La 4e journée québécoise des dictionnaires proposait hier aux participants d'un colloque international (sous la responsabilité de Monique C. Cormier) une réflexion sur la mutation des dictionnaires, du papier au numérique. Comme d'autres sans doute, j'ai appris à lire dans Mon premier Larousse, un été, sur le quai, sous l'arbre, dans ma chambre, fascinée par les mots liés aux images, par les voisinages sur une même page. Le livre m'accompagnait partout, m'a permis de déchiffrer tous ceux passés entre mes mains depuis.
La première communication de la journée était donnée par l'invité d'honneur Alberto Manguel, à qui l'on doit le magnifique La bibliothèque, la nuit et le Dictionnaire des lieux imaginaires, qui nous a entretenu, dans un français impeccable (langue apprise au lycée de Buenos Aires) des mots, des dictionnaires, bien sûr, mais d'un ton dénué de toute froideur, avec lyrisme et tendresse plutôt.
Il a ouvert son allocution par ces mots: « Sur le chemin de la tombe, nous sommes condamnés à la perte - de la
jouissance, des amis, de la mémoire - et les dictionnaires nous
protègent de l'oubli. » Ces livres, ces « anges-gardiens d'une bibliothèque », ces « objets magiques aux pouvoirs mystérieux », nous permettent d'identifier les choses qui nous entourent, mais aussi de devenir véritablement auteurs de notre propre vie. « Les mots sont le commencement de tout », a-t-il rappelé, « Dieu est un auteur et le monde est un livre ». Véritables biographies de nos vies, d'une époque, les dictionnaires sont des « talismans qui nous protège de l'oubli », car « perdre, disperser, oublier: tel est notre lot ».
Le moment a passé trop vite et donnait une furieuse envie de se plonger (ou replonger) dans un texte de ce véritable citoyen du monde. Quelques heures plus tard, quand son roman Tous les hommes sont des menteurs a croisé ma route dans une bouquinerie, en parfait état, j'ai compris qu'il m'attendait.
Daniel Lemay de La Presse a visiblement lui aussi été sous le charme. On peut lire son article ici...
3 commentaires:
Ah, ce premier Larousse illustré ! Il a bercé mon enfance aussi. Je viens d'en trouver un exemplaire en bon état chez un bouquiniste, et je l'ai acheté pour mon petit fils ; je le lui donnerai quand il aura appris à lire...
L'extrait du discours d'Alberto Manguel me donne envie de lire ses livres. La première phrase citée me parle tout particulièrement en ce moment...
J'aimerais bien aussi recroiser ce premier dictionnaire. Il est clair que j'en achèterais probablement une copie, en souvenir... et pour le partage. Après tout, il faut « semer à tous vents ». :)
Ah, merveilleux !
Je découvre ton compte-rendu de cette journée à l'instant, et le rajoute à mon billet sur les dicos.
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