L'ombre du mur de Berlin plane sur le travail chorégraphique d'Isabel Mohn, pas tant la notion du mur lui-même, de ses graffitis qui tentaient en vain de le camoufler, que ce qu'elle implique. Mur que l'on érige autour de soi pour se protéger, mais surtout, curiosité de connaître celui qui vit de l'autre côté, son quotidien, son vécu, ses rêves. Au fond, la seule façon de connaître l'autre n'est-elle pas d'essayer de décrypter son imaginaire?
Les quatre interprètes sont ici dans l'échange: on se dévêt d'une veste pour revêtir le chandail d'une autre, on partage des points de vue sur des histoires tragiques (le décès d'une mariée dans les chutes de Rawdon et d'une vieille femme en terrasse se faisant happer par un taxi ayant perdu le contrôle), on change de partenaires (astucieuse utilisation des planches de contreplaqué qui servent d'accessoires, au milieu d'autres matériaux de construction).
Il y a de beaux moments dans ce spectacle et Isabel Mohn démontre une grande maîtrise du langage chorégraphique. Pourtant, la magie n'a pas entièrement opéré pour moi et je pense que cela vient en grande partie du fait que le spectacle soit présenté à l'italienne, que le quatrième mur ne soit jamais franchi, que le spectateur ne sente jamais qu'il est l'un de ces personnages cherchant à rejoindre l'autre. Il regarde le tout de loin (de l'autre côté du mur) plutôt que de le vivre de l'intérieur. En plaçant le spectateur en retrait, celui-ci s'attend à se faire raconter une histoire, cherche le fil narratif, de façon consciente ou non. Je pense pourtant que la chorégraphe souhaitait plutôt transmettre un appel à l'action, que chacun décide d'aller à la rencontre de l'autre et de mieux se comprendre à travers cet échange.
Du 8 au 10 mai au Théâtre Prospero
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