vendredi 17 avril 2015

Banquette arrière

« J’aime raconter, souvent par le menu détail. Déjà toute petite, me disait ma mère, j’inventais des histoires quelquefois abracadabrantes et j’en faisais profiter le premier venu qui voulait bien m’écouter », confie l’auteure en postlude. Là réside à la fois la force et la faiblesse de ce premier roman de Claude Brisebois. La plume de l’auteure est alerte, précise, conviviale. On s’attache en quelques pages à peine au personnage de Jeff, sympathique chauffeur de taxi qui sait en un clin d’œil extraire l’essentiel de celui ou celle qui s’assoit dans son véhicule. On aime le suivre pas à pas dans la ville, être témoin de ses envies, de ses coups de gueule, de sa reconstruction aussi après le décès de la caricaturale Gloria. On rêve de monter dans son taxi, non pas pour qu’il nous refile en douce son mystérieux exemplaire de nouvelles érotiques, mais pour qu’il fasse partie d’une certaine façon de notre quotidien, lui et les improbables membres de son club de lecture.
Malheureusement, le foisonnement de détails périphériques teinte légèrement notre plaisir. A-t-on absolument besoin de connaître les moindres tours de main de la parfaite sauce tomate, de se faire rappeler qu’un thon à l’unilatérale signifie qu’il n’est cuit que d’un seul côté ou de savoir que tel vin vénitien, déniché à cette succursale en particulier de la SAQ, se révèlerait le parfait complément à notre repas? Je ne crois pas.
Il faut néanmoins saluer le détournement du recueil de nouvelles érotiques, alors que les multiples déclinaisons de 50 nuances de Grey ont envahi les tablettes des librairies. En effet, ici, les fragments de l’ouvrage intercalés ne servent pas tant à émoustiller le lecteur – qu’il soit virtuel ou réel – que de liant entre ces personnages aux destins parallèles qui, autrement, n’auraient vraisemblablement jamais échangé une parole.
Un livre hédoniste, à savourer en terrasse, avec la boisson de votre choix.

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