Univers fascinant que celui de la musique klezmer. J'ai dû me pencher sur le sujet pour la rédaction d'un document pédagogique et j'ai été séduite par ce que j'ai pu apprendre.
Tradition musicale des Juifs ashkénazes, la musique klezmer s’est développée à partir du XVe siècle. Ses origines plongeraient vraisemblablement dans la musique moyen-orientale et turque mais aussi dans celles des Slaves et des Tziganes. En raison de ses origines, la langue de prédilection de la chanson klezmer est le yiddish, un mélange d’hébreu, d’allemand, de polonais et de russe. La musique klezmer a survécu au fil des siècles grâce à sa volonté de sauvegarder son essence tout en acceptant de l’enrichir des cultures environnantes. Elle est devenue en quelque sorte la synthèse de plusieurs siècles d'interactions entres Juifs et non Juifs. (Dans cette ère d'accomodements déraisonnables, on ne peut que s'arrêter pour réfléchir un instant. J'invite d'ailleurs les Québécois de souche - et les autres - à signer une pétition contre l'intolérance ici. Parfois, ces jours-ci, j'ai presque honte d'être Québécoise de souche! Fin de la parenthèse politique.)
Jouer de la musique klezmer se rapproche étrangement de la narration d’une histoire. C’est pourquoi les thèmes repris dans les chansons klezmer font le plus souvent référence à la vie communautaire juive, au Shabbat et aux fêtes religieuses. On y évoque aussi les éléments de la vie quotidienne. La mère étant une figure emblématique dans la culture ashkénaze, on retrouve plusieurs airs qui lui sont dédiés (dont le plus connu reste Yiddishe Mamma). Certaines chansons traitent de sujets qui affectent la vie d’un village tout entier, que ce soit un incendie au shtetl (village) ou l’émigration vers les États-Unis (par exemple, la chanson Di Grine Kuzine). Cette émigration a d’ailleurs permis l’intégration d’éléments de jazz au langage musical klezmer traditionnel.
La musique klezmer étant à l’origine une musique de danse, surtout jouée dans les mariages, le tempo se modifiait en cours d’exécution pour s’adapter à la fatigue des danseurs (et des musiciens). Cette flexibilité du tempo est restée inscrite au cœur même de cette tradition musicale.
En tant que représentante de la tradition culturelle ashkénaze, la musique klezmer reprend plusieurs des éléments musicaux qui y sont associés. Les complaintes des clarinettes, si typiques du genre, se veulent une imitation du son du shofar, un instrument à vent sculpté dans une corne de bélier, ancêtre de la trompette, utilisé lors des offices de Rosh Hashana (nouvel an du calendrier hébraïque) et Yom Kippour (aussi appelé jour du grand pardon). Son aspect répétitif évoque quant à lui le chant du hazzan, le chantre de la synagogue.
Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous recommande le site suivant, extrêmement complet (en anglais). La meilleure chose à faire pour se l'approprier est bien sûr de l'écouter. Pour entendre le clarinettiste Giora Feidman, c'est ici ou là . Le violoniste et chef d’orchestre Itzhak Perlman se joint à un groupe klezmer ici et l'ensemble Kleztory nous séduit par là ou sur leur Myspace.
Prochaine chronique musicale dans un tout autre registre, comme vous le verrez. Patience, patience...
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