« N’avais-je pas mythifié et magnifié une enfance identique à des milliers d’autres et soumise aux mêmes contingences? Peut-être. Mais le bonheur que j’avais ressenti dans ma jeunesse et l’amour que j’avais eu et que j’aurais toujours pour mon grand-père et les miens demeuraient l’objet principal de chaque tableau, conservé, peaufiné ou mis à l’écart, et donnaient à eux seuls sa valeur à la fresque. »
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Oscillant entre une langue recherchée (mais jamais ampoulée)
et une langue parlée, à décrypter à l’oreille – on se surprendra à lire à voix
haute certains des dialogues pour profiter de leur résonnance –, ce texte fort
peut se lire comme un manifeste. Une exhortation d’abord à se souvenir :
de ceux qui nous ont façonnés, sur lesquels nous nous sommes appuyés pour
grandir, mais aussi des gestes politiques qu’ils ont posés, des doutes qui les
ont animés, des convictions qui les ont portés et que le Québec d’aujourd’hui,
plus morose que vibrant, a choisi de balayer du revers de la main. Façon autre
de prendre la parole – à défaut de prendre la rue –, Chez la reine devient porte-étendard d’une génération de
trentenaires engagés (tout comme la BD théâtrale Le nombril du monstre de Félix Beaulieu-Duchesneau, qui faisait
partie de la plus récente édition du Festival du Jamais lu, qui aborde un thème
semblable), qui ne tournent pas le dos aux valeurs passées (plusieurs
privilégieront d’ailleurs la famille, signe indéniable qu’ils envisagent un
futur moins désemparant), mais souhaitent les décliner autrement, en posant des
gestes concrets, qui finiront peut-être par orienter autrement ce peuple qui se
cherche toujours. « Alors on finit
par se taire, mais on n’a pas encore commencé
parler. […] Mais nos silences sont des clous de plus dans le
cercueil du pays. »
2 commentaires:
Ce livre est le prochain sur ma liste ! Je sens que je l'adorerai ! Merci
J'ai hâte de lire tes impressions!
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