Côté BD, trois styles tout à fait différents. My Depression d'Elizabeth Swados (auteure encensée sur Broadway) n'est en rien sombre et glauque, malgré ses dessins en noir et blanc. L'auteure revient sur une de ses chutes, avec tendresse, humour, de façon rassembleuse. On sourit souvent et on retient certaines choses pour mieux soutenir un ami la prochaine fois.
Belle découverte que celle de Minimax, charmant personnage de François Donatien, musicienne dans un groupe punk-rock le soir, à la maîtrise le jour, fan de vinyles. On s'attache en quelques secondes à l'échevelée aux grosses lunettes carrées et apprécie le trait de crayon alerte.
Autre palette entièrement pour Love in Vain, qui se veut une biographie en noir et très peu de blanc de la vie du bluesman Robert Johnson. On se perd dans la contemplation des dessins (presque des eaux-fortes), en apprend plus sur la vie du musicien, referme le livre avec l'envie de l'écouter (surtout qu'un songbook a été intégré à la fin, avec traductions mêmes pour les moins fluides dans la langue de Shakespeare). Un très bel album!
Si j'ai négligé depuis quelques semaines les salles de théâtre, cela ne m'a pas coupé l'envie d'en lire: trois voix qui ont fait leur preuve, dans des registres très différents. Je n'aurais jamais pensé à Michel Marc Bouchard comme à un auteur léger. Les papillons de nuit relève assurément du théâtre d'été, avec multiplication des quiproquos et portes qui claquent (ou presque, la mère ayant décidé de cirer le plancher du chalet loué, ce qui force tout le monde à rester dehors, de la fille policière aux frères échappés de prison et à l'entomologiste homosexuel). Cul sec de François Archambault se veut un portrait sans concession d'une certaine jeunesse désabusée, à travers l'histoire de trois amis dans la mi-vingtaine partis pour une moyenne soirée de brosse. Finiront-ils par se réveiller avant qu'il ne soit trop tard? L'alcool coule aussi à flots dans Oublier de Marie Laberge, une de ses pièces les plus montées. Quatre sœurs, la maison familiale: un huis-clos étouffant (l'ombre de la mère atteinte d'Alzheimer plane sur toute la pièce), comme on le voit souvent au théâtre, mais rendu avec beaucoup d'habilité. De quoi regretter Marie Laberge la dramaturge...
Je me suis finalement plongée dans L'amour est une île de Claudie Gallay qui se passe au Festival d'Avignon, cet été fatidique ou les grèves d'intermittents avaient paralysé l'événement. On y suit Odon, propriétaire d'un petit théâtre, qui n'a jamais réussi à oublier Mathilde, devenue vedette de la scène, les comédiens de sa troupe, l'attachante Isabelle qui a vu passer tous les grands chez elle, sans oublier Marie, la sœur de cet auteur mort quelques jours après avoir envoyé son manuscrit, dont on monte enfin une pièce. Là aussi, on étouffe, autant sous la chaleur que sous le poids des secrets, l'écheveau se dénouant habilement jusqu'au punch final.
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