De façon essentiellement intuitive (il n'a jamais étudié en musique), il explore principalement les propriétés physiques du son. Il se considère à la fois compositeur de sons et d'images, selon le moment, l'inspiration, les données avec lesquelles il travaille deviennent autant de notes de la gamme. « L'art est l'art pour moi », a-t-il avancé simplement. Il refuse d'ailleurs d'expliquer les motivations de son geste créateur, considérant que chacun doit rester libre de penser ce qu'il veut, de ressentir l’œuvre selon ses propres références culturelles, artistiques ou émotives. « L'art n'a pas besoin d'être compris, a-t-il conclu, il doit être ressenti. »

Si les composantes de systematics n'ont rejoint que mon intellect, datamatics m'a immédiatement bouleversée, en tant que réflexion sur la petitesse de l'homme dans l'univers, de l'envahissement des technologies, de la beauté sublime du monde dans lequel nous vivons.

John Zeppetelli présente l'exposition dans cette vidéo.


mardi 10 juillet 2012

Saveurs locales

Ceux qui ont déjà mis les pieds chez moi savent que, si ma PAL se répand, un peu pêle-mêle, sur trois rayons d'une étroite bibliothèque dans mon bureau, mon étagère de livres de cuisine déborde de façon assez endémique. Depuis quelque temps déjà, j'en suis au point (critique) où je dois considérer de donner un livre de recettes si je veux le remplacer par un nouveau titre.

J'aime cuisiner, le côté créatif de la chose, avoir le temps de gérer un menu élaboré (rarement en semaine, admettons-le ici), manger « ethnique ». Si je ne fréquente pas les blogues spécialisés (j'y passerais sans doute trop de temps), je dévore périodiquement des livres de recettes comme d'autres des polars. Parfois, je marque d'un post-it certaines recettes « à essayer », dans d'autres, cela relève plutôt de l'état d'esprit, de l'osmose presque. J'espère alors que, la prochaine fois que je trouverai une série x d'aliments dans mon frigo, je me rappellerai la déclinaison qu'en avaient un jour tiré un chef ou l'autre.

Certains livres restent pour moi des références: la « bible » de Sœur Berthe par exemple, qui me rappelle les racines de notre cuisine, ou encore deux opus de la série des livres de cuisine végétarienne du mythique Moosewood Restaurant (sis à Ithaca, dans l'état de New York). Un livre récemment lancé par Les humbles éditions, Recettes simples et saines pour apprêter nos aliments d'ici, m'a semblé un prolongement naturel à ces derniers. « Manger local » est devenu un choix éthique, politique. Comment accepter de payer plus pour un produit qui a été cueilli avant maturité et pour lequel un nombre effarant de litres d'essence aura été brûlé quand on peut s'approvisionner auprès d'un cultivateur d'ici, faire germer soi-même certaines pousses ou travailler avec des légumineuses.

Annick Dallaire et Martine Émond ont donc choisi de créer des recettes simples, accessibles à tous, 100 % locales, qui permettent de redécouvrir nos aliments, présentées de façon astucieuse selon la disponibilité suivant les mois de l'année. On y donne également des tours de main pour sécher et congeler les herbes, mettre en conserve, gérer trempage et cuisson des céréales et légumineuses (on s'interroge souvent sur le temps de trempage et de cuisson de ces dernières), sans oublier certains principes de remplacement (des œufs, du sucre).

Au début de chaque chapitre (consacré à un mois de l'année), on trouvera la liste des nouvelles récoltes, des aliments cultivés en serre, mais aussi de ceux à conserver et à congeler. Au menu en juillet, histoire de vous (me) tenter? Voici quelques suggestions: bouillon de légumes d'été, croustade déjeuner aux petits fruits (votre choix de petits fruits, flocons d'avoine à cuisson rapide, beurre, sirop d'érable, un peu de farine), soupe à la gourgane (on oublie trop souvent ces fèves pourtant savoureuses dans la préparation des repas), salade de fenouil à la coriandre, salade de kamut estivale, tarte aux légumes, trempette pour manger encore plus de légumes crus, boissons rafraîchissantes (à décliner selon les plantes en main, de la mélisse au thé du Labrador).

En complément, on aborde utilisation et propriétés des fines herbes et épices cultivées, breuvages traditionnels en plus de proposer quelques remèdes dans votre assiette. Je sens que les pages de ce livre risquent d'être tachées...

On peut se procurer le livre directement auprès de l'éditeur, ici...

samedi 7 juillet 2012

Retrouver son rythme

De retour en sol natal depuis moins de 48 heures, les yeux encore remplis d'images, la tête de souvenirs. Le Berry, la Nièvre, Lille, Paris, l'Alsace, Bâle, Freiburg, Versailles ont défilé tour à tour, au gré des rencontres, des inspirations. Je n'aurai au final vu que quelques expos: une dédiée à Jeff Koons à la Fondation Beyeler en Suisse (j'admets que j'ai nettement préféré la collection permanente et l'installation vidéo de Philippe Parreno), l'expo Gerhard Richter au Centre Pompidou (absolument magnifique, un panorama très complet de l'artiste), le musée Unterlinden à Colmar (et son célèbre retable) et les structures oniriques et farfelues de Joana Vasconcelos à Versailles (je ne suis toujours pas entièrement convaincue de la réussite de leur cohabitation avec les pièces des plus classiques du lieu). Je n'ai assisté qu'à un seul concert, auquel participait l'aîné de mon amie, mais ai pu toucher moi-même un instrument lors des trois jours passés en Alsace et ai accompagné le cadet de mon amie moins d'une heure après avoir débarqué dans le Berry.

Côté lecture: quelques essais plus théoriques (L'espèce fabulatrice de Nancy Huston, qui dormait dans ma PAL depuis l'avant-dernier salon du livre de Montréal et Écrire de Marguerite Duras, ponctué de flèches auto-collantes, citation que je recopierai maintenant), quelques chapitres de Der kleine Prinz (il faut bien travailler un peu, même en vacances!), des nouvelles de Laurent Gaudé, un livre de Delphine de Vigan acheté à la FNAC avec deux autres titres. Je me suis plongée dans le Journal de Marie Uguay lors du vol de retour, mais mes intentions d'avaler des pages et des pages ont été mises KO par une lumière de plafond défectueuse. J'ai donc fermé les yeux, histoire de mater à l'avance le décalage horaire.

Quelques photos choisies avant de clore ce chapitre.

Le lion de la fontaine St-Michel porte encore fièrement le carré rouge.

Père Lachaise (photo Lucie Renaud)

La tombe de Chopin (photo Lucie Renaud)

Le retable d'Unterlinden (photo: Lucie Renaud)

Un autre segment du même retable (photo: Lucie Renaud)

Les grandes orgues de Versailles (photo: Lucie Renaud)

La musique est partout, même dans les jardins de Versailles (photo: Lucie Renaud)

(photo: Lucie Renaud)

jeudi 5 juillet 2012

Je reviendrai à Montréal

Un des plus beaux hommages à Montréal, que je retrouve aujourd'hui. Ma ville est belle, quand même, comme en témoigne cette vidéo.


En écho, À Montréal de Grand corps malade, sur une musique de Yann Perreau.

mardi 3 juillet 2012

I know

Née en 1988 au Cameroun, débarquée à Paris en 2003 pour poursuivre ses études secondaires, Irma a commencé à faire parler d'elle dès 2007 grâce à des vidéos postées sur Youtube. Sorti en novembre 2011, son album Letter to the Lord est aujourd’hui disque de platine.

dimanche 1 juillet 2012

I can see clearly now

Bons baisers d'Alsace pour la fête du Canada. En partage, une chanteuse jazz (le Festival international de jazz de Montréal battant son plein loin de moi), née en Nouvelle-Écosse, mais qui habite à Toronto depuis plusieurs années.