jeudi 27 mai 2010

Autofiction?

« Non, c'est notre métier de raconter la vie des gens, privée ou pas. On ne doit jamais se censurer, sinon, autant arrêter tout de suite ce livre. S'il avait fallu se taire, je n'aurais jamais écrit mes romans. Tu sais les libertés que j'ai prises avec eux. Tout est vrai dans mes livres. La fiction n'est que dans l'assemblage. Elle colle ensemble les morceaux de réel hétéroclites que je trouve autour de moi. Elle leur donne une cohérence, elle les tient ensemble, c'est tout.

Personne ne peut nous interdire d'écrire, personne, pas même nous. Quand nous racontons, nous n'écrivons plus l'histoire des autres, mais l'histoire des autres à travers nous, notre corps, nos sensations et nos mots. Lorsque des lecteurs voient dans nos livres une trahison, nous n'avons fait que notre travail. Nous sommes des avaleurs d'histoires, nous les mâchons, et nous les écrivons. »  

Emmanuelle Pagano, L'absence d'oiseaux d'eau, p. 57-58

3 commentaires:

Adrienne a dit…

j'ai l'impression que je devrais lire ce livre-là aussi...
ce que vous dites sur Sophie Calle est très vrai, je suis allée voir son expo à Bruxelles et j'y suis retournée une deuxième fois tellement j'étais "chez moi" dans ses tentatives de mettre de l'ordre dans un vécu douloureux

Lucie a dit…

Il y a beaucoup de très belles choses dans ce texte, malgré les (minimes) réserves exprimées.

Je suis retournée moi aussi deux fois voir l'expo de Calle quand elle est passée ici (Prenez soin de vous), il y a quelque chose d'à la fois ludique et douloureux dans son approche. Dans le livre, c'est un peu ça, la distanciation en moins.

Claudio Pinto a dit…

Très beau vers de M. Lauzon.
Suffisant pour vouloir jeter un coup d'oeil plus approfondi au livre.