vendredi 7 mai 2010

Faire éclater les frontières entre les genres

J'aime quand j'assiste à un événement et que tout peut arriver. Lors de la première de deux représentations des Aventures de Madame Merveille hier soir, on sentait l'effervescence dans l'air. Avant le spectacle, tous ceux présents s'interrogeaient sur la pertinence de la démarche et essayaient de définir à quoi ce ce produit hybride pourrait ressembler. Bien sûr, j'étais sans doute un peu plus préparée que la moyenne, ayant parlé au compositeur André Ristic, à la librettiste Cecil Castellucci et à la chef Véronique Lacroix. J'avais aussi eu le privilège de pouvoir apprécier certains des planches projetées, d'entendre quelques extraits musicaux. Je ne plongeais donc pas totalement en monde inconnu.

Pourtant, en moins de cinq minutes, j'étais redevenue une enfant qui feuillette un album de bande dessinée, par un après-midi paresseux, tout à fait comme l'avaient rêvé les concepteurs de l'événement. Les quatre histoires sans lien apparent contenaient néanmoins quelques clins d'œil savoureux (le quatrième segment nous explique la naissance de Madame Merveille et dans le troisième, François peut contempler une des bandes dessinées de la super-héroïne en vitrine). Comme lorsqu'on prend un album un peu au hasard, on peut se sentir plus ou moins happé par une esthétique. J'aurais ainsi avalé plusieurs tomes des aventures de la super-héroïne et ai savouré avec un plaisir presque coupable les déchirements de Catherine, qui hésitent entre les deux hommes de sa vie mais admets être un peu moins portée sur les histoires apocalyptiques. Pourtant, la soirée a passé à la vitesse de l'éclair (serait-ce un coup des ennemis du Dr Klexx?). La force de cette production hybride réside essentiellement dans l'achèvement de la trame musicale d'André Ristic qui signe ici son premier opéra et qui, à travers citations, exagérations, échantillonnage, une rythmique presque viscérale, une instrumentation efficace (servie avec beaucoup de professionnalisme par les musiciens de l'ECM+ et leur chef Véronique Lacroix) et une façon très ludique de traiter la voix (chapeau aux quatre interprètes!) nous emporte entièrement.

Un seul regret peut-être: le fait que cet opéra-BD ne sera présenté qu'à deux reprises. Je verrais bien une telle production, accessible aussi bien aux puristes qu'aux enfants (tous ceux présents hier sont sortis avec le sourire), faire une tournée des maisons de la culture par exemple. Avis aux intéressés!

Ce soir, place encore une fois à la créativité, alors que j'assisterai à la Soirée des tortues, le Festival arts, lettres et communications du Collège Brébeuf. Je vous laisse sur les images de la dernière édition.

1 commentaire:

Claudio Pinto a dit…

"Après seulement, s'ils veulent, ils peuvent dire : Janina a très bien joué !"

Voilà ce qu'on appelle servir la musique et ne pas s'en servir.