lundi 11 juin 2007

Les sirènes de Bagdad

Un peu moins de titres se sont ajoutés récemment à ma liste de lecture 2007 et ce, pour quelques raisons. Tout d'abord, j'avais des notes de programme à compléter et à traduire (je me suis donc consacrée à des lectures ciblées plutôt que ludiques) mais aussi j'ai lu avec attention la deuxième mouture du roman d'un ami. Drôle d'impression que de relire un texte férocement remanié, un an après une première lecture coup de poing mais dont j'avais tenté de m'éloigner néanmoins, histoire d'être plus « objective » lors de cette lecture, crayon rouge à la main. Plaisir ludique de la lecture tout d'abord (j'adore toujours m'évader dans les livres que je manipule) mais teinté d'une responsabilité qu'il me faisait plaisir d'assumer.

Dans un autre registre, j'ai terminé récemment Les sirènes de Bagdad de Khadra. Plaidoyer déchirant pour que l'Occident saisisse un peu mieux les multiples rouages de l'âme moyen-orientale, ce troisième tome d'une trilogie consacrée aux grands conflits actuels (après Les hirondelles de Kaboul qui m'avait un peu déçue et L'attentat qui m'avait renversée) frappe fort et ne m'a pas laissée indifférente.
Souhaitant venger l'affront dont sa famille (son père a été humilié) et son village ont été victimes(une bourde militaire monumentale qui mène à l'assassinat inutile d'un malade mental et donne froid dans le dos), un jeune bédouin part pour Bagdad et accepte de devenir kamikaze. « Un Bédouin ne se dégonfle pas. Sa parole est un coup de fusil. Quand ça sort, ça ne revient jamais. » Déchiré entre son sens de l'honneur, ses souvenirs de temps moins déréglés, le vent de folie qui s'est emparé du pays, il est amené à faire des choix drastiques, parfois sordides, sans jamais trouver de réponses claires à ses interrogations. « Entre Bagdad et moi, le temps des candeurs fleuries était révolu. Nous n'avions plus rien à nous dire. Nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau; nous avions perdu notre âme et nous apprêtions à faucher celle des autres. » Avec l'efficacité redoutable de son écriture si unique, Khadra nous amène, pantelants, dans ce voyage au bout de la nuit.
Une entrevue avec l'auteur à lire ici

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