dimanche 15 janvier 2012

L'amour au cinéma

Tous ne l’admettront peut-être pas mais, à un moment ou un autre, parfois avec un plaisir coupable, parfois de façon totalement assumée, nous avons cédé aux charmes de la comédie romantique. Qu’elle soit grinçante ou relève du conte de fées importe peu, elle nous permet de décrocher d’un quotidien qui nous étouffe ou de croire une seconde qu’amour peut rimer avec toujours. Dans L'amour au cinéma, premier recueil de nouvelles, Eveline Mailhot fait voler en éclats, avec un apparent malin plaisir, les poncifs du genre, en nous proposant des personnages d’une confondante banalité qui, au fil de scènes, sous des cadrages  et points de vue narratifs divers, révèlent leur densité.

Ainsi, « Le mari abandonné » devient de plus en plus troublé – et troublant – au fil des pages alors que le nymphomane de la deuxième nouvelle  se voit emporté par une spirale descendante frisant le pathétisme. Les héroïnes de « Le charme d’Agnès » et de l’éponyme « L’amour au cinéma » s’apprivoisent comme deux facettes d’un même prisme. « Face à la mer », premier de deux récits de vacances, d’une maîtrise remarquable, non dépourvu d’une certaine tendresse, s’inscrit en opposition totale avec  « Les joueurs fatigués », blasés, insipides, presque insupportables. « Après la course » me laisse encore perplexe. Quel lien le blessé entretient-il en réalité avec la sœur de son amoureuse?  Après lecture, impossible de trancher. La vie n’est-elle pas au fond une série de flous assumés et de fondus enchaînés? « Une petite partie de l’histoire de Freddy », dernière nouvelle, peut-être la plus achevée du recueil, nous offre un souvenir d’enfance,  touchant et douloureux, sombre et lumineux, dans lequel les livres jouent un rôle essentiel, tout comme l’apprentissage des codes de l’amitié.

Une plume à surveiller.


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