vendredi 18 mai 2007

Faire surface après l'horreur

Vous ne serez pas surpris: après avoir complété la lecture des Bienveillantes, j'ai ressenti le besoin d'aborder un genre plus léger, plus accessible, plus digeste. Je me suis d'abord lancée dans la lecture du dernier livre d'Élizabeth Filion (celle qui dirigeait ce « fameux » atelier d'écriture auquel j'ai assisté), De la part de Laura. Dévoré en 24 heures à peine (j'ose à peine tenter de comptabiliser le nombre d'heures investies – j'ai failli écrire perdues mais ce serait franchement beaucoup trop fort – dans la lecture des fameuses Bienveillantes), la lecture de cet opus fut une véritable brise de fraîcheur et ce, en dépit du sujet en apparence lourd. Une mère se meurt et son fils passe les dernières heures de sa vie à l'hôpital à ouvrir un étrange paquet, « testament » mais surtout témoignage d'amour d'une mère atypique, actrice, militante, adulée, difficile à saisir pour son fils. Le ton se veut léger, décapant à l'occasion mais surtout terriblement efficace (peu de phrases que l'on souhaite méditer mais de fort jolis enchaînements). « Toutes ces nuits à écrire de la musique. Lui à se révolter sur des portées, moi à m'insurger dans mes cahiers. Tous les deux à écrire. À se composer. » Avec le fils, on revit les 30 dernières années de notre histoire (Laura écrit à son enfant 30 lettres au fil des ans, pour fêter ses 30 ans) et, mine de rien, on se revoit à ces moments-là et on s'interroge sur les événements importants de nos vies (L'assassinat de John Lennon reste certes un moment marquant de mon adolescence.). Un portrait attachant de cette Laura, combattante, prête à tout pour trouver sa voie.
Autre relation filiale, celle relatée dans Horowitz et mon père. Cette fois, on aborde plutôt le lien père-fils et on revit la grande Histoire à travers la petite, celle qui, peut-être, au bout du compte, est la plus signifiante. Deux pianistes, Horowitz (Gorovitz, surnommé « feuille de chou ») et Dimitri, deux parcours aux antipodes (l'un super-vedette, l'autre pianiste amateur de haut niveau) mais surtout une galerie de portraits attachants des membres d'une famille russe émigrée en apparence extravagante (la grand-mère, très « vieille Russie », est particulièrement truculente).
Aussi aérien qu'une crème chantilly mais aussi épicé qu'un savoureux cari, Rentrée littéraire de Christine Arnothy nous plonge dans un univers à mi-chemin entre les films d'Hitchcock et la haute satire. Le milieu littéraire français est disséqué, ridiculisé (on est vraiment prêt à tout pour un Goncourt!) mais on s'attache aux personnages typés (quasi des archétypes), même au « méchant de service », l'éditeur Éberlé. La dédicace est limpide: « À tous ceux qui veulent écrire et publier un roman et surtout à ceux qui ne s'y aventurent pas. » Je ne verrai plus jamais l'avalanche de nouveautés françaises de septembre sous le même oeil. Un plaisir coupable mais foncièrement jouissif!

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