vendredi 28 novembre 2008

Michel Tremblay s'exprime...

Il vient de recevoir le prix du grand public de la dernière édition du Salon du livre de Montréal pour La traversée du continent. Saisissant la balle au bond, il a prononcé un discours de remerciement dont chaque mot avait été pesé, mesuré, senti. En voici un extrait, tel que repéré sur le blogue de Chantal Guy.

« La culture d’un pays, c’est sa façon de s’exprimer, de se décrire lui-même, de se chanter, de se danser, de se voir, de se fêter, de se critiquer, de se comprendre grâce à l’imagination des artistes, et de s’affirmer devant le reste du monde en lui montrant qui il est et ce qu’il estcapable de faire. Couper dans la culture, vouloir l’étouffer, la censurer, lui défendre de voyager,c’est empêcher un peuple, à travers ses artistes, d’utiliser son imagination et empêcher l’imagination mène à l’apathie et à l’ignorance. Ou à la seule version du monde d’un gouvernement frileux qui a peur de la subversion. La subversion vient souvent de la culture, c’est vrai, elle est la plupart du temps dérangeante et pas souvent belle, elle dit ou montre des choses qu’on ne veut pas toujours voir ou entendre, mais elle est nécessaire à la vie d’un pays démocratique. Parce que la culture existe aussi pour dénoncer ce qui ne fonctionne pas dans la société et que la subversion soulève des questions que jamais un gouvernement n’oserait poser par peur de se rendre impopulaire et de perdre de précieux votes. La culture a, entre autres, une tâche presque aussi importante que celle d’un gouvernement : dénoncer ce qui va mal. Couper dans le soutien à la culture tout en prévoyant acheter des engins de guerre usagés dont personne dans le monde ne veut est un geste non seulement arrogant et inconséquent, mais aussi une preuve d’ignorance crasse. Essayer de faire taire une partie de la culture d’un pays, surtout celle qui voyage et qui peut faire la réputation de ce pays, sous prétexte d’économies de bouts de chandelle, c’est assassiner ce pays à petit feu ou, du moins, commencer à le pousser vers l’inertie et l’insignifiance. La culture donne un sens à la vie ; pas l’achat d’engins de guerre.

Une fois pour toutes, vive la créativité, le sel même de l’existence d’un peuple, et à bas la censure néfaste et dévastatrice pratiquée par un gouvernement qui veut ne voir prévaloir qu’une façon de penser, la sienne ! »

2 commentaires:

Venise a dit…

@ Lucie : Croiras-tu que nous avons pour ainsi dire le même billet ... presque. Toi, le discours est complet tandis que moi, j'y fais allusion avec du plus.

Les bonnes idées se rencontrent !

Michel a dit…

Ça fait du bien à lire et ça donne des ailes.

Merci de le partager!