jeudi 18 août 2011

Remettre en perspective

« Mais l’adolescent devient adulte. Les doigts des interprètes lui montrent la lune romantique, et de plus en plus souvent, il regarde les doigts. Il acquiert, avec la science de l’interprétation, le vice de la critique : ne plus lire le message, détailler le messager. Sans doute, l’adolescente se trompe : ce Chopin qui le saisissait d’angoisse joyeuse, ce n’était pas Chopin seulement, c’était aussi Arthur Rubinstein ou Dinu Lipatti. Mais nous nous trompons aussi, nous autres vieilles punaises de concerts, vieux rats de festivals : si prodigieux, si scandaleux que cela nous paraisse, l’œuvre préexiste à l’interprète; elle est pour lui, à tous les sens du terme, un moyen d’existence. » 

Etienne Barilier, Piano chinois

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