Une très belle journée passée en compagnie des six candidats de la première édition du Prix d'improvisation Richard Lupien et de Gabriela Montero.
Les quatre défis étaient intéressants, même si en apparence plutôt contraignants: une série de variations sur Die Forelle (La truite) de Schubert, des pastiches Bach/Handel, Chopin/Schumann et Prokofiev/Chostakovitch du thème de Schindler's List (choix particulier compte tenu que quatre des six étaient israéliens), une transition entre les thèmes d'Un canadien errant et des Moulins de mon cœur de Legrand et une improvisation « libre » qui devait prolonger l'atmosphère suggérée par une historiette au sujet d'une longue solitude rompue par l'arrivée d'une petite fille qui récite un haïku parlant de gros chat s'éveillant à l'amour. Cela a par exemple inspiré une utilisation du thème de la « Pathétique » de Tchaïkovski brillante à Yoni Leyatov.
Mon préféré, que je souhaitais voir gagner même avant qu'il ne joue une seule note, Serhiy Salov, qui a démontré toute la profondeur et l'intelligence de son jeu, a donc réussi l'exploit de faire un doublé (après avoir remporté l'édition 2004 du CMIM). Je réécouterai assurément le tout dès que ce sera disponible en rediffusion sur Medici.tv, ainsi que la prestation de Yakir Arbib, que j'ai ratée, car j'étais entre la salle et chez moi, mais avec lequel j'ai eu le plaisir d'échanger, hier soir, après le concert de Gabriela Montero.
Cette dernière nous a démontré avec brio et finesse pourquoi elle était la « reine de l'improvisation ». Elle a transcendé admirablement les limites de thèmes connus (Star Wars, La folia, L’hymne à la joie...), a réussi à ébaucher de petites histoires complètes à partir d'indications plus abstraites du public (l’histoire d’une vie, un clown en amour avec la lune ou encore ces trois nains de jardin qui se mettent à danser au clair de lune) et a livré une improvisation d’une grande tristesse sur le Venezuela. D'ailleurs, quand j'ai fini par me rendre à l'arrière-scène avec mon ami après le concert, nous avons pu entendre un groupe de Vénézuéliens chantant un air traditionnel, en cercle autour de la pianiste... Il y avait là quelque chose d’assez magique (et celle qui était « soliste » avait une voix magnifique). S'est ensuivi un bel échange avec la pianiste, que j'avais interviewée en mars, notamment au sujet de la douleur de savoir son pays sous le joug d'un dictateur.
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