Des entrevues enfilées pendant deux jours, sur un sujet commun ou presque. D'un côté, les purs, les amants du répertoire, ceux qui, malgré un climat économique parfois peu réjouissant, continuent d'y croire et s'abonnent, histoire d'entendre 5, 10 ou même 20 concerts dans leur saison musicale. De l'autre, de jeunes musiciens chevronnés, qui essaient de renouveler l'expérience du concert sans la défigurer. (Oui, je sais, on dirait que j'ai volontairement employé un oxymore avec « jeunes » et « chevronnés » mais, à 30 ans, je pense qu'on peut être de plain-pied dans les deux catégories.)
J'avoue avoir été fascinée par certaines de ces témoignages d'amour entendus. Je me suis ainsi entretenue avec un acteur salué par ses pairs, la critique et le public, qui admet assister à au moins une vingtaine de concerts chaque année, parfois seul, parfois avec un proche. Il y a eu aussi ce juge à la retraite qui continue depuis plus de 45 ans de soutenir un orchestre. J'ai rencontré des gens « ordinaires » qui font le choix conscient de sortir au concert une dizaine de fois par année, malgré la gestion du quotidien. J'ai aussi parlé à une dame à l'âge vénérable (mais on tait l'âge des dames, n'est-ce pas?) qui a entendu l'OSM pour la première fois... en 1938, lors d'une Matinée jeunesse dirigée par Wilfrid Pelletier, et qui continue de sortir au concert régulièrement.
Moi qui suis devenue légèrement blasée par l'expérience de concert - et c'est bien dommage d'une certaine façon -, j'ai été renversée par la conviction avec laquelle ces mélomanes croyaient en la vitalité de la musique classique, qu'ils évoquent Chostakovitch, Prokofiev, Berlioz ou Mozart. Je me suis dit que, si elle ne fait peut-être pas courir les foules, elle continue de convaincre, d'interpeller, de remuer, de faire pleurer, de susciter le fou rire...
En cette période de globalisation et de dématérialisation du support, la voie pour un jeune musicien d'accéder au sommet reste semée d'embuches. Il ne suffit plus d'avoir gagné un concours ou d'être endossé par une multinationale du disque. Il faut se renouveler, multiplier les contacts, susciter les occasions d'aller chercher un nouveau public, le convaincre de revenir en salle... mais il semble bien que le jeu en vaille encore la chandelle!
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