Une fois n'est pas coutume pour un concours international, le jury du Concours Musical International de Montréal a décidé de récompenser des musiciens plutôt que des techniciens. En effet, les trois lauréats - l'Américain Benjamin Beilman qui, à 20 ans a fait l'année dernière ses débuts avec le Philadelphia Orchestra, l'Allemand Korbinian Altenberger qui a su démontrer, à 28 ans (il avait quand même le double de l'âge du plus jeune candidat!), que la maturité pouvait encore séduire et le Russe Nikita Borisoglebsky, à la sonorité somptueuse - ont misé sur le fait qu'ils n'étaient pas que des super-machines hyper-performantes qui pouvaient enfiler 10 000 notes à la minute mais qu'ils privilégiaient une approche à la fois plus réfléchie et plus viscérale.
Toucher l'auditeur est devenu un choix presque marginal et pourtant, quand on s'y arrête, n'est-ce pas là l'essentiel de la transmission du message musical, faire vibrer l'autre, partager? Je n'ai pas écouté les récitals de quart de finale et demi-finale de tous les candidats du CMIM mais ces trois musiciens m'avaient accrochée, gardée captive, réconciliée même avec le répertoire pour violon. Pour une surspécialiste, ce n'est tout de même pas rien... « Nous sommes tous humains et nous avons tous nos travers, nos failles. Nous voulons les entendre, les ressentir, c'est ce qui rend la musique magnifique. Ce n'est pas une machine qui joue, mais quelqu'un qui a un cœur », expliquait Benjamin Beilman en entrevue après son récital de quart de finale. Parfois, il y a de ces évidences qui vous réconcilie avec votre métier...
On peut entendre toutes les prestations des candidats ici... Je vous recommande tout particulièrement le récital de quart de finale du gagnant, celui de demi-finale d'Altenberger et celui de demi-finale de Borisoglebsky.
2 commentaires:
c'est en effet l'éternel débat à ce genre de concours... mais il semblerait qu'au Concours Reine Elisabeth de cette année on ait aussi opté pour les "musiciens" :-)
C'est intéressant... surtout que ces deux concours sont « amis ». (Le CMIM s'est beaucoup inspiré de l'expertise du Reine-Élisabeth pour démarrer.) Pour une fois que le jury a choisi de se laisser toucher, c'est l'essentiel! :)
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