En 2010, au hasard des rencontres, j'ai pu m'entretenir avec un poète, un documentariste et un animateur de radio haïtiens. Prolongement naturel, il me restait à plonger dans cette littérature particulière et le cadeau conceptuel de
Catherine au swap musique et littérature ne pouvait donc pas mieux tomber. Je n'ai donc pas résisté longtemps à son appel. Malgré ce que le titre pourrait laisser deviner, ce roman de Lyonel Trouillot n'est en fait pas une histoire d'amour, mais plutôt la projection de fragments d'histoires d'amour, sous toutes ses formes.
« L'étranger aurait pu la conter. Une histoire banale et singulière comme le sont toutes les histoires. Banale pour qui regarde. Unique pour qui les vit. Toutes les histoires d'amour se prennent pour une autre. » (p. 123)
À 50 ans, un écrivain se rappelle, essaie de capter certains instants importants de sa vie, pour les immortaliser dans le regard d'une autre, femme fantasmée plutôt qu'incarnée. Il espère qu'elle changera définitivement sa vie, mais si tel n'est pas le cas, peu importe au fond, il aura fait son devoir de mémoire et aura raconté des pans des histoires de l'Étranger, de l'Historien, de Raoul, de Marguerite, de Robert, de Jacques... À travers ceux-ci, il en profite pour tracer le portrait d'un pays en mutation, d'un écrivain qui refuse de se laisser emprisonner dans les filets de la littérature, d'un homme qui aimerait être revenu de tout mais qui continue de s'émerveiller, aujourd'hui comme hier. Une fois le livre refermé, il reste un parfum d'arbres en fleur, d'odeurs qui se mêlent dans la moiteur d'un début de soirée, de paradis perdu.
« L'amour, est-ce autre chose que le renouvellement de la victoire du rêve? De sa défaite aussi. J'avais oublié la nécessité d'un ancrage intérieur, d'un commencement qui s'installe dans la permanence. d'une réponse à la question: dans quel état es-tu? Je suis dans l'état de celui qui a envie de se rapprocher de toi. Dans ce tremblement. Demain, sans changer d'état, je retournerai à ma vie, je veux dire à mes habitudes. » (p. 179)
3 commentaires:
bonne fête Lucie!
C'est vrai, c'est la Sainte-Lucie! :)
Tu sais que c'est d'ailleurs grâce à elle que je porte ce prénom... mon anniversaire étant jeudi!
Eh bien je dis: tant mieux si ça t'a plu!
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