mardi 22 juillet 2008

Chagrin d'école

J'avais été charmée par Daniel Pennac en entrevue mais n'avais pas encore lu son livre. En juin, quand j'étais à Paris, en jetant un coup d'œil à la bibliothèque de tidoigts (c'est un peu compulsif chez moi, quand je vais chez les gens, de partir à la recherche de leur bibliothèque), il était là, qui me faisait de l'œil. Tidoigts m'en ayant parlé en grand bien, je n'ai pas hésité et c'est le livre qui m'a accompagnée pour une bonne partie de mon périple. Il a pris le TGV Paris-Lyon et Lyon-Paris, a d'ailleurs suscité des commentaires de passagers (j'aime le rapport que les Français en général ont au livre). Il s'est promené dans le métro. Il a été ouvert à Belleville, quartier où réside Pennac lui-même. Je l'ai lu avec grand intérêt, l'œil presque humide par moments, tellement les propos de Pennac savent toucher quiconque est intéressé, de près et de loin, par notre système d'éducation (et ses lacunes). À mettre entre toutes les mains, sans hésitation.

Quelques citations choisies...

« Nos « mauvais élèves » (élèves réputés sans devenir) ne viennent jamais seuls à l'école. C'est un oignon qui entre dans la classe: quelques couches de chagrin, de peur, d'inquiétude, de rancoeur, de colère, d'envies inassouvies, de renoncements furieux, accumulés sur fond de passé honteux, de présent menaçant, de futur condamné. » (p. 70)

« Le savoir est d'abord charnel. Ce sont nos oreilles et nos yeux qui captent, notre bouche qui le transmet. Certes, il nous vient des livres, mais les livres sortent de nous. Ça fait du bruit, une pensée, et le goût de lire est un héritage du besoin de dire. » (p. 160)

et enfin celle-ci... Vous comprendrez immédiatement pourquoi elle m'a touchée.

« Chaque élève joue de son instrument, ce n'est pas la peine d'aller contre. Le délicat, c'est de bien connaître nos musiciens et de trouver l'harmonie. Une bonne classe, ce n'est pas un régiment qui marche au pas, c'est un orchestre qui travaille une même symphonie. » (p. 138)

7 commentaires:

Danaée a dit…

Ah! Que je vibre à la lecture de ton commentaire!

Comme je l'écrivais chez moi, j'ai adoré ce livre qui, fondamentalement, parle d'amour. D'amour de la connaissance, du travail bien fait, mais aussi d'amour des autres et de soi. Car pour être en état d'apprentissage, il faut se sentir aimé et s'aimer soi-même.

J'ai lu aussi ce Pennac à Paris. Mais je n'ai pas eu assez d'occasions de prendre le train pour avancer beaucoup dans ma lecture sur les lieux. J'ai donc surtout lu à mon retour en avion et ensuite chez moi. Mais ça reste mon livre "parisien", dans mes souvenirs!

Caro[line] a dit…

Je ne suis pas très tentée par ce livre malgré ton billet et celui de Danaée. Allez savoir pourquoi... (Il y a surement une raison mais je n'ai pas envie de creuser !)

Et je trouve magnifique la dernière citation que tu donnes...

Venise a dit…

Contrairement à Caro(line), plus j'en entends parler et plus l'envie de le lire fait rage.
Je viens d'ailleurs de trouver une astuce, je vais le donner en cadeau à mon amie pour son anniversaire en septembre, elle qui travaille dans une école secondaire et qui se désespère de l'absence de pédagogie de certains profs. Et puis j'imagine que puisque c'est mon amie, elle va me le prêter un jour ...

Lucie a dit…

Danaée: c'est chouette que ce soit notre livre « parisien » à toutes deux. Moi, je n'avais pas le choix de le terminer puisque je devais le rendre à mon amie avant de quitter.

Caro(line): il y a tant de livres à s'approprier, tu dois pouvoir choisir ceux qui t'attirent...

Venise: ou peut-être croisera-t-il ta route à la bibliothèque du coin? Une amie l'a trouvé par hasard (ou presque) il y a 10 jours alors qu'il « traînait » sur le comptoir d'un resto. Le proprio (qui la connaît) lui a gentiment proposé de lui prêter! (Elle s'était mise sur la liste d'attente de sa bibliothèque il y a trois mois et n'avait toujours pas de nouvelles!)

Anonyme a dit…

J'ai failli acheter ce livre il y a quelques mois, mais j'ai finalement opté pour un autre (que je n'ai pas aimé). Je me dis maintenant que ce pourrait être un bon choix!

Lucie, ton billet me touche. Moi aussi j'ai mon livre "parisien". En fait je devrais dire "espagnol" ou encore "Saint-Jeannais", puisque je l'ai acheté à Saint-Jean-Pied-De-Port (en France, juste avant de traverser les Pyrénées) avant de commencer mon pèlerinage sur le Camino de Santiago, en Espagne. Mais c'est aussi lors de ce voyage que je suis aller à Paris, et c'est ce livre qui m'y a accompagné.

Je suis comme toi, à Saint-Jean-Pied-De-Port, alors que je m'étais promis de ne pas apporter de lecture durant mon chemin de Compostelle (pure folie de ma part de penser que je pourrais m'en passer), poids du sac oblige, je n'ai pu résister : il m'a fallu trouvé le libraire le plus près. Finalement, j'ai opté pour Les Coloriés d'Alexandre Jardin.

La même chose à Paris s'est produite. Évidemment, les librairies et bibliothèques y sont nombreuses, mais je me souviens avoir trouvé une librairie québécoise dans le quartier des éditeurs.

Souvenir souvenir...

dasola a dit…

Bonjour, j'avais dit tout le bien que je pensais de cet ouvrage, le 06/11/07. C'est grâce à mon ami que j'ai découvert D. Pennac et je l'en remercie. On l'a même vu au théâtre où il faisait une lecture de Bartleby d'Herman Melville (voir mon billet du 25/04/09). Bonne journée.

Lucie a dit…

Merci de votre passage!