On voudrait aimer Televizione sans aucune restriction. Sébastien Dodge aborde de front des questions essentielles, à coups de phrases souvent assassinent héritées du slapstick. On y fait feu de tout bois: l'omniprésence de la télévision (et sa collection d'émissions plus insipides les unes que les autres), la désinvolture crasse de nos gouvernements, l'indifférence de tout un chacun, qu'il s'agisse de son voisin habite à quelques coins de rue ou à plusieurs milliers de kilomètres. (Qui se souvient encore de la seconde guerre italo-étiopienne?)
Malheureusement, trop c'est comme pas assez et on sort du Quat' Sous avec une impression d'attention dispersée, voire de coups d'épée dans l'eau. Impossible par exemple d'oublier la lourdeur gratuite du segment sur la beauté perdue de Gina (interminable) ou le caca nerveux de ce cher Mike qui ne sait plus comment attirer l'attention de ses anciens fidèles.
Mais impossible d'oublier le travail exceptionnel de la distribution, souvent jouissif. Le plaisir du théâtre à sa plus simple - et fascinante - expression. Louis-Olivier Mauffette campe un ancien militaire canadien parfait sous tout rapport, aux ouaip! retentissants. Marie-Ève Trudel dans le double rôle d'une Colombine frustrée de ne pas travailler et de Gina qui voit sa carrière péricliter la première ride venue, hérite d'une partition plus difficile à calibrer. On ne peut cependant qu'être soufflé par les performances électrisantes de Mathieu Gosselin (Benito et multiples rôles délirants) et surtout de David-Alexandre Després en Arlequin. Son jeu physique (qu'il a notamment pu travailler dans Kurios du Cirque du soleil) et l'ampleur de sa palette séduisent sans aucune réserve.
Cette pièce passera-t-elle à l'histoire, suscitera-t-elle une volonté de changer le monde? Non, malheureusement. Elle nous rappellera cependant que nous disposons ici d'une pépinière de talents qui ne demandent qu'à être exploités.
Jusqu'au 28 avril au Quat' Sous
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