mardi 9 octobre 2007

Across the universe

Je l'avoue ici humblement: les Beatles, jadis autrefois, ont servi de catalyseur, ont été un révélateur. En effet, j'avais baigné exclusivement depuis ma plus tendre enfance dans la musique classique. Mon père écoutait la Chaîne culturelle de Radio-Canada ou des disques classiques toute la journée, mes parents m'amenaient tous les vendredis soirs aux concerts gratuits de Radio-Canada salle Claude-Champagne et mes deux disques préférés étaient respectivement Le petit prince de Saint-Exupéry et l'album dédié à Mozart de la collection Le petit ménestrel. Quand j'ai franchi le seuil symbolique de l'école secondaire, j'ai aussi franchi celui de la musique populaire, grâce aux Beatles et I can't get no (satisfaction) des Rolling Stones, une amie (dont le nom m'échappe pourtant aujourd'hui) m'ayant fait une compilation sur cassette des plus grands hits des Fab Four. J'ai éventuellement usé à la corde l'album bleu (injouable maintenant), Rock and Roll et quelques autres. Pendant des années, religieusement, la première chanson qui ouvrait les partys de sous-sol (parfois chez moi, parfois chez des copains) était Twist and Shout des Beatles. De quoi vous plonger illico dans une ambiance festive (oui, je sais, c'était un remake, mais qu'importe!)
Alors, bien sûr, quand j'ai vu la bande-annonce cet été du film Across the universe, truffée de chansons des Beatles, j'ai été immédiatement séduite. Après la lecture d'une critique dithyrambique, je savais que je ne pourrais pas attendre la sortie DVD du film alors je me suis assumée. (Ayant regretté amèrement de ne pas avoir vu Moulin Rouge sur grand écran, je ne voulais pas reproduire la même erreur ici.)
La bande sonore du film mais aussi le scénario sont inspirés des chansons des Beatles. Sur fond musical presque omniprésent, on se replonge dans les années de contestation entourant la guerre du Vietnam. Jude, un docker de Liverpool (craquant Jim Sturgess, fragile et intense à la fois, qui a un petit air du jeune McCartney) se rend aux États-Unis pour retrouver son père, un G.I. américain qui a abandonné sa mère avant sa naissance. Concierge à Princeton, pourvu d'une autre famille, il se sent incapable de l'intégrer à sa vie. Malgré tout, Jude se fait rapidement de nouveaux amis, Max (le rebelle type, gosse de riche, interprété par Joe Andersen) et sa soeur Lucy (Evan Rachel Wood en blonde aux convictions pacifiques assumées). Pour Jude, c'est le coup de foudre. Un soir, sur un coup de tête, Max et Jude partent pour New York, y rencontrent Sadie, très Janis Joplin (magnifiquement interprétée par Dana Fuchs), Prudence, en quête d'elle-même (délicieuse T.V. Carpio), JoJo, émule d'Hendrix (plus grand que nature Martin Luther McCoy) mais se trouvent bientôt plongés au coeur même de la contestation face à la guerre du Vietnam. Le film alterne dès lors entre comédie romantique (Lucy finira par habiter New York), dramatique (les scènes de guerre sont particulièrement saisissantes) et peinture d'époque (les grandes marches pour la paix, l'assassinat de Martin Luther King, les délires psychédéliques).
Les 33 (34 si on compte la reprise de She loves you dans All you need is love) chansons des Beatles, interprétées par les acteurs principaux, font progresser l'action autant qu'ils permettent aux personnages de s'exprimer. Certaines sont réorchestrées de façon minimale (Because est sublime de simplicité mais sert de toile de fond à l'une des scènes les plus envoûtantes du film) tandis que d'autres sont entièrement revampées, le plus souvent de façon plus punchées que les originaux (par exemple, Oh darling!, traitée à la Jimi Hendrix ou I want you (She's so heavy), décapant, chanté par Uncle Sam et ses sbires, dans un numéro délirant). Si vous vous considérez puriste, vous serez peut-être choqué par certaines des libertées prises. Pour ma part, j'ai été entièrement séduite par ces nouvelles versions, à tel point que je considère très sérieusement l'acquisition de la trame sonore originale. Si habituellement on a plutôt tendance à admirer les mélodies accrocheuses du tandem Lennon/McCartney, on vit ici chaque parole avec une puissance décuplée.
Au rang des vedettes invitées, on note Bono (qui interprète une version complètement éclatée de I am the walrus mais qui force un peu la note), Selma Hayek (en infirmière voluptueuse) et Joe Cocker (trois petits rôles). Jeff Beck signe aussi une version instrumentale de A day in the life dont vous vous souviendrez. À voir absolument si vous aimez les comédies musicales et/ou les Beatles.
Le site officiel (ou l'on peut voir quatre clips) et la bande-annonce:

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Le "Girl" qui ouvre et le "Hey Jude" qui ferme (presque) la bande annonce sont splendides (même si très courts) et la façon dont tu en parles donne vraiment envie. J'adore les Beatles et cette époquie me fascine, alors je crois que je me laisserai tenter (si je trouve un moment pour aller au ciné). De toute façon, j'ai le temps d'y penser : ce film ne sort que fin novembre en France. En tout cas, merci du conseil.

Lucie a dit…

Seb, je pense que tu aimeras... Je viens de revoir la bande-annonce et j'y retournerais presque. ;-)

Anonyme a dit…

oh que oui, je vais le guetter ce film! les Beatles sont aussi révolutionnaires dans leur travail studio! figure-toi que des élèves m'ont demandé de les étudier en classe (miam!) il y a des versions de leurs chansons par une formation classique et baroque dans ma discothèque. je vais préparer çà avec bonheur.
bizzzzzz!!!