jeudi 21 février 2008

Ça sent la coupe!

J'en sens quelques-uns qui frémissent... bon, ça y est, un blogue musico-littéraire qui parle de sport! Mais où s'en va le monde? Non, je ne vous entretiendrai pas de la remontée historique du Canadien mardi soir (je n'en ai rien vu, je l'ai lu le lendemain dans le journal) ni des rumeurs de l'arrivée éminente de Hossa (Vous vous rendez compte, il a commandé des chaussettes et des shorts aux couleurs du Canadien? Rumeurs, rumeurs... là aussi, lu dans mon quotidien, en première page!) mais, tout de même, ça me fera un sujet de conversation béton avec mes ados du cours de culture générale cet après-midi. Bon, je digresse, je digresse. Quoi que vous puissiez en penser, c'est une chronique musicale que je vous réserve.

À moins d'avoir complètement refusé de lire le journal et d'écouter la télé dans les dernières semaines, vous êtes sans doute au courant que l'OSM présentait hier soir un programme musical en hommage à nos Glorieux. Kent Nagano, absolument séduit par notre amour viscéral pour la Sainte-Flanelle (pour mes lecteurs européens, tous les bébés garçons naissent ici avec une paire de patins de hockey aux pieds et rêvent de jouer pour le Canadien de Montréal), avait demandé à Georges-Hébert Germain (oui, celui qui a écrit entre autres la biographie autorisée de Céline Dion) et François Dompierre de collaborer à un projet un peu fou qui abolirait la ligne de démarcation entre musique de concert et hockey. Ces quelques lignes sont tirées de la préface de Dompierre.

« Qu’on le veuille ou non, le hockey fait partie intégrante de notre patrimoine culturel. Bien avant que nous nous soyons illustrés internationalement dans les domaines du cirque, de la comédie musicale, du cinéma et de la littérature, nos exploits sportifs ont attiré sur nous les regards du monde entier. Nos héros s’appelaient alors Maurice Richard, Jean Béliveau, Guy Lafleur et plus récemment Patrick Roy, Mario Lemieux, Wayne Gretzky. Personne n’osait en ce temps-là nous affronter sur le terrain que nous occupions sans rival, celui de notre sport national.

Quoi qu’il en soit, l’idée de faire écrire une œuvre musicale sur le hockey était à la fois fascinante et audacieuse. Quand Kent Nagano m’a proposé de composer quelque chose sur ce sujet, je dois avouer que j’ai d’abord été perplexe. Le choix de Georges-Hébert Germain comme auteur du texte a achevé de me convaincre.

Il m’est rapidement apparu que la musique que je me proposais d’écrire devait être simple, ludique, descriptive, spontanée, quelquefois lyrique, d’autre fois enjouée. Bref une trame sonore qui rappellerait celles que l’on écrit quelquefois au cinéma, quand la musique devient elle-même un personnage vivant du scénario. »

Les puristes rigolaient en douce depuis des mois mais le grand public, lui, semblait plutôt preneur. J'étais donc plus que curieuse de découvrir cette nouvelle œuvre mixte qui mêlait musique (entre musique classique et musique de film, du Dompierre, quoi), texte porteur et présence sur scène de hockeyeurs légendaires (Henri Richard, Stéphane Quintal, Guy Lafleur...). Calée dans mon sofa (merci Espace musique pour la radiodiffusion en direct!), je me suis donc laissée emporter par cette histoire de jeune garçon qui, comme tant d'autres, rêve de jouer dans « le » Club et de porter le convoité chandail du CH. La musique n'était peut-être pas renversante en elle-même mais s'intégrait parfaitement à l'histoire et plus d'une fois, même à distance, j'ai ressenti des bouffées de nostalgie, de fierté (j'écoutais religieusement le hockey à la télé et à la radio quand j'étais toute jeune... maintenant, je me réserve pour les séries) et je me suis dit que c'était ridicule de bouder son plaisir. Décrocher ses oreilles critiques pour accrocher celles du cœur était la seule chose à faire et, pourquoi pas, au fond? La musique, les mots, restent un moyen privilégié d'expression, des véhicules particulièrement efficaces d'émotions. Et de sentir cette foule fébrile mais parfaitement attentive avait quelque chose de réconfortant pour l'avenir de la musique classique, à mille lieux de l'expérience de concert traditionnelle peut-être, mais peu importe. L'important, c'est ce qui en restera dans les mémoires de ceux qui étaient présents.

Même Claude Gingras s'est laissé attendrir, c'est dire... On peu le lire ici. Également, un autre article sur l'événement, celui-là signé par Martin Croteau.
La photo est de François Roy (La Presse).

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai pu aussi en écouter une partie mais pas au complet. l'ayant pris au mileu, je n'en ai donc pas une idée globale mais ça semblait pas mal. Il faut dire que le hockey chez mes parents, comme dans beaucoup de familles québécoises, c'est sacré (dit la fille qui vient d'offrir un chandail et une brosse à dents des Canadiens à son bébé neveu)! J'imagine que ça va passer en reprise sur Espace musique un moment donné!

Venise a dit…

Le hockey n'évoque aucun souvenir pour moi (est-ce parce que je n'ai pas eu de père ?) mais je trouve l'idée excellente. C'est laisser tomber un genre de frontière entre ce qu'on prétend destiné à l'élite et l'autre au peuple. J'aime que les deux activités soient confondues, parce qu'elles le sont par le coeur. De toutes manières, j'aime tout initiative qui rassemble les gens.

Lucie a dit…

Karine: parfois, les concerts se retrouvent un peu plus tard sur le site de Radio-Canada mais je ne le vois pas pour le moment. Le tout sera repris au Centre Bell en avril 2009, pour fêter le centenaire du Canadien.

Venise: il semble que tout ceci ait été fort rassembleur. Et j'avoue que d'avoir entendu le thème de La soirée du hockey joué en rappel était tout à fait sympathique!