dimanche 4 mai 2008

Montréal, entre McDo et Bilbao

Une entrevue fascinante de Rima Elkouri avec Daniel Gill, urbaniste, aujourd'hui dans La Presse (à lire ici absolument), qui s'interroge sur les choix culturels et architecturaux que Montréal a faits en tant que ville. M. Gill en est arrivé à la conclusion qu'une ville de festivals n'attire en rien les touristes mais que ceux-ci recherchent plutôt une plus-value culturelle, par exemple un musée magnifiquement dessiné, comme le célèbre musée Guggenheim de Bilbao (réalisation de Frank O. Gehry) ou celui de New York (réalisation de Frank Llyod Wright, un musée qui se visite en colimaçon, en suivant l'architecture du lieu). La visite que j'ai fait de celui de Venise (ancien palais de Peggy Guggenheim, rempli d'oeuvres d'artistes importants du 20e siècle) reste l'une des plus marquantes de mes voyages. Les Européens se pressent maintenant à Pittsburg (côté ville sexy, on repassera, vous admettrez), pour visiter leur (semble-t-il) magnifique musée. Bilbao quant à elle a repris vie grâce à son musée. (On peut faire une visite virtuelle des lieux ici.)

Pour avoir passé quatre jours à Philadelphie et New York (et de nombreuses heures dans des musées), je peux vous dire que j'y retournerais sans hésiter. Bien sûr, vous me direz, c'est chiqué, puisque j'ai habité à Philadelphie et que j'ai donc conservé un petit béguin pour la ville. Oui, d'accord, mais pas seulement pour ça. Ce que je préfère de la ville, ce n'est plus tant les souvenirs qui y sont associés (20 ans après, ils sont moins vifs et c'est tout à fait souhaitable) mais la façon dont l'histoire et l'art y cohabitent de façon quasi symbiotique et ce, jamais aux dépends d'un certain « modernisme ». Plusieurs édifices historiques importants se retrouvent à Philadelphie (berceau de l'indépendance, rappelons-le) et on les visite avec un plaisir certain. Mais il y a aussi cette parfaite intégration de l'art contemporain (particulièrement au niveau de la sculpture) dans le paysage de la ville. Au centre-ville, on découvre une statue (historique ou contemporaine) à presque tous les coins de rue. Certaines sont devenues des icônes de style (la Clothes Pin ou le célèbre Love, par exemple), d'autres de kitsch (la statue de Rocky Balboa, à quelques pas du Philadelphia Museum of Art), d'autres de pure beauté (Philadelphie possède le deuxième plus grand Musée Rodin au monde, après celui de Paris!). Pouvons-nous en dire autant du centre-ville montréalais? Oui, c'est vrai, Lachine possède son jardin de sculptures (que j'irai visiter sous peu) en bordure du canal mais, pour attirer les touristes, c'est un peu loin du centre, tout de même (même pour attirer les Montréalais). Sommes-nous prêts en tant que société à privilégier l'art qui dure aux plaisirs éphémères d'une place des festivals bondée? Il est temps de se poser la question...

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