dimanche 29 janvier 2012

De la vitalité de la scène contemporaine montréalaise (1/2)

Deux soirs de suite, deux quatuors montréalais engagés, deux programmes n'ayant que peu en commun, hormis de mettre en lumière la musique contemporaine d'ici.

Jeudi, la SMCQ avait comme invité le Quatuor Molinari, qui nous présentait « Quatre par quatre », quatre lectures de quatuors à cordes d'ici, tous écrits pour le Molinari entre 1998 et 2007, ce qui a permis aux interprètes de retrouver des œuvres, de les approfondir, de les mener ailleurs, avec ce sérieux et cette maîtrise assumée dont fait toujours preuve le quatuor.

La soirée s'ouvrait par Como in un film di... de Silvio Palmieri, peut-être la partition la plus atmosphérique entendue, mais qui laissait une impression de n'effleurer que la surface du propos, la coda relevant plus de la surprise que du prolongement naturel. Créé la même année (2007), Fonctions vitales de Nicolas Gilbert proposait une transposition musicale de la respiration (particulièrement organique), de la circulation (bouillonnement habilement rendu) et de la conscience, un collage étourdissant dans lequel le compositeur a tissé une centaine de citations de quatuors, en un hommage aux compositeurs d'hier (de Haydn à Ravel) et à des interprètes qui, même s'ils se consacrent à la musique d'aujourd'hui, ne peuvent bien évidemment renier leurs racines. Blanc dominant d'Ana Sokolovic, compositrice vedette de la série hommage 2011-12, s'est révélée une œuvre dense, aux contours bien définis, hommage aux toiles du peintre qui a donné son nom au quatuor, et comprenait plusieurs  trouvailles astucieuses, tant au niveau des textures que de l'opposition entre verticalité et horizontalité.

La deuxième partie du concert était entièrement consacrée à Le grand méridien de Walter Boudreau, relecture d'une page d'abord commise en 1998 pour un documentaire de Marie Décary qui retraçait le parcours Roland Brener et Michel Goulet à la Biennale de Venise. D'esprit baroque (car inspirée d'un motet du compositeur Tomas Luis de Victoria) mais ancrée dans le 21e siècle, l’œuvre est bien plus qu'un détournement d'unissons et d'introductions maîtrisées de dissonances. Elle rejoint l'auditeur, le mène dans une série de questionnements sur les métissages musicaux, mais surtout touche par sa réelle beauté. On sort du concert avec l'impression d'avoir été mis en face d'une œuvre assurée, assumée, qui se laisse découvrir encore plus à chaque lecture. (Le début de la partition peut être lue ici...)

Je vous parle demain de la création de Thomas devant la fontaine éteinte de Nicolas Gilbert

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