« Privé de mon poison, mon corps est devenu un lieu étrange où je dois tout réapprendre. »Même s'il possède une qualité inhérente d'universalité (nous connaissons tous quelqu'un qui a dû combattre, avec plus ou moins de succès, la tentation de l'alcool ou d'autres substances), ce récit aurait facilement pu devenir misérabiliste ou une série de lieux communs. Avec une grande adresse, Pierre Raphaël Pelletier a su éviter l'écueil et nous propose plutôt une ode aux petites beautés du quotidien: marches dans la ville, visites au musée, rencontres avec des amis, conversations au café.
« Autant de cafés, autant de petites histoires s’écrivent et prospèrent au gré des conversations jouissives, vagabondes, vacillantes, passagères, engageantes, laissées pour compte autour d’une table que l’on quitte à la hâte, de peur de s’y laisser prendre. »En admettant qu'il livre un combat contre le récit qu'il est en train d'écrire, qui semble vouloir lui échapper, dont il cherche à raffermir la forme, il aborde une réflexion sur l'écriture et le geste créateur dans son ensemble.
« L’écriture ne m’est pas plus facile. Ne s’écrit plus rien qui n’est passé au tamis du doute, ce qui m’astreint à un travail sans cesse à refaire. »
Dans une langue toujours travaillée mais jamais ampoulée, Pelletier se raconte, certes. Pourtant, le lecteur n'endosse jamais le rôle du voyeur. Il devient tour à tour témoin, confident, interlocuteur, conscient que tout ce qu'il accepte en même temps d'être berné, que le périple se révèle au fond plus grand que la somme de ses parts. Après tout, « les fictions sont les ruses d’une réalité qui se raconte. Les mots qu’elles nous insufflent sont de véritables puits de lumière. »
2 commentaires:
Très belles les citations. Il ne te surprendra pas de savoir que tous les romans dont le mot «café» apparaît dans le titre me titillent passablement.
J'ai tout à fait pensé à toi en lisant le titre et le livre. Je te le garde... en échange du Coetze?
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