Ma bibliothèque offre depuis quelque temps un espace BD distinct à l'étage des nouveautés, une bien belle idée pour découvrir des romans graphiques notamment. Julie Delporte offre avec ce Journal (disponible en version anglaise chez Koyama Press, en français chez L'agrume) un objet étonnant, d'apparence bricolée (on voit même certaines des marques d'autoadhésif utilisé), dépouillée (quelques mots tout au plus par page), pourtant d'une grande puissance.
La narratrice se sert de ce journal graphique, réalisé au crayon de couleur (ce qui donne une fausse apparence de dessin enfantin, alors que le geste est assurément maîtrisé), pour mettre derrière elle une relation amoureuse. Au fil des pages, elle mentionnera de moins en moins souvent V, les entrées seront plus espacées, signes d'une convalescence assumée si évidemment pas toujours aisée, qui mènera notamment l'auteure de Montréal au Vermont, alors qu'elle complète une résidence d'écriture.
On a lu des centaines de déclinaisons d'histoires de rupture, bien sûr. Pourtant, celle-là, par sa forme même, sort des sentiers battus, nous permet d'apprivoiser autrement le propos, de comprendre aussi combien une expérience malheureuse peut servir de levier à un projet créateur cohérent, le personnel ici devenant universel, le je de l'auteure se démultipliant en un essentiel nous.
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